link & the big bad wolf (jess)

Alors que Wendy se perd dans l’hôtel pour une partie de Ouija, je reste à la soirée, analysant les costumes des uns et des autres à la recherche d’une tête connue. C’est bien plus difficile que ça en a l’air, avec tous ces visages masqués. Mes pas me guident vers le bar où je prends un verre dans lequel flotte un faux œil qui me décroche une grimace. Un peu gluant, mais appétissant ? J’ose à tremper mes lèvres dans le liquide âcre et en boit une première gorgée, me rappelant d’y aller doucement sur l’alcool ce soir puisque ma cavalière à une politique un peu tranchante à ce sujet. Enfin, mon regard tombe sur une silhouette que je reconnais et un sourire se dessine derrière mon masque de loup alors que je me fraie un chemin pour rejoindre Jess. Une main sur son épaule lorsque j’arrive à sa hauteur, c’est un ​​« Ahouuuu. » que je lui sers en guise de bonsoir, imitant de manière assez pathétique le hurlement de l’animal que je suis censé être, ce soir. J’ôte ma fausse gueule un instant, gardant celle-ci comme un bonnet sur le dessus de ma tête, pour lui révéler mon identité et profite de ce moment pour boire une nouvelle gorgée. Du rhum, je crois. « Ça va mon petit… elfe ? » Je demande en détaillant son déguisement, sans me départir de mon sourire. Peut-être qu’il s’agit de Robin-des-bois ? Peter Pan ? Aucune idée. Il est vert, c'est tout ce que je peux dire pour sur. « Ta cavalière t’a lâchement abandonné, toi aussi, ou t’es venu seul ? » Et j’ai une fausse moue, de cet homme triste et abandonné à son propre sort pendant que madame décide de jouer avec les esprits. Ridicule, lorsqu’elle aurait pu jouer avec moi, mais ça me permet aussi de croiser quelques potes à la soirée.
@Jessie Grimaldi

ft @Roman H.-Abbott

J'me demande encore ce que je fais là. Je serais pas mieux, chez moi, dans mon lit, devant un film un peu nul avec un un peu de pop-corn et une sonnette trop bruyante ? Je serais pas mieux loin de tout ce raffut trop américain ? parce qu'après tout, moi, j'voulais juste une soirée tranquille dehors avec Billie ... Et finalement, y a Orphéa qui débarque dans ma vie après des semaine -que dis-je- des mois sans nouvelles... J'fais quoi ? J'suis censé faire quoi au juste ? Y a les prunelles qui se balancent sur les capes et les robes qu'il ne faut pas écraser du bout des épées. De toute façon, même si je tombe, je ne pourrais tomber plus bas. Puis y a eu ce contact un peu chaud, presque familier. J'me retourne et voit le loup. Sourire forcé sur le visage quand tu hurles, j'savais pas encore que c'était toi. Pas encore ... Puis t'as retiré le masque pour te découvrir à mes yeux et c'est franc et sincère que le sourire c'est transformé. Il a changé du tout au tout, comme le soleil balaie la nuit au matin. "Je suis pas un elfe ! Je suis Link ! T'as jamais joué à Zelda ?" J'vois tes sourcils qui se froncent et ton air qui se demande ce que c'est que tout ça, les oreilles, les béquilles déguisées en épées, l'habit vert. Je sors mon téléphone, en tape 4 lettres sur Google et tends l'écran vers toi. "C'est ressemblant tu trouves pas ?" Je rigole, je sais pas si c'est sincère, ça ressemble à un vrai rire mais au fond, y a quand même le coeur un peu vide. Comme si la voir n'avait rien arrangé, comme si elle n'arrivait plus à combler le trou, comme si elle n'étais plus capable de rétablir mon équilibre comme elle le faisait pourtant. "Nope, je la rejoins un peu plus tard, c'est moi qui ai la clé de la chambre de toute façon ! Et toi ? Tu l'as perdu, t'en as pas ou tu la fuis ?" Y a les yeux qui se transforment, qui te tendent un regard curieux, presque mesquin. Que cache Roman H-Abbott ?

J’ai l’impression que ça fait une éternité qu’on a pas passé un moment tous les deux, mais entre la rentrée et les olympiades, tout ça s’explique plutôt rapidement. En dehors de rares exceptions, je ne suis pas la personne la plus douée pour maintenir un chat actif si je n’ai rien de spécial à raconter. Ca ne me fait pas moins plaisir de le voir ce soir et arqué un sourcil interrogateur lorsqu’il me fourni un peu plus de précision sur son costume. « Jamais. » Je confirme en riant, avant de pencher la tête vers son écran de téléphone, rattrapant de justesse la tête de loup qui manque de se casser la gueule. « Tu me fais perdre la tête Grimaldi. » Dis-je en plaçant mon accoutrement sous mon bras pour ne pas prendre d’autre risque. Elle était trop facile pour ne pas la faire celle-ci. « Très ressemblant! Je n’ai juste jamais été porté sur les jeux-vidéo en dehors des trucs sportifs. » Tennis, football, Formule 1, basket-ball. Tout y est passé mais c’est à peu près là que s'arrêtent mes connaissances en consoles et jeux. D'après la photo qu'il me montre, c'est plutôt réussi. « De la chambre. » Je lève les sourcils à plusieurs reprises de manière exagérée, les fossettes creusées par un sourire. « Ça te fait pas flipper de passer la nuit ici ? »  Je demande, tout en réalisant que j’ignore les plans de ma cavalière. On s’est bien mis d’accord sur le fait de quitter les lieux ensembles mais nous n’avons jamais discuté plus en détails de la soirée, et de la nuit qui, nous attend. « Elle est partie s’amuser avec les esprits. » Et je ne peux m’empêcher de rouler doucement des yeux, tant je trouve l’activité inutile. Mais bon, si ça peut animer une partie des personnes présentes, on s’en fout un peu de mon avis.

@Jessie Grimaldi

ft @Roman H.-Abbott

Ouais, on se parle pas beaucoup mais toi et moi, on a toujours été comme ça, pas vrai ? Incapable de garder une conversation correcte à travers le téléphone. Toi, t'es du genre sportif, à sortir dès que tu le pouvais tandis que j'ai toujours été ce nerd. J'peux pas l'expliquer mais la fantaisie du monde électronique en devient presque apaisante sous un autre oeil que celui de l'opinion publique. Alors ouais, on se texte pas souvent mais quand on se voit, on se parle, comme si on avait jamais cessé de le faire, comme les deux vieux amis que nous sommes et c'est peut-être ça que je préfère dans notre relation. Tu m'en veux pas de pas te parler comme je ne t'en veux pas de ne pas le faire très régulièrement. Alors je fais le gars choqué quand tu me dis que tu connais pas Zelda, je dramatise, je mets le dos de la main sur le front, comme si j'allais m'évanouir sous le poids de cette révélation affreuse. "Nan, mais je sais que je suis trop beau mais n'en perd pas la tête non plus hein !" J'rigole, je sais que je peux dire des trucs bêtes mais là, j'ai surtout besoin de rire. Ouais, je crois que j'en avais besoin, de rire, de sortir, de venir. Puis on en vient à parler de nos bras droits, de nos compagnies de la soirée. "Ouais ... la chambre." Les yeux roulent et les joues finissent par se teindre d'un rouge pivoine. La chambre. Le lit aussi. "Mais non, ça me fait pas vraiment flippé. Disons que j'y crois pas de ouf aux esprits qui rodent." Gosse élevé dans la tradition catholique, fallait croire à la vie après la mort mais les fantômes, ça faisait pas partie de l'éducation à la Grimaldi. Puis tu me parles de ta compagnie à toi et y a qu'une question qui me vient en tête : "C'est quiiiiiii ?"

« Va falloir que tu me formes. » Dis-je, faisant référence aux jeux vidéos auxquels je ne connais pas grand-chose. Il faut dire que je suis rarement enfermé à l’appartement, je déteste ça. Ce dont j’ai besoin, moi, c’est de grand air, de bouger, et de compagnie. Je ris à sa réflexion et bois une gorgée de vodka, ne pensant pas une seule seconde que ce pauvre verre pourrait être ma perte plus tard. Ma cavalière a une politique zéro tolérance lorsqu’on en vient à l’alcool mais dans l’immédiat, ça ne me traverse même pas l’esprit. « Donne moi les détails! » Je précise lorsque je le vois rougir en insistant sur la chambre, et la demoiselle, qui l’attend. Peut-être que lui aussi a été abandonné au profit du ouija. « On est deux comme ça. » J’y crois absolument pas, c’est plus l’hygiène qui me fait peur en ces lieux et toute personne qui pourrait se penser drôle et chercher à nous effrayer en pleine intimité. Mais bon, il sera encore temps de s’inquiéter plus tard. « Wendy. » Comme d’hab, que je me retiens d’ajouter. Sept années à finir dans les bras l’un de l’autre, à se disputer pour mieux se retrouver, mais surtout à pouvoir compter l’un sur l’autre. Il n’a jamais été question d’être en couple, mais dans notre attitude, on en est parfois pas loin. « Et toi, alors ? C’est qui l’heureuse élue ? » Non parce que c’est surtout ça qui nous intéresse, de mon côté il n’y a rien de nouveau.

@Jessie Grimaldi

ft @Roman H.-Abbott

"Quand tu veux" Qui se lâche, le sourire aux lippes. Quand tu veux, je te mettrais la pâté sur l'écran, quand tu veux, j'te prendrais la main dans le monde virtuel, quand tu veux, je t'expliquerais chaque secret que renferme les jeux. Parce que tu te rends pas encore compte Roman. Tu te rends pas compte de ce que tu perds. Au delà du jeu, les autres. Tu te rends pas encore compte des milliers de liens que tu manques. Parce qu'un jour, tu te poses devant l'écran et le jour suivant, tu la rencontres, la brune au regarde ébène, celle qui fera tourner ta tête jusqu'à jamais. Tu t'en rends pas compte de tout ça mais je vais t'apprendre, pas à pas dans mon monde à moi. "Y a pas de détails." Les yeux roulent et les joues rougissent. Y a pas de détails parce que y a rien à raconter. Pas encore du moins. "Ouais, on est deux. Enfin disons que je crois à un "post-mortem" mais moins à des gens qui restent par ici au milieu de ... bah de nous." C'est compliqué d'expliquer ce en quoi je crois. C'est pas facile, probablement trop endoctriné par les enseignements bibliques. Comment on explique un truc inexplicable ? Puis tu me lance le nom. "Wendy ? Et t'avais envie de venir avec elle ou pas ?" Et c'est à mon tour de fouiner, de chercher les détails, ceux qui te feront rougir à ton tour. "Billie." que je lance sans vraiment réfléchir. "Faudrait que j'y aille d'ailleurs, elle va m'attendre." C'est faux. J'veux juste être tranquille, juste un peu seul, juste dans le silence pour me poser la question du pourquoi j'ai accepté de venir ici...