caesar | petit déjeuner intime.

sept heure trente, me voilà devant une boulangerie. Je dois faire le plein pour le super petit déjeuner de Caesar. Je ne sais pas dans quoi je me suis lancée. Comment une conversation sur un Président qui joue double jeu as pu m'amener à être séduite par le dit Président. Je veux faire un effort pour lui et j'ai envie de lui remonter le moral aussi, un peu c'est vrai. Je passe au starbuck prend les cafés et j'avais même réussi à connaître son préféré. Je me dépêche de foncer à la pfo pour suivre les indications censé me conduire à sa chambre. J'entre doucement, silencieusement parce que je suis en avance. Je sors un plateau de mon sac et je lui prépare des viennoiseries, des tartines et je met la boisson chaude. Posant le plateau sur le bureau ensuite, je viens glisser mes lèvres dans sa nuque, mes doigts sur sa joue et je murmure. — Monsieur le Président, il faut vous réveiller maintenant..

@Sheyenne Thomas | J't'entends entrer, le bruit de la poignée de porte, celui de tes pas ainsi que tout les petits bruits parasites, le café, la poche de viennoiserie, tout. J'suis pas prêt à me réveiller parce que ça fait partie de mon rêve pas vrai ? Ces petites attentions, c'est pas un truc naturel. Puis y a un contact de peau sur ma joue qui me réchauffe instantanément. Les sourcils se froncent tandis que je me tourne bien dans ta direction, me relevant sur un coude et en me frottant l'oeil de l'autre main. Y a un bâillement qui me décroche presque la mâchoire et là, j'ai l'air d'un zombie, à moitié nu, vêtu seulement d'un caleçon qui semble un peu étroit ce matin, les cheveux ébouriffés, la peau tendue par quelques muscles trop saillant, le dos caché de tes prunelles pour ne pas que tu découvres trop vite les mauvais côtés, les cicatrices, les blessures d'un passé trop sombre. J'm'assieds sur le bord du lit et souris dans ta direction, les yeux un peu collés. "Il est pas un peu plus tôt que prévu ?" Parce qu'à 8h, comme réglé comme une horloge, je suis toujours debout et ce serait surprenant que ce ne soit pas le cas aujourd'hui.

Je voulais profiter de l'effet de surprise pour qu'il puisse avoir droit à la totalité du réveil. Je souriais en le voyant se réveiller doucement. Je me mordais la lèvre parce que malgré la tête d'un homme à peine réveiller, il était trop mignon. Silencieuse, je voulais lui laisser le temps de se lever alors que le plateau du petit déjeuner n'attendait que lui. Assis prêt de moi, j'entends enfin le son de ta voix et ça m'amuser d'avoir bouleversé ta vie si bien organisé. — Je me suis dis que j'aurais besoin de temps pour tout préparer. Je me lève pour aller prendre le plateau que je viens poser sur tes genoux. — Et j'espère que tu apprécieras ce que je t'ai préparé ? Pourquoi je suis autant stressée par la préparation d'un petit déjeuner ? Faut croire que ça me tien à cœur de faire les choses bien pour une fois.

Les yeux sont encore un peu collés, la luminosité trop forte. J'tente de les ouvrir mais c'est pas facile puis y a cette bonne odeur de café. Les sens en éveil, j'hume la boisson aux amers délicieux. Les doigts plongent sur le croissant, le déchire avant de le goûter. "mmh..." les yeux fermés, j'savoure chaque morceaux, copiant chaque goûts dans mon esprit. Le beurre, le croustillant, la chaleur des viennoiseries matinales sortie du four il y a peu de temps. J'ai même pas besoin de te dire que je kiffe, y a ce sourire au coin des lèvres qui veut tout dire. Le café dans la gorge et c'est les souvenirs qui remontent. Le liquide brun que maman faisait couler dans sa tasse le matin ... Ca sentait bon et j'avais envie d'y goûter. La main se pose alors sur ta cuisse, glisse à l'intérieur, doucement, la serrant un peu. "C'est vraiment délicieux ..."

Je le laisse prendre son petit déjeuner tranquille, je suis sage et silencieuse parce que je respecte. Moi-même, j’aime qu’on me laisse du temps pour me réveiller. Le silence aussi est précieux. Puis je ne veux pas faire ma chieuse non plus. Je prends mon café parce que moi aussi j’ai besoin de me réveiller et le liquide me fait un bien fou. Je suis pas encore super réveillée, je n’ai pas l’habitude de me lever aussi tôt. Je me cale contre le rebord du lit pour te laisser manger et finalement tu apprécie, je le vois. Y a un soulagement intérieur qui se produit. Ta main sur ma cuisse et je plante mon regard dans le tien. — Mais il faut la perfection pour vous, monsieur le Président. Je me pince les lèvres tout en essayant de nier l’effet que produit ta main. Je me penche vers toi, un léger sourire aux lèvres puis ajoute : — Je l’ai vu ton sourire. Mission une réussie.  

Mission une réussie ... Ca trotte dans la tête, ces missions de sauvetage d'un coeur désespéré. Y a le liquide qui réchauffe ma poitrine et y a ta voix qui réchauffe un peu le coeur. Parce qu'en ce moment, j'suis pas en train de nager mais en train de lutter pour garder la tête hors de l'eau. On pourra tout dire mais le grand monsieur au large sourire que j'étais a du mal à rester à la surface. Il est là, certainement, pour rassurer les esprits mais cela ne reste qu'une façade bien trop agréable à regarder. Là pourtant, je me sens bien, je me sens presque compris dans ce silence matinale qui aide à se réveiller du bon pied. Tu me flattes et tu fais grandir cet égo. Quel égo ? Parce que si tout le monde voit en moi un homme que trop narcissique, c'est pour bien cacher ce manque de confiance en moi. J't'entends souffler, retenir ton souffle depuis que j'ai passé ma main à l'intérieur de ta cuisse. Tu te pinces les lèvres et j'en suis sûr. Nul besoin d'ouvrir les yeux pour le savoir.

Je tiens à cette mission de sauvetage. J'ai envie de t'aider et de te soutenir. Alors je reste simplement silencieuse. Je ne peux pas m'empêcher d'apprécier de te voire sourire. Pas simplement pour la mission, mais parce que je veux que tu ailles mieux. Si on me demande je nierais tout en bloc. Je porte à nouveau mon café à mes lèvres et y a ta main qui glisse lentement. Je crois que plus on a discuté et plus l'envie de te voire est devenue intense. On est pas aussi différents qu'on pourrait le croire tout les deux. J'aurais pas imaginé que tu aurais pu me comprendre et du coup j'avais eu envie de te faire plaisir.

J'sais pas si tu vas réussir entièrement ta misson parce que je maitrise plus rien dans ma vie et encore moins ce que je ressens tout au fond de moi. J'aimerais que ce soit le cas, j'aimerais pouvoir décider, pouvoir avoir le contrôle... mais c'est juste pas le cas et je vois ma vie à la fois défiler devant moi et me filer entre les doigts, comme du sable fin qui s'écoule du sablier. Mais peut-être que dans le silence, tu arriveras à libérer un truc chez moi, à moins que tu ne rompes le silence comme je le fais...

Je n’avais pas encore poussé mon premier cri que ma vie était déjà toute tracée. Mes parents avaient besoin d’un enfant pour pouvoir continuer leur trafic même après leurs morts. Ils m’ont donc élevé comme un petit soldat qui ferait tout ce qu’ils désirent. Attention aux répercutions si j’avais le malheur de sortir des rangs. Ma vie ne m’a jamais appartenue et j’en suis la première à en souffrir. Je me suis interdit beaucoup de chose pour eux, mais j’en ai assez. C’est sans doute la raison pour laquelle je t’ai révélé ce que je faisais vraiment. Je te montre qui je suis derrière les apparences et ça semble te convenir.

Avec moi, t'as pas besoin d'être quelqu'un d'autre. J'suis peut-être bien pire que tes pauvres parents. Parce qu'au fond, j'suis un monstre avec du sang sur les mains. Pourtant, j'ai bien essayé de nettoyer chaque goutte de culpabilité mais ça s'efface pas bien tout ça. Alors ouais, j'me contente de grignoter les silences autant que les croissants.