et un jour une femme (aysel)

Un sourire au médecin, je me lève fièrement de la chaise. Je vous avais bien dis que j'aurais la plus belle cicatrice de la ville. Que je lance en riant légèrement, enfilant rapidement ma veste. Dire que je me suis coupée il y a six mois de cela, en colère, complètement ravagée par la colère et la tristesse de voir mon meilleur ami me tourner et aujourd'hui, nous sommes ensemble. Comme quoi, tout peut arriver. Tout peut changer. Je salue le praticien et me dirige vers la sortie lorsque j'entends un infirmier dire qu'il va s'occuper des pansements de la jeune Ridley. Je m'arrête au milieu du couloir, tournant les talons et interpellant rapidement l'infirmier en question. Bonjour. Excusez-moi mais... Mlle Ridley-Blackwood est là ? Je n'ai pas eu de nouvelles d'Aysel depuis un petit moment déjà - je n'en ai pas pris - mais je me suis toujours plus ou moins bien entendu avec elle alors forcément, ça m'inquiète. Il m'excuse qu'elle est en chambre et a besoin de quelques soins. Des remerciements plus tard, je le suis du regard et attend de le voir resortir de la chambre pour me diriger vers celle-ci. Ma robe blanche qui ondule au rythme de mes pas, je m'approche doucement de la chambre de la demoiselle et frappe, laissant passer ma tête. Hey. Je peux entrer ? Que je demande avant de faire un pas vers elle. Mais qu'est-ce qu'elle fait là ? Dans cet état ? Il n'y a jamais rien qui va comme il faut dans cette famille, c'est du grand n'importe quoi...

@Aysel Ridley-B

Liam était resté jusque l'heure de fermeture des visites et encore, le personnel soignant a dû le foutre dehors, j'avais bien rit. Quant à Wesley, il a passé la nuit avec moi. On était un peu serré dans ce lit mais shooté comme je suis aux médicaments, je suis tombée comme une masse. Il a d'ailleurs fallu qu'il me réveille ce matin pour ne pas qu'il parte sans me prévenir. Je suis retombée aussi tôt. L'infirmier passe me voir pour changer les pansements et le sac de morphine. Je me demande bien combien de temps je vais devoir garder cette perfusion dans la main. Je souffle, je grimace de douleur alors que le bel infirmier commence à retirer la masse de pansements. C'est pas joli à voir, j'avoue. Ce requin ne m'a pas loupée. Je sais que je vais devoir encore passer sur la table d'opération une ou deux fois, d'après le chirurgien. Il faut qu'il répare les tissus mais surtout les tissus musculaires et nerveux. Je me voile pas la face, la chaise roulante va devenir ma nouvelle meilleure amie pendant un long moment. Un très long moment. L'infirmier me sourit, essayant peut-être de me rassurer car comme d'habitude, mon regard parle à ma place. Toutes mes émotions et mes sentiments passent par mon regard, c'est de famille je crois. Ca va. Je gère, je cache la douleur. Une fois le soin fini, il quitte la chambre en me faisant un clin d'œil. Nan mais pourquoi je suis tombée sur un infirmier hyper canon ? Ca va pas, ca. Je m'apprête à répondre à Aidan quand une tête féminine passe la porte. Aaah enfin un peu de soutien féminin. Ca change des garçons autour de moi. La jeune femme s'approche de moi et je percute. Ella ? What ? Elle fout quoi là ? Oh god, une heure plus tôt et tu te retrouvais nez à nez avec ton ex... et franchement, pour rien au monde j'aurais voulu voir cette scène. Ou peut-être avec du pop-corn au final. Je lui souris, malgré tout ça me fait plaisir de la revoir.

Lorsque j'ai entendu son nom prononcé dans les couloirs de l'hôpital, je me suis imaginée le pire. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'avec les Ridley, il faut toujours se préparer au pire. Je sais très bien qu'ils ne font pas dans les petites fleurs et la dentelle, loin de là même. Alors, instinct ou pas, crainte de retrouver Aysel avec des trous dans la peau ou pas, je suis l'infirmier et me cache derrière un mur quand il quitte sa chambre. Ce sera rapide, une visite de courtoisie mais aussi pour voir si elle est toujours en un seul morceau. Cela m'étonne que Will ne m'ait rien dit mais nous n'avons pas trop eu le temps de discuter ces derniers jours, ma colère et ma famille prenant tout mon temps de cerveau disponible. Alors doucement, je m'approche de la porte, m'attendant au pire. Ces couloirs, je les connais pour y avoir passé des journées entière il y a seize mois de cela. Et puis avec Dimitri aussi. J'aimerais que mon entourage et mes connaissances restent loin des blocs opératoires mais cela me semble mission impossible. Mais quel accueil ! Que je souffle en riant légèrement quand elle mentionne Wesley. On a l'habitude de se croiser et tu aurais son plus beau move ! La fuite, comme si je sentais mauvais. J'en ris mais ce n'était pas franchement facile de le voir fuir comme la peste au début. Mais bon, on se fait à tout et si nos échanges sont désormais cordiaux et très rapides, je crois qu'il avance. Je lui souhaite en tout cas. T'aurais eu un peu d'animation... Enfin, t'as l'air de t'être débrouillée toute seule pour ça. Je la regarde emballée de partout et souffle On vous a jamais dis chez les Ridley que vous n'aviez pas besoin d'être aussi extrêmes pour attirer l'attention des gens ? Un clin d'oeil dans sa direction, je m'approche un peu plus et me penche pour embrasser sa joue. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

j'avoue que pour le coup, il y a mieux comme accueil. oups. après wesley ne me parle jamais d'ella enfin il a déjà mentionné le fait que cette situation le faisait souffrir et qu'il avait besoin de passer à autre chose et j'crois bien qu'il en a profité quand il est venu me rejoindre au sc mais c'est pas mes affaires et franchement, j'ai déjà bien assez avec mes soucis et je suis pas du genre à aller chercher les infos. ah ? depuis quand ils acceptent de se croiser sans se bouffer la gueule ? comme quoi, je suis jamais au courant de moi. je hausse les épaules, c'est vrai que dans notre famille, on fait jamais rien à moitié, ya toujours du drama mais on s’ennuierait sinon. une famille de dingues, j'vous l'dis. je souris à la jeune femme. ça me fait vraiment du bien de la revoir. je me rappelle nos délires, on nous arrêtait pas, des fous rire mais aussi des moments où je pouvais lui parler sincèrement mais depuis sa rupture avec wesley, elle s'est éloignée et je la comprend parfaitement mais du coup, elle m'a un peu viré de sa vie et j'ai pas non plus cherché à la contacter. j'crois qu'elle pense que comme je suis hyper proche de mon cousin, c'était logique que je sois de son côté. je me mêle pas des affaires de cœur, elle aurait dû le savoir. j'ai voulu aller chercher la vague sur une ile éloignée où j'ai entendu que c'était génial pour y faire du surf sauf que je suis allée trop loin. je balance la tête de droite à gauche. et tu me connais, je repousse toujours mes limites. je souffle, qu'est-ce que je peux être con des fois. je l'ai dérangé sur son territoire, son garde manger n'était pas loin et j'ai rien vu, j'ai pas fait gaffe. il a juste voulu défendre son territoire, je lui en veux pas. mon regard se tourne à nouveau vers ma jambe gauche. il m'a pas loupé. dis-je en plaisantent. et toi alors, comment tu vas depuis l'temps ? parce que oui, j'aime pas parler de moi mais ça m’intéresse vraiment de savoir ce qu'elle devient.

Il faut dire que me voir deux fois par semaine venir chercher Eden et le déposer doit aider. À accepter que les erreurs qu'il a fait n'ont désormais plus de rédemptions possibles, qu'il n'y a plus de retour en arrière possible. Il est temps de passer à autre chose et je crois que si nos entrevues sont cordiales, elles risquent de disparaître petit à petit lorsque le sujet de ma grossesse sera abordé et visible. Je ne compte pas lui en parler, clairement pas, mais à un moment, mon ventre commencera à se dessiner et je ne pourrais pas le cacher. Pour quoi, surtout ? Lui éviter de souffrir ? Je n'ai plus à essayer de le protéger. Je l'ai trop fait et j'ai perdu bien trop dans la bataille. Mais je ne suis pas là pour penser à mon ex petit-ami mais bien à la jolie brune, alitée et coincée là pour un petit moment vu l'état de son corps et de sa jambe. Je l'écoute et fronce les sourcils. Attends. Tu t'es fait mordre par quoi Aysel ? Ma voix monte légèrement dans les aigus, m'inquiétant plus que de raison. Elle va bien, elle est entière, ça ne devait pas être trop dangereux, non ? Vous jouez tous avec la mort... Et ça me dépasse plus que ça m'agace. Je ne comprends pas, vraiment pas. Pourquoi avoir envie de mourir de la sorte ? Pour l'adrénaline ? Franchement, qu'ils sautent d'un pont sans élastique, direction la rivière et un mauvais mouvement peut leur briser tous les os. Ça va. La routine tu sais. Bosser pour Marriott, je me suis installée avec mon petit ami. Ça va vite avec Jeremiah mais pourquoi tout ralentir ? S'il y a bien une chose que j'ai compris ces derniers mois - et surtout cette dernière année - c'est qu'à essayer de respecter les soit disant normes, on fait de la merde. Et je n'ai plus le temps pour ça. La rentrée qui est déjà là, la fin des vacances... J'ai hâte d'être le mois prochain pour voir Eden déguisé à Halloween et aller chercher des bonbons avec lui. Son petit cousin, mon filleul. T'essayais un déguisement en avance, c'est ça ? Et tu vas faire comment pour les cours ? Toujours protectrice. Je n'ai plus vraiment mes frères à couver alors mon tempérament se déplace sur elle. Oops.

j'avais oublié ce détail avec tout ce remue ménage là. c'est qu'ella est la marraine de eden. j'suis vraiment trop con. tu sais, j'ai passé pas mal de temps au manoir en juin et je t'ai jamais vue. je bloque mon dos à nouveau dans les coussins. au moins je suis bien traitée ici, c'est déjà ça mais la bouffe par contre, elle laisse a désirer... en plus j'suis végétarienne alors je vous dis pas à quoi j'ai droit. par un requin blanc, ella. je reste vague sur le sujet, je dis jamais que c'est un requin qui m'a fait ça parce que dans ma tête, c'est uniquement ma faute pas la sienne. j'éclate de rire face à la réaction de la jeune femme. son tempérament m'avait manqué aussi. elle enchaine sur sa vie professionnelle et sa vie personnelle. wait wait wait... ton petit ami ? je croise les bras prenant l'air faussement choquée. un sourire malicieux nait sur le coin de mes lèvres. tu as une photo ? comment il s'appelle ? oué je fais ma curieuse pour une fois mais je veux savoir qui à le mérite de la rendre heureuse. change pas de sujet, oh. dis-je en riant. je crois que cette année, je vais pas pouvoir vous suivre pour aller chercher des bonbons. l'air un peu triste, j'avais promis à wesley et will de passer du temps avec eden parce qu'à la base, moi et les enfants, c'pas ça, j'suis pas fan mais il est de mon sang et il faut que je me bouge surtout que le petit bout me réclame. mais là avec cet accident du coup, ça chamboule tout. cours en visio pour commencer mais dès que je sors d'ici, je reprends les cours normalement, c'est juste que je me déplacerai en chaise roulante. pas trop le choix façon, les béquilles c'est pas pour tout de suite. au fait, c'est will qui t'a dit que j'étais ici ? sinon j'vois pas comment elle l'aurait su.

Je suis pourtant là tous les mercredi en fin de matinée et de retour le jeudi en fin de journée. Mes vingt quatre heures avec Eden. Quelque chose auquel je tiens plus que tout, bien que ça ne soit pas au goût de tout le monde. Je l'écoute me raconter sa mésaventure en vacances et quand elle m'annonce quel animal l'a mordu, je grimace fortement. Putain, y a qu'à elle que ça pouvait arriver, ce genre de choses. Un requin blanc. Rien que d'y penser, le peu de poils qu'il me reste sur le corps s'hérisse et je mets quelques secondes à revenir dans la chambre d'hôpital. On aurait pu ne jamais te retrouver. Et je ne suis pas là pour lui faire la morale ni même la réprimander mais ce n'est pas l'envie qui me manque. Vraiment, le danger au travail, pousser ses limites, oui. Mais comme ça ? Non. Bien sûr que j'ai une photo et il s'appelle Jeremiah. Mon Jem, mon meilleur ami. Le premier à m'avoir accueilli à Oxford, celui qui ne m'a jamais abandonné ni fait de mal alors que Dieu seul sait que je lui en ai fait. Je change pas de sujets ! Mais c'est bientôt... Une nouvelle étape avec Eden et pendant que je rêvasse à tout cela, je sors mon téléphone et lui montre une photo de Jeremiah et moi, avec Cameron - sa fille - le tout à Londres. La maison. Tiens regardes. Comme il est beau, comme il est souriant, comme la joie émane de son visage. Je l'aime, aucun doute là dessus. Tu vas bien réussir à te trouver un joli jeune homme pour te pousser dans les couloirs de l'université. Et je n'ai aucun doute que son entourage fera son maximum pour l'aider et la soutenir. Et... Non ! J'ai entendu un infirmier prononcer ton nom et je me suis inquiétée. Elle me connaît, j'ai toujours été comme ça pour les gens dont je suis - ou ai été - proche, ce n'est pas aujourd'hui que cela va changer.