light up the sky (w/lily)

Un dernier coup d'oeil vers la glace, dernier coup de pinceau au tableau qu'il offrira au regard curieux de la lune qui se faisait discrète dans le ciel. Le béret en place, les doigts s'attardent désormais aux boutons du col, qu'il détache et rattache, sceptique quant au message qu'une telle décision pourrait bien renvoyer. Allure décontractée ou suggestion malsaine? Apparence timide ou discours renfrogné et désintéressé? Il se boutonne pour la énième fois. Chaque fois qu'il croisait son reflet, il était à la fois Narcisse et la Bête. N'importe qui pouvait s'amouracher de l'image qu'il renvoyait, du personnage qu'il incarnait à contre-coeur, dans la plus traître des illusions malédictions. Prisonnier de sa propre image. Le soupir en point final à une scène qui se veut tristement dérisoire, il quitte sans se retourner, pour se rendre au lieu du rendez-vous. Il y a belle lurette que le soleil s'était effacé sous la menace des astres, enveloppant la ville de son plus beau manteau charbonné. Daewon portait la nuit comme un gant, la revêtait avec élégance, tant les insécurités s'effaçaient sous l'effervescente, mais timide lueur des astérisques qui survolaient sa tête. Il partageait, avec les ténèbres suivant le crépuscule, une complicité qui lui permettait de retirer le masque des plus vils démons qui habitaient son coeur et son esprit...

Un regard circulaire des environs lui suffit à, non seulement repérer l'adresse de la localisation partagée par la jeune femme qu'il venait rejoindre, mais également à l'apercevoir, elle, éclipsée sous les ombres qui se refermaient sur sa fine silhouette, affamées. Lily? Il posait la question davantage pour manifester sa présence que par réelle hésitation. Avant qu'elle ne se retourne, il se précipita pour détacher les boutons qu'il s'était entêtés à rattacher, plus tôt. Ça fait plus détendu. Daewon franchit les derniers pas qui le séparait d'elle, et il s'arrêta sur place, croisant son regard, dont les pupilles brillaient, n'ayant rien à envier aux étoiles. C'est ton outfit qui t'a vendue, dit-il, accompagnant la remarque d'un sourire lumineux.

@Lily Wolford

Oui, c'est bien son armoire qu'elle a vidé sur le sol et pas un camion de don de vêtements qui s'est crashé dans sa chambre. Oui, c'est bien la huitième tenue qu'elle essaie, jamais satisfaite du reflet que lui renvoie le miroir. Dea qui lui dit de ne pas se prendre la tête, de ne pas se poser trop de questions sur ce rendez-vous, sur ce garçon. C'est lui qui est venu à elle. Bah comme tous les autres en vérité. Et pourtant, elle l'a pas recalé direct. Peut être que le fait de n'avoir pas croisé Iwan depuis plusieurs jours la guérie peu à peu. C'est avec une angoisse profonde et une attaque violente contre ses lèvres qu'elle observe les réponses au sondage à propos de sa tenue. Elle partira sur celle avec le jean et le pull noir. Elle sera bien comme ça. Elle a bien vérifié sept fois au mois que Daewon n'était pas un ami de près ou de loin de Iwan. Toujours cette crainte grandissante que tout ça ne soit qu'un véritable cauchemars au final. Apprendre à faire aveuglément confiance, elle en est encore complètement incapable. Et puis, quand il saura ce qu'elle est réellement, qu'est ce qu'il pensera d'elle ? Que ce n'est qu'une gamine qui vit dans un monde de rêve et qui croit qu'un prince drama va venir la sauver de sa timidité. Et là, elle lâche un énorme soupir. Elle sait bien qu'il n'y aura rien d'autre après cette soirée. Mais elle va tenter d'en profiter. Presque à deux doigts d'annuler, elle terminer de se préparer, embrasse le museau de son chien et quitte son appartement, se rendant au pied de l'immeuble pour attendre son cavalier de la soirée. Et voilà qu'elle se met à divaguer et il n'en faut pas beaucoup pour la ramener à la réalité. La voix masculine inconnue qui l'interpelle, lui faisant faire volte-face au point que ses cheveux se collent contre ses lèvres. Maladroite, la main tremblante, elle dégage ses cheveux gênants et manque de détaler à toute vitesse en voyant l'apollon qui s'approche d'elle. Pendant l'espace de deux secondes, elle peine à le reconnaître tant il est bien plus merveilleux en vrai. Elle n'a clairement pas le level pour un mec comme lui. C'est déjà un véritable miracle qu'elle en soit arrivée à la quête de la sortie en ville et serait bien effrontée d'oser espérer plus que ça plus tard. Le sourire timide, elle lève la main pour le saluer avant de piquer un fard devant son sourire. Il est plus grand qu'elle malgré ses talons, preuve que la demoiselle est vraiment minuscule. Il fait plus classe, plus assuré aussi. Elle redresse un peu les épaules, essaie de ne pas avoir l'air d'un chiot terrifié. Même si elle n'est pas certaine que ce soit une réussite. « Je... Oui... T'es super élégant. Dis... t'es mannequin ? » Question posée bêtement, avec les yeux ronds. Peut être que c'est une super célébrité. Quoi que non, s'il était connu en Corée du Sud, elle le saurait quand même. Elle ne serait jamais passée à côté de lui comme ça. Ses doigts fins agrippent la lanière de son sac en bandoulière comme si ça pouvait l'aider à tenir debout. « Tu es venu à pied ? » Pour faire la conversation non plus ce n'est pas une réussite.

Il évitait le plus possible d'avoir recours à son chauffeur, prétextant souvent de minables excuses pour échapper à sa garde, lui qui ne se séparait jamais de son téléphone, prêt à colporter les moindres faits et gestes de son protégé au bon désir du père qui s'enquérait de son fils, même à l'autre bout du monde. N'allez pas croire que c'était par intérêt pour sa progéniture, mais davantage pour prévenir ses déboires et en éviter les répercussions, ou encore pour se vanter auprès de son cercle élitiste des réussites de Daewon, qu'il s'appropriait comme s'il en était lui-même l'auteur. C'est tout près. Laisse-moi ici, j'ai besoin de prendre l'air. Et sans attendre de réponse, une fois la voiture momentanément immobilisée au panneau d'arrêt, le garçon s'était éclipsé pour disparaître en se fondant aux ténèbres, qu'il portait comme une veste sur ses épaules bien trop lourdes de responsabilités, de regrets et de déceptions. Et la fuite était en quelques sortes un doigt d'honneur offert au patriarche, qui, lorsque son fils lui échappait, ne pouvait plus tirer les ficelles à sa guise. Puppet boy.

C'est un rire presque libérateur qui s'échappe de ses lèvres, lorsque la voix de Lily parvient pour la première fois à ses oreilles. Voix qu'il sent tremblotante, le timbre craintif, à croire qu'il l'intimidait de par sa seule présence. À la fois amusé et curieux, il penche la tête, comme un chiot qu'on soudoie de gâteries, et observe la jeune femme en la détaillant d'un rapide coup d'oeil. Elle est jolie. Si seulement je n'étais que ça. Le mystère, toujours ce mystère qu'il laisse planer, tantôt en toute conscience, tantôt tout à fait inconsciemment. S'ouvrir, c'est l'exposer aux dangers qui le guettent, d'autant plus qu'on lui a appris à se méfier. Toujours. Ne jamais, jamais baisser sa garde. Pas même pour les plus belles sirènes. Oui, j'aime bien prendre l'air, surtout lorsqu'il fait nuit et que le ciel est parsemé d'étoiles. C'est mon moment favori. S'il avait extériorisé sa nervosité, probablement se serait-il balancé d'un pied à l'autre, ou peut-être aurait-il bégayé quelques mots, mais Daewon savait l'étouffer. Préserver les apparences. C'est la voix de son père qui résonnait en écho dans sa tête, tentant de chasser ces pensées intrusives. C'était justement mon idée pour ce soir. Tu veux te promener le long de la rivière Charles ? Il aurait peut-être mieux fait de l'inviter au restaurant, mais Daewon privilégiait bien davantage l'intimité d'une soirée aux abords du fleuve, aux éclats des verres et des assiettes qui s'entrechoquent et de la cacophonie des voix qui s'emmêlent.

@Lily Wolford

Un hoquet s'échappe de ses lèvres alors qu'elle glisse sa main contre sa bouche. Ce ne sont plus des yeux qu'elle a mais des billes rondes de surprises. « T'es célèbre ?? Noooooooon... C'est pas possible, je serais quand même pas passée à côté d'un article te concernant !! » Probablement que si vu qu'elle ne s'intéresse qu'à la Kpop et aux dramas. Il va peut être falloir qu'elle revoit les sites sur lesquels elle se renseigne. Parce qu'elle ne peut pas continuer à passer à côté de choses pareilles. Elle cligne des yeux en l'entendant. Il parle avec tellement de facilité, le débit de parole est clair. Chaque mot semble lui venir si naturellement qu'elle fait probablement godiche à côté. Une imbécile qui bégaie comme une adolescente intimidée. Et c'est tout aussi bêtement qu'elle lève les yeux vers le ciel, l'observant un cours instant. « On ne voit pas très bien à cause des lumières de la ville... » Elle pince les lèvres, repose son regard sur Daewon qui se tient si droit face à elle qu'elle se sent obligée de redresser les épaules. C'est étrange comme ça prestance semble écraser l'infime confiance en elle que la pauvre Lily travaille depuis plusieurs heures. Elle remonte sa veste sur ses épaules pour avoir moins l'air débraillé et hoche la tête. « Oui oui, une balade c'est sympa ! » Même si elle pensait qu'ils aillaient boire un verre et pas se promener simplement. Elle aurait peut être dû prendre Cloud avec elle. C'est sûr que Daewon il ne fait pas les choses comme les autres. Habituellement, du moins chaque fois qu'on lui a proposé, c'était manger un morceau ou boire un verre. Loin de cette balade qui s'annonce tout de même plus intéressante. Peut être qu'elle se sentira moins intimidée s'ils marchent, discutent. Quelque chose de moins classique, de plus authentique et qu'elle n'oubliera pas. Même s'il ne donne pas suite. Il se démarque des autres garçons Daewon par son approche, sa façon de se tenir et ses idées originales. Il n'en dévoile pas trop de sa personne mais fait tout pour être remarqué, démarqué. Et elle, elle se retrouve à être écrasée sous le poids de sa timidité oppressante. Elle sourit nerveuse, ne sachant pas où regarder. Si elle ne fait que le regarder, elle va paraître super insistante. Si elle regarde trop ailleurs, elle va paraître désintéressée. Là, pour l'espace de quelques heures, elle aimerait simplement arrêter de penser. « Allons y ! » Et elle se met en route, marchant à ses côtés sans savoir quoi dire.

Daewon étouffa un hoquet de surprise, un sourire gentiment moqueur qui se dessinant en demi-lune sur son visage. Le gamin ne faisait que rarement la une, mais son patronyme faisait souvent les grands titres, au grand dam du gamin qui aurait largement préféré rester dans l'ombre, plutôt que de naître au sein d'une famille sur laquelle brillaient bien (trop) souvent les projecteurs, et rarement pour les bonnes raisons. Occasionnellement, la fortune et la notoriété avaient leurs avantages. Rarement, ces privilèges étaient accompagnés de ce que Daewon chérissait plus que tout: la paix, le silence et surtout, l'intimité. Ses moindres faits et gestes étaient épiés, ses sourires étaient calculés, son existence même était le produit d'un marketing, d'une stratégie de redorer l'image familiale entachée par les égarements douteux et bien trop souvent scandaleux d'un paternel avide de richesse et de pouvoir. Alors, lorsque Lily s'étonna de sa remarque nébuleuse quant à sa « célébrité », Daewon se contenta de sourire, de ces sourires qui n'en disent ni trop peu, ni trop, et qu'à peine sortit de sa bassinette, on lui avait appris à décrocher, comme le digne héritier d'un politicien crapuleux. On y va? Qu'il s'empressa de demander, pour éviter les questions trop pointues à son sujet. Si loin des yeux ne voulait pas nécessairement dire loin de la surveillance paternelle, Daewon pouvait au moins se permettre d'être ce garçon qu'il ne pouvait être sous le cadre strict de 아버지.

Une fois mises en route, les deux silhouettes se fondaient dans l'obscurité, côte à côte, les silences ponctuaient davantage leur aventure que la discussion. S'il ressentait la nervosité de la jeune fille par son non-verbal, par sa démarche dansante contre le pavé et par ses regards tantôt fuyants, tantôt insistants, ça ne l'embêtait pas. Ce qui le chiffonnait, c'était sa propre confusion, son propre trouble, qu'il déguisait d'une démarche assurée, fière, droite et posée. Et pourtant, à l'intérieur, c'était l'implosion; de ne pas savoir comment être un jeune homme de vingt-deux ans normal. S'il parlait peu, ce n'était pas par manque d'intérêt, mais par malaise, par crainte de se prendre les pieds par maladresse. Se détendre lui demandait un effort considérable, malgré sa volonté. Et une fois qu'il se retrouverait dans l'inconfort de ses pensées, Daewon se martèlerait de ces démons qui le hantent, se mutilant du ridicule qu'il avait dû faire de lui, alors que tout ce qu'il souhaitait, c'était passer un moment agréable en compagnie d'une jeune femme qu'il appréciait d'ores et déjà, et surtout, lui faire passer un bon moment, à elle. Est-ce que tu t'y connais un peu en astronomie? C'est tout ce qu'il avait trouvé pour briser le silence dans lequel ils s'enfonçaient tous les deux. Ce soir, le ciel était à découvert, parsemé d'astres qui avaient le don de leur raconter les plus belles histoires. Et Daewon avait envie de les lui partager.

@Lily Wolford Encore une fois, je suis désolée du retard chaton

Il lui en faut peu. Si peu. Elle brille de bonheur d'avoir un petit rendez vous avec un garçon tout droit sorti de ses rêves. C'est un peu comme si elle était encore dans son canapé, à laisser son imagination vagabonder. Le tout bercer par les paroles d'une vieille chanson de soul. Une romance à l'américaine. Et bientôt, le soleil brillera dans son cœur, réchauffera sa peau encore et encore. Et elle divague Lily, se laisse complètement emporter par ses illusions romanesques. Et c'est un tourbillon de n'importe quoi qui s'anime dans son esprit de petite fille, à s'imaginer déjà les meilleurs scénarios possibles. Les petites notes de musique qui s'échappent de sa tête pour s'envoler dans les air et ses pas qui la guident, suivent ceux du brun à travers la nuit. Quand c'est le sourire perpétuel qui s'imprime contre ses lèvres, ne cesse jamais de montrer combien elle peut être heureuse d'un rien. La flamme de naïveté qui danse au fond de ses pupilles brillantes, à lui donner cet air de poupée de porcelaine. Accrochée si fort à la sangle de son sac en bandoulière, les talons claquent contre le bitume. Elle prend un air songeur, attrapant son menton entre ses doigts délicats. « Mh... Non... Enfin... Je connais deux trois constellations parce qu'on me les a déjà montré mais je suis toujours incapable de les retrouver. » Et la voilà qui semble en proie au malheur, peut être qu'il va penser qu'elle est stupide à ne pas savoir reconnaître la grande ours. Elle lève vers lui ses grands yeux inquiets qu'il finisse par tourner les talons et la plante sur place. Et comme si le moment n'était pas assez gênant, voilà que l'estomac de la poupée fait un bruit affreux. Elle devient livide, priant si fort qu'il ne l'ait pas entendu. Mais elle est certaine que tout Boston l'a entendu. Elle plaque ses deux mains sur son estomac, pinçant les lèvres si fort qu'elles en deviennent blanche sous la fine couche de rouge à lèvres qui les décore. Et alors, elle n'explique pas pourquoi elle réagit comme ça mais elle se met à rire légèrement. Un rire gêné. « Excuse moi... » Et elle s'attend tellement à le voir détaler comme un lapin, déterminé à la bloquer aussitôt rentré chez lui. « Je n'ai pas mangé en vérité, je pensais qu'on allait manger un truc... » Un raclement de gorge pour ponctuer son malaise et elle baisse le nez, tripotant nerveusement ses doigts. Peut être qu'elle cherche à s'en déboîter un.