TW •• Sweet dreams • Xiver

En un flou gaussien, les doigts de sa main droite se transforment en poing. Cette paume qui s’écrase contre le boisé de la porte de cet appartement, celui dans lequel elle n’est pas venue depuis longtemps. Dans sa cage thoracique, c’est assourdissant. Ca bat trop rapidement. Et une Haiwee endormi dans sa chambre à la Currier, se retourne dans son lit parce que le bâtiment dans lequel se trouve son inconscient, elle le reconnait.

Quelques secondes, et l’image s’en vient à changer. La porte s’ouvre, à la volée, sur la silhouette de celui qui hante ses pensées. Alors elle reprend son souffle, parce que pour venir jusqu’à lui, elle l’a égaré, habituée à courir pour survivre à sa réalité, elle hésite à parler, mais dans un songe les langues sont toujours plus faciles à délier. C’est pour cette raison, peut-être, qu’elle se met à parler. « Tu me manques. » Pas un peu, pas surement. Tu me manques partout. Tout le temps. Tu lui manques depuis ce soir-là. Depuis qu’elle a attendu un message, un signe de toi. Tu lui manques, parce qu’elle a oublié la douceur de tes doigts. Tout en en étant hantée à la fois. « Tu me manques, j’n’y peux rien, c’est comme ça. » Et le croiser, sans arrêt, lors de ces épreuves, ça n’a rien arrangé. Au contraire, le supplice ne fait qu’augmenter.
    
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Cette représentation de lui, le long de ces secondes qui semblent ne pas s’écouler correctement dans le sablier du temps, elle se permet de la détailler, d’en apprécier tous les traits. Il la frôle cette perfection, celle qui ravive sa frustration. Celle qui rassemble la force de ses émotions. Oui, dans son imaginaire, il est tout aussi attirant comme si elle les connaissait par cœur ses coutures. Amoureuse de la moindre partie de sa musculature. Alors qu’elle n’en a pas assez profitée, à l’image de ces volontés qu’elle ne sait plus assumer, auxquelles elle avait cédé de moitié, si bien que cette nuit elle ravive les embruns de cet été.

Et la paume de son Sheng rêvé vient crocheter son bras afin de l’entraîner à l’intérieur. Sa silhouette céleste est accolée contre le mur de son appartement. Son souffle réel est accéléré, tandis que celui du rêve au sien, va se mélanger. Sous le joug de ce regard dont lui seul possède le secret, faute de cette proximité qu’elle a depuis trop longtemps refoulée, ses ongles vont s’enfoncer dans sa nuque. Elle n’a plus sa naturelle hésitation, n’est plus que femme encline à céder à la tentation, elle s’est délestée de ses obligations. Elle est libre, comme elle ne l’a jamais été. Désirable, vulnérable de lui avoir confié ce manque, cet émoi qui grandit en son ventre. Et parce qu’elle en a besoin afin de pouvoir céder à ses désirs libertins, elle quémande « A toi aussi ? » Mais cette Haiwee là n’attend pas de commentaire, va baiser ses lèvres comme jamais elle n’a eu l’occasion de le faire.
    
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Dans ce songe, elle est armée d’une assurance, d’un besoin maladif de ployer face à lui et de l’apprécier avec véhémence. Dans sa cage thoracique, ça tambourine, sans aucune tempérance. Crescendo qui ne désaugmente pas, bien au contraire, parce que la vérité est telle que dans le monde réel aussi, ça bat. La Haiwee astrale se perd à la langueur de leurs baisers, cette fièvre qui pénètre son corps tout entier, à la faveur du libertin qui se trouve dans ses volontés. Alors qu’il s’arrête dans cette danse, penché sur elle, et la paume de l’amérindienne suit le chemin du col de son t-shirt, ses phalanges s’y harponnent, et lui prononce ces mots auxquels elle a envie de répondre encore, " Plus que tu ne le crois. " C’est, évidemment, ce qu’elle voulait entendre. Avec ce ton, celui de sa voix, elle le reconnaît, du moins, elle le croit, il est presque semblable, à s’y méprendre. Couplé à l’étincelle dans son regard, celle qui prouve que Sheng ne laisse jamais rien au hasard. Et l’embrasser à nouveau pour renforcer les émotions qui l’assaillent cette nuit, ce soir.
Et peut-être que c’est trop réel, trop vrai, un schéma dont on ne veut être extirpé. Dans ses draps, elle se débat, froisse le tissu, aveuglément elle l’accroche de ses doigts. Elle exulte un soupir, tandis que sa jumelle fait de même. Paumée dans l’érotisme de ce rêve, elle s’accorde cette trêve, elle retourne s’épancher à ses lèvres. Mesure sa ferveur, et termine ce mouvement lascif par le fait de mordre son inférieure. « Viens… » Alors cette dictatrice qui s’incline à la force de ces délices, qui récupère la paume de cet amant inavoué, contre le mur, plaquée, pour, à la sienne, l’entrelacer. Le guider, décider. Dans ses rêves, Haiwee, elle prend les devants, et l’homme qui la hante, elle le force à prendre place sur le divan.
    
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