thunderous (w/pia)

t'as le pied un peu lourd sur l'accélérateur. tu t'es précipité pour quitter le centre d'escalade, laissant dave s'occuper de la fermeture et du dernier cours de blocs que tu devais donner en fin de soirée. il y avait plus urgent que de faire le singe dans les airs. quelques feux rouges grillés, une bouteille de rouge à quelques centaines de dollars dans une main, une bouteille de vodka à quelques maigres dollars dans l'autre, t'arrives chez pia en moins de trente minutes, inquiet des propos alcoolisés et de sa détresse évidente qui transparaissait dans ses derniers messages. tu t'annonces d'un coup sur la porte, avant de tenter au hasard de tourner la poignée, qui s'ouvre aussitôt. stp, à l'avenir, verrouille ta porte. j'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose. elle est époustouflante, dans sa robe satinée, aux épaules dénudées. mais c'pas le sujet, c'est pas le temps de divaguer vers à quel point elle est belle, pia.

@Pia Sondheim

révisions terminées, elle allait se poser devant la télévision quand elle est retombée sur le dossier contenant toutes ses découvertes des derniers mois sur son adoption, et elle a vrillé pia, comme une crise d'angoisse en soit, elle s'est sentit enfermée dans son propre corps et ça allait pas. elle s'est mise à pleurer, des flots de larmes, ça se calmait pas, alors elle a chopé la première bouteille de vin qu'elle a trouvé dans sa cuisine, un truc médiocre au goût de vinasse dégueulasse, elle a enfilé sa plus belle robe et elle a commencé à descendre la boisson, toujours en ayant des chaudes larmes qui perlaient sur ses joues. elle était à bout pia, et elle avait besoin de parler, alors elle a chopé son téléphone et la seule personne à qui elle voulait en parler c'était ryke. ce secret lui pèse tellement lourd, sur les épaules, sur le coeur, sur le corps et enfin la bombe est lâché, il est gardien de son secret à partir de maintenant. inquiet de l'état de pia, ryke est maintenant dans l'appart de la jeune femme. "j'ai ouvert pour toi, comme je savais que t'arrivais, je suis pas folle..." qu'elle lui répond les yeux embués de larmes. elle ose pas le regarder, parce qu'elle a honte de l'état dans lequel elle s'est mise.  

si la revoir avait tôt fait de remonter son lot de souvenirs, l'innocente nostalgie se heurtait parfois au détour d'une attirance nouvelle, qu'il étouffait à coup de douches froides et de séances de sports intensives. c'était un moment à passer, sûrement l'effet de surprise, les retrouvailles entre deux enfants devenus grands, l'innocence étouffée à coups de remarques emplies de sous-entendus et qui pourtant, susurraient l'interdit. voir pia dans cet état, lui rappelait toutes ces fois où elle débarquait en trombe chez lui, alors qu'il vivait encore chez sa mère, parce que les filles du lycée avaient lancé une énième rumeur des plus odieuses à son sujet et que pia broyait du noir sur son épaule. là, c'était pas bien loin de se rapprocher de ces souvenirs, quand il voyait dans ses yeux la détresse qu'il avait pu déceler à travers ses messages. t'as pas besoin de faire la dure à cuire, pia, qu'il avait envie de lui dire, mais ce sont plutôt ses bras qui s'ouvrent pour l'accueillir. viens là, p'tite.

@Pia Sondheim

pia elle fait toujours en sorte de ne pas montrer ses faiblesses, parce que dans le passé les gens ont joués de ça pour lui faire du mal, alors elle s'est construite une carapace, mais ce soir devant ryke elle se montrait plus vulnérable que jamais. elle le voit du coin de l'oeil ouvrir ses bras, l'invitant à un câlin dont elle avait grandement besoin, et sans rien dire de plus la brune vient se blottir contre lui, laissant les quelques larmes bloquées dans ses yeux finalement couler. "je vais salir ton haut avec mon mascara qui coule..." qu'elle s'inquiète. elle est bien contre lui et elle pourrait y rester des heures. pia s'est toujours sentie en sécurité dans ses bras, les soirs d'orages quand elle était ado, quand elle passait des mauvaises journées au lycée et que ça allait pas, quand elle avait un chagrin d'amour, c'était la personne avec qui elle se sentait le mieux. elle se décrocha finalement de cette étreinte agréable, "merci d'être venu...vient on va se poser sur le canapé." qu'elle lui proposa, de toute manière ils n'allaient pas rester debout tout le reste de la soirée.

j'sais pas si t'as vu, mais mon haut est noir. un rire lui échappe discrètement, contre la chevelure brune qui lui colle aux lèvres. et puis elle avait entendu parler de la lessive, ou c'est comment? ses bras s'étaient refermés sur elle, d'une étreinte qui se voulait rassurante, parce que c'est tout ce qu'il pouvait bien faire, pour l'instant. ryke déposa un baiser sur son front lorsqu'elle lui échappa, pour l'inviter sur le canapé. il reprit les bouteilles qu'il avait déposées et les ouvrit avant de s'asseoir. pick your poison, j'prendrai l'autre. vin ou bière, il avait pas l'habitude de boire, mais il la laisserait pas se détruire l'âme toute seule ce soir. sur la table du salon, se trouvaient des piles de feuilles, un dossier sur lequel avaient séché quelques larmes et dont les traces étaient encore visibles sur le papier.

@Pia Sondheim

pia s'affala sur son canapé et déposa son fidèle plaid sur ses jambes, les frissons marquant sa peau et montrant que toute l'adrénaline de la situation passée redescendait petit à petit. elle laissa un place à ses côtés à ryke et elle vint déposer sa tête sur son épaule tout en attrapant la bouteille de vin qu'il tenait dans une de ses mains. "on partagera, faut pas que je m'en descende une deuxième, je risque de faire n'importe quoi." qu'elle lança dans un petit rire. la brune avait remarqué que le regard du jeune homme s'était furtivement posé sur le tas de feuilles qu'elle avait étalé sur la table basse, une tonne de paperasse qui retraçait toute ses découvertes, les coupures de presses, des papiers administratifs la concernant, bref, tout ce qu'il y avait là c'était son fardeau depuis six mois. "voilà le fameux bordel." qu'elle lui dit avant de prendre une gorgée d'alcool. ryke ne le voyait peut être pas, mais devant eux, c'était toute la vie parfaite de pia qui s'était effondrée en quelques feuilles. "la par exemple, c'est un article de presse de roumanie qui parle de l'affaire." elle se pencha jusqu'à la table, manquant d'ailleurs de tomber du canapé pour lui attraper le fameux article.

j'suis là, si tu fais n'importe quoi. son sourire qu'elle pouvait sans aucun doute déceler dans sa voix, à défaut de ne pouvoir l'apercevoir dans la position où elle se trouvait. sur la table, des papiers, des articles de journaux et des gribouillis. les grands titres recelaient l'histoire tragique d'un bambin qui avait été arrachée à ses parents. pia. une parmi tant d'autres. ouais, c'était un beau bordel. et encore, le mot était bien faible pour décrire l'étendue et la gravité de la chose. comment s'accrocher à la vérité, quand sa vie entière avait été construite sur la base d'un mensonge? accoudé sur ses genoux, il contemplait le drame, les feuilles immobiles et silencieuses prêtes à lui lire le drame d'une vie. de dizaines de vies. celle de pia s'était arrêtée ici, dans les bras du garçon désemparé, une bouteille de vin bien trop dispendieux à la main, des larmes séchées sur les joues. les sondheim avaient toujours été sympa. une chic famille. rien ne laissait présager cette triste farce. eh, oh. qu'il dit, tiré de ses pensées et ramené à la réalité par une pia chambralante, titubante, qui même assise n'avait pas suffisamment d'équilibre pour bien se tenir. ryke l'attira dans le fond du canapé, lui intimant d'y rester, tandis qu'il saisit le papier sur lequel était rédigé l'article de presse en question. la vie en éclats. tout ce qu'elle connaissait venait sans aucun doute de s'effondrer autour d'elle. il se laissa choir, son dos s'abandonnant sur le dossier du canapé, le visage tourné vers elle, qui portait le goulot de la bouteille à sa bouche. ryke la dévisagea, ne sachant que dire. rien ne suffirait, aucun mot, aucune parole ne serait assez sage pour la réconforter. il vint replacer une mèche brune derrière l'oreille de la jeune femme, un soupir s'échappant d'entre ses lèvres, à la suite duquel s'enchaîna un long silence. je peux? demanda-t-il finalement, les doigts tendus vers la bouteille.

@Pia Sondheim

rattrapée de justesse par ryke qui par précaution la ramena jusqu'au fond du canapé, pia le regardait lire un des papiers relatant l'affaire, tout en dégustant le vin à grosse gorgée. elle l'observait du coin de l'oeil, attendant de voir sa réaction et c'est finalement un visage compatissant qui vint faire face à la brune, elle laissa alors apparaître un petit sourire du coin de ses lèvres quand le jeune homme s'occupa d'une de ses mèches de cheveux en pagaille, elle vint aussitôt déposer sa main sur la sienne, besoin de contact, de se raccrocher à celui qui la sécurise. "oui tient." qu'elle dit en lui tendant la bouteille qu'il réclamait, elle l'observait alors, chaque traits de son visage, ce si beau visage qu'elle avait contemplé bon nombre de fois étant adolescente, puis ses yeux se focalisèrent sur ses lèvres, idées inappropriées qui lui traversait l'esprit, l'alcool ne devait pas aider, elle se contenta de mordre sa lèvre inférieure avant de sortir de ses pensées. "c'est vraiment la merde ..." qu'elle balança en pointant d'un signe de tête le dossier éparpillé sur la table. "...et ça m'écoeur tellement." qu'elle continua avec un air de dégoût dans le regard.

tu penses qu'on va m'arracher à toi aussi? de telles paroles qu'il avait enregistrées dans un coin de sa tête et qui lui avaient fait un pincement au coeur. ses yeux marron luisaient de cet éclat qu'avaient laissées derrière elles larmes perdues, ravageant ses joues rougies par le nectar qu'elle avait englouti pour noyer la peine amère d'une histoire tragique. ses doigts quittèrent l'oreille pour s'accrocher à ses doigts. d'ancre à bouée, de preux chevalier à fidèle destrier, il ne la lâcherait pas. pas tout de suite, ni jamais. il l'avait peut-être dit dans le passé, mais les promesses d'un garçon qui n'a pas de vécu n'ont guère de valeur. aujourd'hui, les choses étaient différentes. il était différent. plus calme, plus posé, plus mature, plus réfléchi, plus conscient, aussi. et pourtant, c'est à peine s'il avait remarqué le regard qu'elle lui porta, qu'elle dévia vers ses lèvres, vers la ligne parfaitement dessinée de sa mâchoire, sur laquelle poussaient quelques brins d'une barbe vieille de quelques jours, et qu'il avait la flemme de raser. ça piquait, au toucher. de sa main libre, ryke porta le goulot à ses lèvres, l'engloutissant aussitôt pour vider de quelques gorgées le poison qui s'infiltrait désormais dans ses veines. lui qui ne buvait jamais. il s'éloigna un instant, sans pour autant quitter la main, dont il caressait la paume de son pouce, pour saisir le paquet de feuilles, qu'il envoya valser à l'autre bout de la pièce. hors de sa vue. ton mascara a peut-être coulé, t'as peut-être, les cheveux en bataille, et peut-être même que t'as les joues plus rouges qu'une tomate bien mûre, mais t'es l'une des plus belles femmes que j'connaisse, pia. et même si un sourire taquin venait de naître à la commissure de ses lèvres, il n'avait jamais été aussi sincère. il s'disait que ça lui ferait peut-être du bien, de penser à autre chose qu'à l'imposture sur lesquels reposait sa vie. que saupoudrer le mensonge d'une pincée de vérité, ça n'pouvait qu'être bon, non?

@Pia Sondheim

elle a toujours eu peur de l'abandon pia, voir quelqu'un qu'elle aime lui être arrachée, peut être un sentiment inconscient qui lui rappelait ce qu'il s'était passé alors qu'elle était encore bébé, arrachée à sa mère biologique pour être mise en vente comme du bétail. ryke faisait partit des personnes qu'elle ne voulait absolument pas perdre, encore plus maintenant qu'elle l'avait retrouvé, il a toujours été un pilier pour elle, et malgré le temps où ils se sont perdus de vues, rien n'a changé aujourd'hui. un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'elle sentit le pouce de ryke glisser le long de sa main, les marques d'affection de la sorte se faisait rare et venant de lui c'était encore plus appréciable. elle repartit dans ses pensées, sans doute un brin fatiguée d'avoir pleuré, un regard posé dans le vide jusqu'à ce que le jeune homme envoie balader la tonne de paperasse qui était étalée face à eux. "mais..." seul mot arrivant à sortir de sa bouche tant la surprise était grande. puis vint les mots de ryke, des mots qu'elle avait besoin d'entendre, ce soir en particulier, de la douceur qui lui arrivait droit au coeur, il s'avait y faire, lui redonner un peu de baume au coeur, "t'es con...tu vas me refaire chialer." qu'elle lance avec un rire, puis rapidement son visage redevint sérieux, "tu penses que tout le monde va finir par m'être arraché ?" elle le regarde, petite mine triste collée à son faciès. "tu me laisseras jamais hein ? promets le moi."