VIKTOR A. IVANOVITCH-P ► Pierce Gagnon

Août 2024.

Moi, c'est Viktor. Au complet Viktor Alekseïevitch Ivanovitch-Praskoviya. Drôle de nom, je vous l'accorde. Mais il ne me dérange pas, au contraire. Et puis de nos temps, à Cambridge, la plupart des personnes qui ont mon âge environ n'ont pas des noms de familles ni prénoms communs, même si le mien est pas mal utilisé mais écrit différemment. Alekseïevitch est mon deuxième prénom, Ivanovitch est le nom de mon père et Praskoviya celui de ma mère. Je suis né un 15 Décembre 2008, à Moscou. Ma mère m'a raconté qu'à ses seize ans elle m'avait fait adopté, elle se sentait sûrement pas prête à élever un gosse d'autant plus qu'elle était mineur, et j'pouvais pas lui en vouloir. Puis c'est pas comme si elle avait jamais cherché à me retrouver ou si elle avait voulu me reprendre à mes quinze ans ou un truc du genre.

J'avais du quitter ma famille d'accueil à mes quatres ans. Une famille russe qui m'avait adopté dès ma naissance et avec qui j'étais resté quatre années. J'ai aucun souvenir d'eux et c'est peut-être mieux comme ça. Oui ils m'avaient adopté, oui j'aurai pu tomber sur une famille bien pire que ça mais quand on voit le père adoptif que j'avais, ça me donne pas envie de me rappeler de quelque chose. Ma mère biologique m'avait expliqué plus grand qu'il était le genre alcoolique, violent parfois et que j'avais failli me faire frapper si sa femme m'avait pas protégé. Elle avait l'air cool, elle. Mais j'ai besoin que d'un père et d'une mère, pas de deuxièmes parents. J'avais donc été placé en foyer comme à ma naissance et là Natalya, ma vraie mère avait entamé une procédure pour me retrouver et quelques temps plus tard, après avoir su que j'étais de nouveau placé en foyer, elle était venue en Russie avec mon père Aleksei, puis ils m'ont pris avec eux et m'ont emmené à Cambridge. Je me souviens juste que ça m'a fait bizarre de me retrouver du jour au lendemain à vivre aux Etats-Unis, ne plus voir les autres enfants et adultes du foyer, changer radicalement de vie. Mais ce n'était pas pour me déplaire, ma mère me traitait super bien, ça se voyait qu'elle m'aimait bien même si ça faisait pas longtemps qu'elle me connaissait. Après tout, je suis tout de même son fils. Elle avait pris une appartement à Cambridge pour s'occuper de moi. Quant à mon père, il venait quelques fois me rendre visite, même si je le voyais pas tous les jours il avait l'air gentil. Je me souvenais que j'avais du mal à me faire à l'idée que du jour au lendemain j'avais deux parents que j'habitais dans un appart cool, que mes parents étaient riches et que j'allais enfin avoir une vie normale.

Concernant ma rentrée en primaire, j'avais eu un peu de mal. Je connaissais pas beaucoup d'Anglais. Les premières semaines, j'écoutais sans parler et sans trop réussir à suivre certaines fois, mais à part faire des dessins on faisait pas gros chose. Je restais un peu dans mon coin et parlais pas beaucoup. D'un côté, c'était frustrant de pas comprendre ce qu'on te disait, mais à force d'entendre les mêmes choses, d'avoir la maîtresse et la mère qui t'aide, ça devient un peu plus facile. Lorsque j'ai réussi à aligner des mots correctement, je commençais à m'ouvrir un peu plus aux autres, à jouer à la récré avec eux ou en classe à rigoler quelques fois. Finalement, les mois passaient et j'avais tout de même réussi à me faire des amis et à m'amuser. Puis ce n'était pas comme si j'arrivais à Cambridge à mes dix ans, là j'avais le temps d'apprendre l'anglais puis c'était moins compliqué. Vers mes sept/huit ans, j'avais rencontré Aylin. Une fille super gentille, rayonnante et mignonne. J'étais pas du genre à faire ami ami avec les personnes aussi jeunes, encore plus quand c'était des filles mais Aylin et d'autres étaient l'exception. On parlait à la récré lorsqu'on se voyait et on faisait des jeux avec les autres, je la revoyais parfois en dehors de l'école mais elle n'était pas non plus une excellente amie. A mon passage en sixième, j'étais devenu plus grand, plus mature nous dirons. Je revoyais Aylin que quelques fois, mais bien moins souvent qu'avant et ça avait duré pendant trois ans. Lors de mon passage en troisième, Aylin elle passait en 6ème et c'était depuis ce jour-là qu'on restait souvent ensemble dans la cour, à l'extérieur etc. Les mois passèrent et Aylin devint ma meilleure amie. On avait pas le même âge, c'est sûr mais on avait de bons délires, on s'entendait super bien, elle était là pour moi comme l'inverse. Miss Montgomery est en gros une personne à qui je confiais tous mes soucis même si à ce moment-là je n'en avais pas vraiment. Même en quittant le collège, je gardais contact avec elle que ce soit sur les réseaux sociaux, sms ou quelques fois lorsque je passais à son collège pour qu'on aille en ville ensemble y passer quelques heures. Et c'est donc depuis la sixième d'Aylin que nous sommes devenus les meilleurs amis du monde.