bastian | folie nocturne

Dans mes souvenirs, le chemin pour le campus n'était pas aussi long. Je n'arrive pas à savoir si c'est parce que je marche avec une seule chaussure ou si c'est parce que je suis complètement bourrée. J'ai la sensation de faire deux pas en avant et trois en arrières. Je ne sais même plus si je dois prendre à droite maintenant, si c'est à la prochaine. J'ai trop bu ce soir, j'avais envie de me vider la tête après avoir apprit la mort d'un de mes partenaires. Mes parents sont sans pitié. C'est une façon pour moi, de rendre hommage à Jerry. Seulement, maintenant je suis incapable de rentrer à la Adams. L'idée de me laisser tomber par terre et faire la morte me vient, mais cette ville n'est pas sûre. Alors j'avance encore alors qu'il semble qu'il n'y a pas âme qui vivent cette nuit. Je me mets à hurler dans les rues. Heyyyyy Hooooo. Heyyyy Hoooooo. Je me met à chanter en riant. Heyyyyy Hooooo. Heyyyy Hoooooo je rentre du boulot Lalalalala.

Après avoir travaillé, j’aime rentrer chez moi à pied. Non pas parce qu’il n’y a plus de transport car je pourrais très bien prendre ma voiture pour rentrer. Mais sur le chemin du retour, j’aime me remémorer la soirée, les musiques sur lesquelles les clients ont le plus dansé ou non. Ainsi, je pouvais retravailler sur mes mix et les rendre un peu plus parfait. Bien qu’à mon sens le mix parfait ne pouvait exister. Du moins à mes yeux il pourrait l’être, mais pas aux oreilles des autres. Puis il faut savoir satisfaire tout le monde et donc mettre un peu de tout. Pour que tout le monde y trouve son compte. Et alors que j’étais en pleine réflexion, j’entendis une femme crier. Non pas de peur, ou pour demander de l’aide. Non, elle chantait. Faux. Mais elle chantait. Sans même la voir, je pouvais savoir qu’elle avait bien bu, cela s’entendait. Et alors que j’allais continuer mon chemin, non pas parce que je ne me souciais pas de son état, mais parce qu’elle n’allait pas être la première et la seule fille bourrée que j’allais rencontrer. Je me demandais bien ce qu’elles avaient toutes à vouloir boire, seule. Ne se rendaient-elles compte du danger dans lequel elles se positionnaient ? La preuve : à peine eu-je donné un coup d’œil vers elle que je vis un groupe d’hommes venir vers elle. Ne les sentant pas, je marchais vers la jeune fille. « Aaaaah mais t’es là !!! » Fis-je comme si je la connaissais. « Je t’attends depuis une heure !! » Et avant même qu’elle ne dise quoique ce soit, je la pris par le bras pour éviter le groupe. Je n’essayais pas de me faire le héros de ces dames, mais je ne pouvais pas non plus fermer les yeux. Ne cessant de penser à ma fille. Si ça avait été Vesta, j’aurais aimé qu’on l’aide et non pas qu’on la laisse se démerder face à un groupe d’hommes.

Perdre quelqu'un je devrais y être habitué. Et bien il faut croire que non. Sans doute que ça fait de moi une personne humaine. Que malgré ce que je peux croire, j'ai un cœur. Alors, je lui rend hommage à ma façon. Ce soir j'ai bu, beaucoup trop, mais ça m'a fait un bien fou. Je suis seule dans les rues et comme je suis dans le gaz je me met à chanter. Je pouffe de rire toute seule alors que je suis incapable de marcher droit. Je n'ai pas conscience du danger à ce moment précis c'est vrai. Je ne vois pas les hommes qui sont derrière moi et s'approchent. Je suis sûre que vu mon état je leur aurais fais un câlin ou un truc du genre. Je vois un gars venir vers moi et il me prend dans ces bras. Ce mec doit avoir le double de mon âge. Ah bon? dis-je en me laissant entraîner. Il m'attendait ? Je m'arrête et l'analyse en essayant de me souvenir si je le connais. Mais vous êtes qui vous ?

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Avant je n'aurais surement pas fait tout cela. Non pas que je souhaitais fermer les yeux, mais chacun ses problèmes non ? Si on boit, seule, la nuit, c'est qu'on cherche en quelque sorte le danger, non ? Puis maintenant, quand je vois ça, je ne peux m'empêcher de penser à mes deux filles. Et alors je me dis que ces femmes doivent avoir une raison pour se mettre dans un tel état, sans forcément penser à ce qui pouvait se passer par la suite. Alors je fais le héros. Je déteste cela. Je ne veux pas être le héros, mais je ne peux pas non plus continuer mon chemin et faire comme si je ne voyais rien. Alors je m'avançais vers la jeune femme, faisant comme si nous nous connaissions et l'emmena déjà un peu plus loin de ce groupe d'hommes. "Non ... mais chut." Lui murmurais-je à son intention. Je n'allais pas lui mentir. Tout en l'éloignant du groupe, je leur jetais un regard. Ils se demandaient quoi faire, cela se voyait. "Je m'appelle Bastian. J'ai juste voulu vous aider." Puis tout en essayant de lui expliquer la situation, je la faisais marcher pour l'éloigner petit à petit. "Y avait ce groupe d'hommes... Mais je peux vous laisser seule si vous voulez." Je ne souhaitais pas la forcer non plus. Je ne voulais pas la brusquer et lui faire penser qu'un psychopathe l'avait sauvé d'un groupe d'hommes. Je lui laissais alors le choix.