ANNABETH/SOFIA ❝ Don't thank me, it's normal. ❞

Je me sentais fatiguée, épuisée. C’est une chose que je ressentais constamment ces derniers temps. La journée avait été longue et les entraînements éprouvants, mais généralement, je tiens beaucoup mieux la route que ça. Si ma prise de médicaments contre l’angoisse et les crises de panique, m’apaise considérablement, elle amoindri aussi mes capacités. Je sens bien que j’ai moins la pèche, mais je suis incapable de m’arrêter de prendre ses fichues pilules. Je n’ai aucune envie de laisser l’angoisse prendre le pas sur toutes mes émotions. Je dois continuer à vivre comme je le faisais avant… avant la bombe. Ces cachets m’aident vraiment et je ne sais pas si j’aurai été capable de revenir ici sans. Mon sac de sport dans la main, mes clefs dans l’autre, je me dirigeais vers le parking de l’université, j’allais pouvoir rentrer chez moi. C’est à ce moment là que je croisais un visage qui ne m’était pas inconnu, celui de la blondinette que j’avais rencontrée l’autre soir. D’ailleurs, elle n’était pas en très bon été ce soir là – « Annabeth ? » - Lui dis-je alors qu’un sourire se fendillait sur mon visage. Je ne l’avais pas recroisé depuis cette fameuse soirée, je ne la connaissais pas beaucoup, on ne s’était vues qu’une seule fois et d’ailleurs, je me demandais si elle se souvenait de moi, vu qu’elle avait l’air d’avoir pas mal bu ce soir là.

Encore une journée éprouvante, aujourd'hui tu t'étais fait violence pour te sortir de ton lit et assister aux quelques cours de la journée, la chose que tu désirais le plus ce matin-là, c'était de rester au fond de ton lit à dormir, à vrai dire, pour pas changer tu t'étais encore couchée tard et cette fois tu avais retrouvé le chemin menant jusqu'à ta chambre. Sac sur l'épaule, tu marchais sur ce parking après avoir raccompagnée une amie à sa voiture, puis soudain, tu entendis ton prénom. Tournant ton visage, tu croises le regard de cette jeune femme, tu te tournes alors pour voir si personne ne se trouvait derrière toi, mais que tu es bête, c'est ton prénom qu'elle venait de prononcer. Un sourire sur les lèvres, tu voulais paraître aimable, même si au fond de toi tu avais du mal à remettre un nom sur ce visage. A petit pas, tu t'avances alors vers elle, plissant ton regard comme si cela allait t'aider à te rappeler - Putain réfléchis Anna! - Tu te stops devant elle "Hey!..." Tu ne savais pas comment la désigner, tu avais un trou. "Tu vas bien?" Question basique qui t'aiderait à gagner du temps pour te rappeler. Tu observes la jeune femme de haut en bas.. réfléchissant, mais rien ne te viens "Excuse-moi, j'ai oublié... qui es-tu?" Autant demander directement à la principale concernée.

La blondinette était encore plus « a l’ouest » que moi ces derniers temps, puisqu’elle ne semblait pas se souvenir de moi. Tant pis. Je n’allais pas lui en vouloir pour cela. Je savais bien qu’avec l’effet de l’alcool, il y avait peu de chance qu’elle se souvienne bien de notre rencontre. J’ai moi-même parfois du mal à avoir les idées claires avec mes cachets – « Je suis Sofia. » - Répliquais-je simplement. Enfin, cela ne l’avançais peut-être pas plus, alors j’ajoutais : « On s’est rencontrées l’autre soir à la soirée de… » - C’était la soirée de qui déjà ? Quand je vous dis que j’oublie certains détails en ce moment. Un court silence c’était installé et je reprenais : « Tu avais l’air d’avoir pas mal bu ce soir là, il y’a eu une bagarre et je t’ai conduite à l’hôpital, tu te souviens ? »

Sur le moment tu ne l'avais pas reconnue, un peu normal, cette nuit-là tu étais complètement pétée, son visage te disait bel et bien quelque chose, mais impossible de remettre un nom dessus. Autant demander directement après tout au lieu de se torturer les méninges à tenter de trouver par tes propres moyens. Sofia.. non, ça ne t'aide pas, soirée, donc vous vous êtes rencontrées lors d'une fête, ça t'étonne à moitié, en ce moment tu as tendance à sortir t'amuser. Puis elle reparle de cet incident, cette nuit quand tu t'étais retrouvée à l'hôpital, car comme une pauvre idiote tu t'étais lamentablement blessée "Oh oui! je vois!" Tu tapes ton front de ta main, ta sauveuse du soir, sans elle tu te serais vidée de ton sang sur un trottoir, bon tes blessures n'étaient pas graves ce soir-là, mais c'est surtout une façon de parler "Je ne te remercierais jamais assez pour ça" Dis-tu en souriant tout en t'avançant vers elle, tu lui étais redevable.

Annabeth retrouvait finalement la mémoire, se souvenant – grâce à mes explications – de la soirée où nous nous étions rencontrées. Je lui adressais un léger sourire et elle me remerciait de lui être venu en aide – « Il n’y a pas de quoi, c’est normal. Je n’allais tout de même pas te laisser dans ce pétrin. » - Répliquais-je. Lorsque j’avais aperçu la blondinette dans cette mauvaise posture, j’étais tout naturellement allée l’aider. Je sais que dans notre société actuelle, c’est chacun pour sa pomme, mais je ne fonctionne pas ainsi. Je ne suis pas égoïste. Je ne pense pas qu’à moi. Comment aurais-je pu continuer mon chemin en ignorant cette jeune femme qui semblait avoir besoin d’aide à ce moment là ? Je ne sais pas si elle aurait agit comme moi si la situation était inversée. Peut importe en fait – « Faut bien se soutenir entre femmes étudiantes d’Harvard. » - Derechef, je décrochais un petit sourire.