samedi 9 octobre 2021, appartement Kattis Harbor Area
@Ottis Heimann Déjà trois semaines que tout s'était passé, déjà trois semaines où vous sembliez jouer au jeu du chassé-croisé. Toi dehors lorsqu'il ne l'est pas, lui dehors quand tu ne l'es pas ; à vrai dire tu l'es plus vraiment tant que ça. T'as peur. Y'a pas d'autre mot que la peur que décrire ce que tu ressens depuis. T'as aucunes preuves, aucuns certitudes mais tu sais que quelque chose n'allait pas, que c'était pas juste une histoire de verre de trop… Tu t'es souvenu de l'été dernier en Asie lorsqu'il t'avait arrivé du pire, et cette fois quelque chose au fond de toi te pousse à penser que c'est bien arrivé. Ambre a parlé d'un angle mort dans les caméras de la boite, mais tu sais pertinemment au fond de toi que quelqu'un a mis quelque chose dans ton verre tandis que t'étais partie aux toilettes. T'es reconnaissante d'avoir eu un instinct qui t'a poussé à fuir directement la soirée pour aller frapper à la porte de chez Aidan qui habitait dans le même quartier, même si t'as plus aucuns souvenirs de ce passage là. Qu'est ce qu'il aurait bien pu se passer si jamais tu n'avais pas eu ce reflexe ? Rien que d'y repenser, ça te glace le sang. Tu boudes les sorties depuis, préférant clairement rester chez toi à réviser ou regarder des navets à la télé avec un bon verre de vin. Ottis sort beaucoup et régulièrement, avec ses potes et tu peux pas lui en vouloir car il y a quelques semaines encore c'est toi qui était toujours dehors. Mais ce soir c'est bien plus dur que tous les autres, les secrets commencent à te peser, et la peur à te ronger. C'est trop de poids, trop de trucs que tu gardes en toi, t'as l'impression que t'es une cocotte minute et que bientôt arrivera le jour ou tout menacera d'exploser. Portant rien d'autre qu'un tee-shirt large qui t'arrives à peine sous les fesses, tu te laisses tomber sur le canapé et tires un plaid pour courir tes jambes nues. Tu te penches pour déposer ton verre de vin sur un tas de livres d'éco en guise de sous-verre et de l'autre main pianotes sur ton téléphone pour chercher tes notes de cours à relire. Ta tête se redresse et passes par dessus le dossier du canapé lorsque tu entends s'agiter."tu vas où ?" tu sais même pas si c'était un simple trajet pour aller dans la cuisine prendre un truc ou bien plus."s'teplait sors pas." ça sortait bien trop comme un cri du cœur avec tes pupilles inquiètes pour être une simple et banale demande.
(Katalia Borgia)