but it’s you, you’re the one that I want (kwonea)

C'est le coeur qui palpite un peu trop dans sa poitrine lorsqu'elle se hâte de quitter la station de métro, parcourant à pieds les derniers mètres jusqu'au magasin de comics. Puis elle le voit là-bas, devant la boutique, à l'attendre comme promis. Elle le voit et pourtant son coeur se serre quand elle repense à ses mots, à tous ces doutes qui le hantent et dont elle est la cause. Elle a mal Dea, parce qu'elle se sent coupable. Mal parce qu'elle est désolée et qu'elle retient ses larmes, le dévisageant avec peine quand ses jambes n'osent plus bouger. Il est si parfait, si attentionné, si doux... Et plus elle y pense, plus la culpabilité l'envahit. C'est pas sa faute, si elle a oublié ce baiser. Mais c'est sa faute si elle n'a pas été capable de lui montrer jusqu'à maintenant ce qu'elle ressent. Secouant sa tête pour chasser son trop plein d'émotions, elle lâche un soupir avant de s'avancer pour se planter droit devant lui. "Can I hug you please... ?" Réponse qu'elle n'attend pas avant de venir écraser son corps contre le sien, les bras qui le serrent si fort qu'il ne pourrait pas s'enfuir même s'il le voulait. "I'm so sorry..." Qu'elle souffle sans pour autant relever la tête, profitant de ce contact dont elle a besoin. "I like you too... really..."

Leon redoutait le moment où il devrait franchir la porte. Il avait eu l'idée de prendre la porte de secours et de prendre la fuite pour éviter de la croiser. Si seulement. Si seulement Flor n'avait pas été là pour littéralement lui mettre le pied au cul et l'envoyer valser sur le trottoir, ses grandes enjambées et sa présence annoncée par le tintement de la sonnette d'entrée. Il avait pas le courage. Pas le courage, ni la force de la regarder et de voir dans ses yeux la peine, la pitié ou la désolation de ce qu'elle s'apprêtait sans aucun doute à lui annoncer. Mais elle n'arriva que quelques instants plus tard, fonçant aussitôt tête première vers ses bras qui lui ouvrirent instinctivement le passage pour qu'elle s'y réfugie, comme s'il n'y avait rien de plus naturel au monde que leurs silhouettes qui se fondent l'une dans l'autre. C'est à la fois un soulagement de l'avoir contre lui, et une torture. De se laisser envoûter par le rêve, qui menaçait de lui être arraché d'un instant à l'autre. Devait-il s'accrocher au mirage, avant qu'il ne se dissipe.. Please, don't force yourself..

Ça fait du bien de rester là, la tête contre son torse et de sentir ses bras qui l'entourent comme pour la protéger du reste du monde, littéralement du bien. Et elle n'a pas envie de se défaire de cette étreinte, parce que tout ce qu'elle désire dans le fond, c'est de pouvoir rester ainsi, dans cette position pendant des heures. Mais il ne lui laisse pas le choix, prononçant des mots qu'elle ne comprend pas, une fois de plus. Nouveau soupir qui s'échappe de ses lèvres, contact qu'elle fait perdurer quelques secondes de plus avant de décoller son corps du sien, sans pour autant s'en écarter. "Leon..." Qu'elle prononce faiblement, ses deux mains qui viennent se plaquer sur chacune des joues du jeune homme, l'obligeant ainsi à soutenir son regard. "I like you." Qu'elle répète, comme si c'était la toute première fois. "The same way you like me..." Elle tente de lui faire comprendre, à sa manière. Des sentiments qu'elle éprouve à son égard quand elle n'est pas prête à dire le mot.

I should've known better than that. S'il ne l'avait pas embrassée, peut-être aurait-il pu continuer de caresser l'idée qu'eux deux, c'était destiné à quelque chose de beau, d'innocent, de pur. Il avait tout gâché, bien trop impatient d'enfin pouvoir se blottir contre elle, d'enfin pouvoir humer le parfum de ses cheveux, lorsque son nez s'enfouissait dans sa crinière, alors qu'elle dormait, sa poitrine se soulevant sous le rythme régulier de sa respiration. Le réveil de ce rêve était brutal.

Les doigts longilignes de Dea encadraient les joues du garçon, mais Leon s'entêtait, du mieux qu'il pouvait, à détourner le regard, jusqu'à ce qu'il soit confronté d'y faire face. Il ignorait ses aveux. Incapable de savoir si c'est parce qu'il portait des oeillères ou s'il n'avait pas absorbé les propos qui se perdaient dans un souffle sur sa peau. I took advantage of you when you were vulnerable, Dea.. How could I do that to you? I thought.. I mean you were there.. looking at me, smiling at me. You were so beautiful and the moment.. it was like... perfect. I thought about kissing you for so long and I.. I'm sorry Dea.. I'm so sorry.

Les mots se perdent dans le vide, comme si elle ne les avait jamais prononcés. C'est à n'y rien comprendre. Elle qui pensait que ce simple aveu suffirait à arranger les choses avec Leon, les voilà toujours sur la case départ. Il l'aime bien et elle l'aime aussi mais ce n'est pas suffisant ? C'est désormais la tête qu'elle secoue en rythme, refusant les mots du garçon. Plus il parle et plus elle panique, le coeur qui s'emballe à l'intérieur, la sensation étrange que peu importe ce qu'elle lui dira, tout finira par s'effondrer. "Stop saying that, you didn't take advantage of me. I may not remember right now but that doesn't mean I didn't want it at the time." Les mains ne sont plus posées contre ses joues, quand bien même elle pourrait caresser sa peau douce pendant des heures. "Lily said..." Les yeux qu'elle relève vers lui, intriguée. "She thinks I kissed you first... Is it true ? Did I do it ?" C'est presque un regard suppliant qu'elle lui lance, n'ayant jamais autant espéré que maintenant avoir initié les choses entre eux.

Il aurait pu continuer à déblatérer sans s'arrêter, comme si le fil des paroles voulait justifier les pensées, s'excuser d'avoir mal agit sans trouver les mots justes pour s'exprimer. Et plus il parlait, plus il se rendait compte que la peur de la perdre le terrorisait et qu'il ne l'appréciait pas seulement, Dea. Il en était amoureux. Mais il est arrêté dans son élan paniqué, ses pupilles terrorisées qui se perdent dans l'immensité du plus beau regard noisette de l'univers. Et la gorge se serre, tant il craint la suite, tant il s'attend à entendre les paroles ...on en arrête là, Leon?... Mais elles ne viennent pas. Et il n'a qu'une envie, celle de s'accrocher à ses doigts qui quittent sa joue frigorifiée. Et comme toute réponse, il se contente d'hocher la tête, pour acquiescer à son inquisition. Elle avait initié le baiser, et il s'était emballé de joie en sentant leurs lèvres se rencontrer pour la première fois. Derrière leur parfum alcoolisé, il y avait le goût des fruits frais d'été. Elles goûtaient le paradis.

@Dea Hyung

Esquisse d'un sourire timide naissant sur le coin droit de ses lèvres, elle baisse les yeux Dea, un brin gênée par cette révélation. Alors c'était bien elle, à l'origine de leur baiser. Elle qui malgré tous les efforts entrepris pour lui résister jusqu'à maintenant, avait fini par céder la première. Et peut-être bien qu'elle se sentirait coupable vis à vis de Sam, la belle, si ce n'était pas Leon qui se trouvait juste en face. Peut-être qu'elle regretterait et sentirait l'âme infidèle, si ça n'en valait pas la peine. Si Leon n'était pas celui pour lequel son coeur palpite en cet instant précis. Bien sûr qu'elle s'en veut Dea. De l'avoir fait souffrir en lui laissant croire trop souvent que ce n'était pas réciproque. De ne jamais trouver d'assez jolis mots qui puissent le faire fondre, comme lui sait si bien le faire. Elle s'en veut Dea, de ne jamais lui montrer à quel point il est spécial et compte pour elle. Ah si seulement il savait... Regard qui vient à nouveau à la rencontre de celui de Leon : "Would it help if..." Hésitante, paniquée, victime de sa timidité, c'est pas facile. Et pourtant, ce sont ses doigts qui viennent doucement frôler les mèches brunes du garçon pour s'arrêter sur sa joue glacée. Prunelles intenses qui fixent les siennes, le coeur qui déraille quand elle réduit la distance qui les sépare jusqu'à pouvoir enfin coller ses lèvres sucrées contre les siennes. C'est un contact à la fois doux et innocent qu'elle lui offre, freinée par la curiosité de ce deuxième premier baiser.

Toutes ces fois où il avait dû casser les oreilles de sa mère, la martelant de Dea a fait ceci, Dea a fait cela... tu aurais dû voir Dea, maman. Belle comme les fleurs de cerisier, douce comme les premières brises du printemps. Et Taeil, ne l'avait-il pas embêté à maintes et maintes reprises, prétextant être to-ta-le-ment détaché de la jeune fille, alors qu'il n'avait qu'elle dans la tête depuis des semaines, déjà. Dea, elle était ce bourgeon qui s'était accroché à son coeur, pour éclore lorsqu'il s'y serait attendu le moins. Et maintenant, il avait tant de peine, de la voir se faner, de la voir perdre ses pétales sous ses yeux. Que son sort semblait prédestiné à s'arrêter brusquement sur le ...elle ne m'aime pas.

"Would it help if..." Les mots résonnent dans sa tête, comme un tragique destin, comme une triste prémonition. Rien n'aiderait à recoudre son coeur, qu'il sentait se fendre dans sa poitrine, anticipant avec peine la suite, douleur qu'il camouflait d'une grimace qui déformait ses traits, désarticulant son sourire, d'ordinaire toujours rayonnant. Rip off the band-aid, Dea, please, qu'on peut lire dans son regard. Il n'est pas sûr d'avoir la force, ni les capacités de se battre éternellement avec un fantôme de son passé. Même si ça voulait dire devoir l'oublier, elle. "Would it help if..." Mais rien de ce qu'il craignait ne vient. Si ce n'est qu'une douceur capture ses lèvres. Que toutes ses craintes sont chassées du revers de la main, lorsque la chaleur s'empare de son être. Que sa peine s'efface sous l'étonnement, qui elle, laisse sa place à l'émerveillement. Le goût satiné des lèvres de Dea. Leur parfum sucré qui se mélange au sien. Il ne sait pas s'il doit s'accrocher à ce geste, ou y voir la promesse d'un au revoir à venir, mais il a envie d'y croire, Leon. Tellement envie d'y croire, qu'il vient saisir les doigts de la jeune femme pour s'y accrocher, incapable de songer à l'éventualité de la laisser lui filer entre les deux. Il l'aime, Dea. C'est indéniable. Il est fou amoureux de la gamine aux cheveux flamboyants, au sourire contagieux et au rire mélodieux.

@Dea Hyung

Poussée par la crainte de le voir disparaître définitivement, ce sont ses propres barrières qu'elle franchit, courage qu'elle prend à deux mains pour laisser parler son coeur. En embrassant Leon, elle met les deux pieds dans le monde des vivants Dea. Un baiser qui marque la fin d'une histoire et le début d'une autre, leur histoire. Elle ne sera jamais aussi douée que lui avec les mots alors... elle lui fait part de ses sentiments à sa façon. C'est lui qu'elle choisit, en tirant un trait sur le fantôme de son passé. Lui tout entier. De la pureté de son coeur à son incroyable personnalité en passant bien évidemment par son faciès qu'elle pourrait admirer pendant des heures sans s'en lasser. Dea, elle pourrait passer un temps considérable à énumérer chacun des charmes de Leon si elle le voulait. C'est pas si simple, de montrer à quel point quelqu'un peut compter pour vous. Alors elle espère sincèrement qu'il le sent Leon, son coeur qui déraille à l'instant où leurs lèvres se rencontrent. Parce que c'est l'effet qu'il lui fait. Et s'il n'était pas sa source d'oxygène à ce moment précis, probablement qu'elle s'effondrerait, submergée par le trop plein d'émotions qui l'envahit face à la douceur de cet échange. C'est fou, comme plus rien d'autre ne compte lorsqu'elle sent la chaleur de ses lippes se presser contre les siennes. C'est fou, comme elle n'a pas la moindre envie du monde de bouger en sentant sa main s'accrocher à la sienne. Visage qu'elle recule à peine pour reprendre son souffle et capter son regard. "Promised, I will remember this one..." Qu'elle murmure, sourire timide qui se dessine, des étoiles plein les yeux.

Une brise automnale souffles les effluves de son parfum, titille ses narines pour l'enivrer d'un bonheur auquel il s'accroche désespérément. Pendu à ses lèvres, il n'aurait jamais cru que son premier vrai baiser serait aussi tendre. Que la magie vantée par les contes de fées était tangible, que l'histoire du prince et de la princesse qui vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants était réelle... Ouais, bon. Les enfants seraient pour plus tard. Mais il savait que leur histoire d'amour serait la plus belle. À elle seule, Dea venait de remplir son coeur, de le saupoudrer de paillettes et d'artifices. À elle seule, elle venait de chasser les doutes et les craintes. À elle seule, elle avait effacé le souvenir de toutes ces filles insignifiantes et superficielles qu'il avait essayé de charmer comme un grand maladroit. Dans ses bras, il était guimauve. Ne restait plus qu'à faire un s'mores de lui. À fondre sous le feu vif qu'elle venait d'allumer au creux de son ventre. Elle pourrait le croquer qu'il se laisserait attendrir par la caresse de ses lèvres, et la chaleur de son regard noisette qui l'étudiait désormais. Il était le garçon le plus chanceux de l'univers. Et jamais il ne le prendrait pour acquis. Jamais il ne la prendrait pour acquis, ni ne se lasserait d'elle, ou de sa beauté, ou de son charme, ou de son sourire, ou des étoiles dans ses yeux, ou de ses doigts trop minuscules qui s'accrochaient aux siens, ou de ses pommettes rougies, ou de son rire cristallin, ou de ses maladresses en skateboard, ou de son amour pour ses groupes de k-pop favoris, ou d'elle, tout entière. ❝ This one was even better, anyway.. Et son sourire s'élargit, déforme ses propres pommettes, s'étire jusqu'à ses oreilles. Et chaque baiser qui viendrait serait encore plus doux que le précédent..

FIN

@Dea Hyung