Bad news (les vich)

La nouvelle est tombée. Le paternel, que tu as réussi à faire sortir de prison le temps de passer des examens, n'est pas venu pour rien. Le verdict n'est pas bon. Très loin de l'être, même. Le paternel est en rendez-vous avec son spécialiste désormais, accompagné par ses agents pénitentiaire. Toi, t'as besoin de prendre l'air. La sensation de suffoquer à l'intérieur. Dose de nicotine qui remplit les poumons en attendant ton petit frère. Retenir les larmes et les tremblements. Comment lui dire ?

Dans les bras d’Anders a larvé. Homme changé apres une nuit marquant un tournant de ma Vie. J’étais quand meme allé voir mon pere pour lui offrir des bonbons et du gateau. Sortir énervé parce qu’il se négligeait. Appeler la frangine pour lui demander d’agir. Efficace. Admis a l’hôpital. Mais ca puait. Entre deux, retourner au QG choper des baisers. Lire un message de la frangine, partir en trombe. Arriver devant l’hôpital. Y découvrir une soeur blanche. « Qu’est-ce qu’il y a ? »

Ne pas réussir si bien à cacher les émotions sur ton visage. Baisser les yeux. « Heureusement que tu m'as poussée à le faire sortir. » Écraser le mégot sous la semelle. « Cancer du sang en phase terminale. Il lui reste peu de temps. » Agir en adulte responsable et prendre ton petit frère dans tes bras. « J'suis désolée, Novel. »

Je .. Quoi ? La repousser dans un premier temps .. Comment ça terminal ? C'est pas soignable ? Peu de temps .. Avant quoi ? Je .. Je veux pas rire là Tov' .. Je .. Je passe une main sur ma nuque. Les mots ne font pas sens dans ma tête. Les mains tremblent. Les yeux s'emplissent de larmes. Non non .. Non. Tirer la tignasse. Et ça fait mouche dans la tête. Phase terminale. Je veux pas .. On doit voyager. Poser ma tête sur l'épaule de la frangine, éclater en sanglots. C'est pas possible .. Tu dois le sauver Tova. C'est pas possible. C'est pas possible. Doit .. Doit avoir un traitement .. Je peux pas .. Je veux pas .. Fais quelque chose. Se redresser et se diriger vers l'hôpital. Ils vont m'entendre ces grosses merdes, je vais en buter un ! Ces incapables de mort là.

Tu sais pas mettre les formes. Mais en même temps, tu te dis que tergiverser ne fait qu'empirer les choses. Le laisser te pousser, le laisser partir dans tous les sens dans sa tête. « Incurable. Peu de temps avant de lui dire adieu. J'ai pas envie de rire, Novi. Vraiment pas. » Rester digne, pour lui. Parce que partir dans tous les sens à deux peut s'avérer dangereux. Serrer les dents et retenir la tristesse qui veut sortir. « J'lui avais promis de le sortir de prison mais j'voulais pas que ce soit comme ça... » que tu souffles avant de le serrer contre toi et laisser les larmes s'échapper au creux de son épaule. « J'aimerais pouvoir le sauver.. mais j'suis pas médecin. Ils veulent tenter une chimiothérapie, mais le choix lui revient d'accepter ou non. » Le sentir partir et le retenir. « Novel, arrête ! C'est pas de leur faute si papa est malade ! Ils veulent l'aider à gagner du temps, alors tu restes là ! »

La pousser pour la detacher de moi. L’enfant colerique de sept refait surface. Celui qui se laisse guider par sa haine. « C’est la faute a qui Tova ? Entre la prison qui n’a rien fait ? Papa qui va dire non ? Les médecins qui vont nous faire croire que c’est fini ? LA FAUTE A QUI ?! » Le souffle perd en régularité. Les poings se serrent. « Des gens doivent payer » Voix froide voulant justice. « Quitte a perdre mon pere, il partira pas seul. » Elle lache pas pourtant, prête a se faire ecraser. Enserrer la taille, comme appris dans divers ateliers pour apprendre a me calmer. Et notre différence de taille n’y change rien. Elle bouge pas. Ca me met hors de moi. La contourner mais rien y fait. « Laisse moi passer Tova » Je veux pas lui faire mal. Mais putain qu’elle est buter. Lever le poing. Et m’arreter net. Choqué. Je recule aussitot. « Pardon pardon pardon » Frapper un mur et hurler. L’impuissance. S’affaler a meme le sol. Et pleurer encore.

Les mauvaises périodes refont surface chez ton frère. La colère qui prend pleine possession de ses émotions, la perte de contrôle. Mais tu n'as pas peur, parce qu'on t'a appris à faire en sorte de le canaliser quand il était gosse. Réflexe jamais oublié, toujours ancré dans l'esprit au cas où, comme aujourd'hui. « J'en sais rien à qui la faute ! J'EN SAIS RIEN, OKAY ? » La faute de la vie, la faute de la prison, la faute à son mode de vie là-bas, la faute à pas de chance ? C'est pas comme si les signaux précurseurs de ce cancer avait toqué à vos portes un jour en disant « Salut, j'suis le cancer, j'suis là parce que la vie en taule c'est d'la merde alors j'me suis insinué lentement dans le corps de votre paternel. » ou une autre raison. Pourtant, il est là, omniprésent, en train de le tuer lentement, depuis tu ne sais quand. « Tuer quelqu'un changera pas les choses. Ca le sauvera pas. » Ne pas lâcher, en aucun cas. Même lorsqu'il lève le poing pour te frapper. Et c'est qu'une fois qu'il se rend compte de son geste que tu relâches la pression opérée sur lui. Sans un mot. Le regarder, impuissante. C'est une fois qu'il est au sol que tu t'approches à nouveau de lui, faire comme votre mère faisait lorsque ses crises s'arrêtait. Passer derrière lui, te mettre à sa hauteur et le serrer fort contre toi pour le bercer. « Je suis là. Je suis là.. » Pleurer encore, silencieusement.