TW • Shivers •• Xiver

Elle est encore sous le joug des émotions que la partie de jeu avec les esprits lui a procuré, finalement mal à l’aise au milieu de cette foule et de cette fête qu’elle n’a que trop peu fêté. C’est une chose que chez elle, elle n’a jamais fait. Mais ici, cela semblant presque une occupation encline à la normalité. Se faire pour s’amuser. Un principe qu’elle n’est pas certaine d’avoir assimilé. Mais puisqu’elle est toujours en apprentissage, la Haiwee, elle a joué. Elle a même poussé l’idée à son paroxysme pour son déguisement, en se prenant pour une reine de vampires oubliés. Oui, elle s’imprègne et aspire à se fondre dans cette société. Assumant de plus en plus ce que foncièrement elle est ; une Américaine avec des envies de liberté. Même si elle n’a pas vraiment su en rire, s’entendant peut-être au pire. Convaincue qu’il faut laisser tranquilles les non-vivants, qu’ils pourraient se venger du fait d’être dérangés. En tous cas, c’est ce que petite, on lui a raconté.

Elle s’est éclipsée, frissonnante mais, un tantinet, fascinée. Elle appréhende de mieux en mieux le fait de flirter avec le danger. Et de toutes les manières, c’est ce soir, l’effet escompté. Sans oser penser au fait que c’est cet été que tout a changé. Secouant le visage alors qu’elle sursaute en ayant cette impression d’être observée, à l’entente d’un cri de l’autre côté. Et les marches de l’escalier grinçant elle les a grimpées. Seulement plus a elle gravi, plus en son intérieur, elle s’est sentie grignoté par la peur. Perception biaisée, ça n’existe pas les films d’horreur. Seule à l’entrée d’un couloir qui ne semble pas avoir de fin, elle hésite, une seconde de trop peut-être, pour se dire qu’après tout, elle ne risque rien. Sur la poignée d’une porte, une chambre, elle entoure ses doigts fins…

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Seulement son mouvement est avorté par une voix qui se fait entendre dans son dos, de l’intégralité de ses sentiments, elle devine et reconnait son fléau. Et elle en fermera les yeux, pour tenter de se convaincre que ce n’est pas lui qui se glisse à ses côtés, comme quoi, l’impression d’être suivie n’était pas qu’une idée. « J’suis mitigé. » Elle se force à ne pas regarder, refuse de tourner le visage vers le sien, et relâche en un soupir la poignée de sa main. « Un vampire… c’est osé » Pourquoi ? Parce qu’elle n’est qu’une novice ? Qu’une pucelle encline à la naïveté ? Parce que ce n’est pas dans son essence d’autant se dénuder ? Parce que, oui, lorsque sa camarade de chambre l’a aidé à se maquiller, elle s’est sentie gênée de ce corps qu’elle a décidé d’exhiber ? Parce que ce n’est pas elle, et dans le miroir, elle voit les différences dans son reflet ? Parce qu’elle s’est abimée, comme une poupée avec laquelle on a joué.


L’être de l’amérindienne déviera entièrement de la porte pour faire face à celui qui lui paraît bien trop content. Fier d’avoir déblatérer ces mots qui ne possèdent plus cet aspect charmant. Elle s’en veut de ne pas savoir comment réagir, elle éprouve déjà sa douceur et sa bonne humeur en train de mourir, dans le fond, elle a cette conviction, celle qui la conduit avec lui, toujours au pire. La mâchoire serrée malgré les crocs factices qu’elle peut porter, elle peine à s’exprimer, il y a trop de secondes qui ont le temps de s’écouler. Et ses bras, elle s’empêche de les croiser devant elle, elle ne veut pas se cacher, ne pas être faible, car il est l’incarnation de ses déficiences. De son cœur, la préférence. « Brillant, » et elle détaille de sa langue ses dents, « j’ai trouvé un prof de remplacement. » Aucune once de vérité, et la porte de la chambre, elle l’ouvre à la volée.

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Forte de sa réplique, totalement erronée, elle s’engouffre dans cette chambre convaincue qu’elle a mis fin à leur aparté. Comme si le fuir était une solution en elle ancrée, résister à ses envies de proximité, essayer de jauger, alors qu’elle l’avait voulu si fort cet été. Paradoxe féminin dans toute sa volupté. Une reine damnée qui sursaute lorsqu’elle entend la porte se refermer. Seule, dans une chambre, avec lui, elle en est acculée par des souvenirs qui ne sont réels, pour elle, que la nuit. Des songes, non-dits. « Et c’est ? » souffle coupé, de prime abord, vers lui, elle ne parvient pas à se retourner. Parce qu’elle en éprouve l’envie de lui demander ce que ça peut bien lui faire, qui c’est ? Ce mec factice qu’elle vient de s’inventer ? Elle ne questionne pas, elle, sur toutes les femmes qu’il peut toucher. Mais là se trouve la différence, à l’évidence… Si elle le faisait, elle en souffrirait, et l’inverse n’est pas vraie. Comme une piqûre de rappel que lui se fiche de l’amérindienne. Ses sentiments et ses peines.

Tandis qu’elle vrille sur un axe invisible afin d’affronter son regard, il reprend ; « Un étudiant ou… » Parce que c’est important ? Elle en plante ses prunelles dans les siennes, ses iris le défiant. Alors qu’elle envisage des mots piquants. C’est un bruit sur le côté qui retient leurs attentions avant qu’elle ne puisse articuler quoi que ce soit sur cet homme qui n’existe pas. Un autre soubresaut, sourcils froncés, craintive face à ce qu’elle ne connait. « Des rats. » Justification qui fait un brin de sens mais elle ne lui concèdera pas. « Les bestioles, ça ne m’effraie pas. » Car dans le fond la Haiwee elle ne craint pas les possibles parasites, elle a peur de ce qu’elle peut éprouver lorsqu’elle se retrouve avec toi. Parce qu’elle t’a donné sa confiance, et qu’elle s’en est retrouvée à se fourvoyer.  

Et parce qu’elle n’aime pas ce face à face, elle préfère effectuer un demi-tour pour feindre de s’intéresser au décor de cette chambre, aux effets voulus effrayants. Elle balaie de ses phalanges quelques objets abandonnés sur une commode démodée, et les laisse traîner, à la finalité sur les dorures de candélabre, avant de prononcer, d’une voix qu’elle veut assurer ; « Moi, je te demande avec qui tu passes tes nuits ? » Voilà, c’est dit. L’image de quelques-unes d’entre elles se fraie un chemin dans son esprit, toutes différentes d’elle, victime de jalousie. Le visage secoué, battant des paupières, à la lisière d’être blasée, et rigole de moitié, parce qu’ils n’arrivent jamais à discuter. « Des étudiantes ou… » de la vermine.

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Les paroles, elles sont sorties de sa bouche trop vite, peut-être même trop fort, comme elle a appris à l’aimer avec des envies de lui murmurer des encore. Et elle s’en veut, elle se déteste d’avoir flanché, que ce soit cet été, ou durant les Olympiades, et une énième fois dans cette chambre, cette sensation de défaillance affective, elle s’accroit. Elle est fébrile, elle exècre ça. « Ça vient du cœur. » Vrai. Pourtant jalouse, elle ne l’avait, avant toi, jamais été. Elle n’est pas envieuse, la Haiwee, elle ne convoite pas ce qu’elle ne peut avoir, ce qui ne lui appartient pas. Elle se contente de peu, de ce que veulent bien lui confier ses dieux. Mais il y a eu ce bal, la rencontre chez les Adams, et tout a changé. La pureté de son cœur indéniablement écorchée par une évidence la poussant à réaliser qu’elle n’était pas plus précieuse qu’une autre, qu’elle aurait dû s’arrêter au simple, facile, Amicalement vôtre. Si elle avait su le faire, à l’entendre lui dire les choses d’une façon aussi claire, elle en aurait moins souffert. « Ou des carriéristes friquées, qui n’attendent rien d'autre que de s'faire secouer. » C’est comme un coup, qu’il vient de lui porter. Ses mots sont ses pierres et dans le pittoresque de cet hôtel, il l’a lapidé. Elle en éprouve ces irascibles picotements au niveau des yeux, du nez. Se retient de laisser son dégoût la forcer à pleurer. « D'accord. » ça s'embrase, ça fait mal, dans tout son corps.

Comment est-ce qu’on répond à une chose telle que celle-là ? Comment on s’en sort indemne lorsque son cœur saigne ? Quand on se sent à l’envers, comment feindre que les choses nous indiffèrent ? Qu’elle n’a pas cette impression d’avoir été propulsé en enfer ? Avaler sa salive, et faire semblant, porter ce masque dont semblent se parer la plupart des gens. Et transpirer l’honnêteté d’un regard assassin, embué, lancé au moment de recommencer à discourir, essayer pour mieux fuir. « C’était sympa de parler avec toi. » Elle a cet instinct de protection couplé à son besoin de rébellion, elle ne peut contenir sa réflexion. « A se demander pourquoi t’as perdu ton temps avec moi. » C’est craché, c’est mauvais, c’est ta faute. L’irruption, c’est toi qui la provoques. Mais qu’importe, n’est-ce pas ? Elle n’est ni friquée, ni prête à se faire secouer. L’intention de sortir guidant ses mouvements, elle n’a plus aucune raison de rester. La méchanceté entrain de l'aliéner. D'altérer qui elle est.

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