Surfing (libre)

Séance de surf matinale. Les rouleaux qui provoquent l'adrénaline. Vagues qui écrasent ton corps au coeur de l'océan quand elles se cassent. La planche toujours accrochée à ta cheville pour ne pas la perdre dans l'étendue saline à perte de vue. Une heure, deux heures, peut-être plus. C'est le temps que t'as passé dans l'eau avant de revenir sur le sable. Ouvrir ta combinaison pour dévoiler ton haut de maillot aux rayons du soleil. Poser ta planche sur le sable et t'allonger dessus, le souffle court. Yeux qui se ferment un instant, calmer la respiration agitée.

T'avais eu envie de profiter des dernières belles journées ensoleillées avant que le froid ne se ramène pour de bon. Les fraîches soirées ne tarderaient pas à chasser la chaleur, si bien que aller te laisser choir sur la plage une dernière fois était un excellent prétexte pour sécher une journée de cours.

Mais décidément, elle se serait bien tapé les propos misogynes de son prof qui n'avait pas appris sa leçon, suite aux graffitis qu'Alyss avait décorés sur son tacot en compagnie de son partenaire de crime, si elle avait su que les vieux pervers traînaient sur la plage, eux aussi. Nah, mais fiche-moi la paix, gros relou. Et chaque fois, elle traînait sa serviette de plage pour s'en éloigner, mais il revenait toujours à la charge. Qu'est-ce que tu comprends pas à dé-ga-ge ?

@Raven R. Van Horn Hihi, je me suis permise de m'inviter

Les mouvements du diaphragme s'apaisent et ton esprit également. Tu laisses le soleil caresser ta peau de toute sa délicatesse et sa délicieuse chaleur qui n'est plus aussi écrasante qu'à la fin de l'été. Tu commences à sombrer dans les méandres du sommeil quand des éclats de voix se font entendre. L'esprit qui se réanime et le corps se redresse en position assise. Regard qui balaie l'espace et tombe sur cette jeune femme suivie par un homme libidineux. Mâchoires qui se crispent. Il veut quoi, ce vieux pervers ? Finalement, tu te lèves et tu vas à la rencontre du type, que tu pousses avec force. « Eh mec, qu'est-ce que tu comprends pas dans "Dégage" ? Laisse la tranquille avant que j'te fasse bouffer du sable. » Parce qu'il est pas prêt, ce vieux con. Il sait pas que toi, tes poings peuvent le foutre KO en une frappe. Pourtant, il se rebiffe. Elle veut quoi la merdeuse ? Rire nerveux. Poing qui s'échoue dans la zone du foie, coup de pied dans les parties génitales, coup de genou dans la face. « La merdeuse te dit de rentrer chez toi, connard. » Finalement, tu t'approches de la jeune fille. « Ça va, tout va bien ? »

Tu tentais tant bien que mal d'ignorer ses propos, le regard rivé sur l'étendue d'eau qui se dessinait en paysage sous tes yeux, mais sa présence se faisait de plus en plus insistante, jusqu'au moment où l'homme empoigna ta poitrine d'une main qui se voulait tentaculaire. Et un cri t'échappa, aigu, brusque, effrayé. Et tu zappes complètement, le regard qui se voile, la silhouette qui se recroqueville sur la serviette, lorsque t'aperçois à deux pas de toi une altercation entre lui et quelqu'un. Le son bourdonne dans tes oreilles, comme le vent qui siffle en rafale dans tes tympans, amplifiant les bruits ambiants, à l'exception de leur voix.

Et en moins de deux, tu l'aperçois déguerpir, probablement de là où il était apparu. « Ça va, tout va bien ? » Tu vois bien ses lèvres bouger, mais c'est tout comme si elle mimait les mots, sans qu'aucun son n'en sorte. Tu secoues la tête, dans une tentative de chasser le bourdonnement agaçant, et la voix de l'inconnue qui te fait face parvient finalement à tes oreilles. Combien de fois avait-elle dû t'interpeller? Ça va. Un peu secouée.. T'avais toujours essayé de faire ta dure à cuire, comme si rien ne t'effrayait, que rien ne t'ébranlait, alors que tu étais terrorisée. Merci.. il me lâchait vraiment pas depuis une bonne demie-heure. Il est... il est parti? dis-tu en tournant la tête, prête à l'éventualité qu'il réapparaisse d'un moment à l'autre.

@Raven R. Van Horn