I tried being reasonable, I didn't like it [Alexia]

lippes qui se retrouvent de nouveau recouvertes d'une fine couche de rouge à lèvres. dernière retouche de maquillage avant de refermer ton étui. les opales qui fixent avec intensité l'image que tu renvoyais à travers le miroir. partagée entre la curiosité et le doute. tiraillée entre l'envie de la connaître et celle de mettre des barrières dès le début. une éternité que t'avais pas ressenti une pareille stimulation à travers de banals échanges sms. te rendant finalement compte que t'attendais étonnamment avec impatience ses réponses. mauvais signe. complexité d'une situation qui semblait se répéter inlassablement. ton coeur censé appartenir à un autre tandis que tes pensées se tournaient vers une parfaite inconnue. soupir las qui filtre tes lèvres, apposant ta paume de main contre ton crâne. le coude en suspension sur le rebord de la fenêtre. paysage nocturne qui défile à travers tes yeux, te donnant un instant de répit pour remettre de l'ordre dans ces pensées perturbées. pensées inconcevables. intérêt insensé et invraisemblable. t'allais simplement te servir d'elle comme cobaye. te servir d'elle pour t'entrainer sur un corps lambda. un rendez-vous professionnel ni plus ni moins. l'arrêt soudain du taxi te fait sursauter. tu jettes un regard noir au conducteur, pas fichu de s'arrêter proprement. pièces de monnaie données en échange de cette course, tu t'empresses de sortir du véhicule pour rejoindre alexia au point de rendez-vous. ralentis jade. ne montre pas que t'es pressée de la rencontre. ne lui fais pas comprendre que t'es un coeur modulable. une âme instable. qu'un simple regard suffirait à te faire chavirer. à perdre complètement pied et devenir déraisonnable. divine brune qui t'attendait à l'heure tapante. t'attends d'être à sa hauteur pour lui décocher un sourire, dissimulant ainsi toute ta nervosité. "ça fait longtemps que tu m'attends ?" tu demandes gaiement, ne pouvant t'empêcher de jeter un regard discret en direction du corps exquis qu'elle comptait t'offrir. tu t'emballes jade, juste son dos en réalité.  

Y a de la hâte, y a de l'envie, l'envie de découvrir un peu plus de cette jolie fille aux yeux claires qui était apparue par pur hasard dans mon feed meetsa. Mais quel hasard ? Hasard, coïncidence, destin, fortune, appelez ça comme vous le souhaitez. Moi je ne l'appelle pas, je le provoque. J'envoie le message, le premier, celui où on ne sait pas vraiment quoi dire si ce n'est qu'un commun "bonjour, ça va ?" Parfois ça suffit, parfois pas. Qui sait ce que nous réserve la soirée ? Peut-être qu'elle finira avec ses mains sur le dos, sa paume contre ma joue ou encore sa chaleur près de la mienne. Les boucles des cheveux qui épousent la forme des boucles d'oreille, les lèvres saignent un pourpre de rouge à lèvre. Les talons aux pieds et le sac assorti qui renferme trop de merveilles pour être listées. Un dernier coup d'oeil dans le psyché. Y a un truc qui va pas. La robe noir ? Non. Le décolté ? Certainement pas. Nan, c'est les chaussures. La panique, les billes qui roulent dans l'appartement, je vais finir par être en retard avec toutes ces bêtises ! Les dressings ouverts, les doigts glissent sur la tonne de chaussures. "J'vais jamais trou- AH ! CA !" De jolies sandales que je ne pourrais plus porter d'ici 3 mois, quand la neige aura fait son apparition comme un manteau sur le sol. Une fois les chaussures enfilées, c'est en courant que je descends jusqu'au parking. Bon, peut-être pas en courant, l'ascenseur ne court jamais... mais la montre au poignet, je la regardais trop souvent. Et c'est une quinzaine de minute plus tard, j'étais garée et les coudes sur la rembarde du Waterfront quand une douce voix, bien trop agréable pour être ignorée m'apostropha. "Oulala, bien trop longtemps ! Une éternité ! Ca fait bien ... trois minutes que je suis là." Le rictus aux commissures, y a des étoiles dans mes yeux. Vous savez quand vous voyez quelqu'un de plus beau encore que des photos ? Bah c'est ça. En espérant et souhaitant son célibat ou sa liberté. "Viens, j'ai réservé une table au calme dans un bar un peu huppé" Un peu -trop- huppé pour être honnête. Alors, la main s'agrippe à celle de Jade paume contre paume et je l'attrape avec moi avec cette hâte au ventre.

le regard subjugué qui ne pouvait s'empêcher de la détailler plus longuement. une beauté sauvage, un délice visuel, un désir qui naissait au fond de toi, indubitablement. ne sachant pas où te mettre, n'ayant pas l'habitude d'être aussi nerveuse d'ordinaire. un sourire mutuel qui épouse la forme de tes lippes lorsqu'elle t'annonce qu'elle n'était pas arrivée depuis si longtemps. sourire qui s'apparentait davantage à une grimace d'angoisse. rassurée de savoir que t'étais pas arrivée en retard. "tant mieux dans ce cas, j'ai essayé de faire au plus vite..." t'admets, replaçant correctement la hanse de ton sac à main. geste mécanique, geste fébrile face à cette tension qui venait de vous envelopper. pourquoi fallait-il qu'elle soit aussi belle ? les lippes pincées, tu t'évertues à dévier tes opales des siennes dès qu'elle tente de capter ton regard. chose relativement aisée. jusqu'à ce qu'elle vienne s'emparer de ta main pour l'emprisonner contre la sienne. la bouche entrouverte, le sourcil arqué, t'es désemparée face à ce rapprochement auquel tu ne t'y attendais pas. ton corps forcé de suivre le sien à l'intérieur du bar. battements d'un coeur ébranlé qui s'accélèrent, tressaillement de désir qui s'empare de toi. l'espace d'un court instant. "oh donc tu m'invites à manger maintenant ?" tu demandes, intriguée par ce changement brusque de programme. "l'endroit est vraiment magnifique" t'ajoutes, le visage relevé qui pivote dans sa direction. lui décochant un sourire ravageur. ton charme qui opérait involontairement.

Ca m'arrive pas souvent les timides. Timidité quand tu nous tiens. Mais y a ce truc en toi qui, à travers l'écran à su provoquer un sentiment étrange et l'envie. l'envie de te bouffer des yeux et de toucher ta peau. Alors y a ces gestes anodins, ceux qu'on ne remarque pas quand on ne regarde pas ... Mais moi, je les observe, je t'observe, dans ton entièreté. Je les vois, tes petites expressions de gênes, celles qui veulent dire "Oh non" alors que dans ton esprit, il n'y a que de la curiosité. Qui je suis ? Le grand méchant loup. Alors je t'attrape, te kidnappe, je te vole aux yeux du monde pour te faire traverser la porte rouge qui nous mènera au pays des rêves. Quelle histoire préfères-tu ? Celle où tu désertes ou celle où tu t'émerveilles de chaque petit détail de la pièce. "Si tu as faim, bien sûr." Mais ici, il y a quelque chose de plus précieux encore. Il y a l'âme des enfants mélangée à celle des adultes. Il y a l'innocence et la maturité, il y a les chimères et la réalité. Les doigts agiles volent une unique carte que je te tends après t'avoir aidé à t'asseoir. "Ici, chaque cocktail porte le nom d'un livre..." Quel sera le tien ? Quelle sera l'histoire à me compter ? Tes opales qui traversent les lignes, les couleurs, tout ce qui fait de cette endroit un peu de poussière de fée et quand le serveur arrive, je te demande de commencer ...

inconnue qui bouleverse cet équilibre que tu t'efforces constamment de maintenir. telle une tornade qui renverse tout sur son passage. elle te fait cet effet là. ta main prise en étau dans la sienne, elle t'embarque dans son monde. et sans réfléchir un seul instant tu l'accompagnes. parce que t'es curieuse de la connaître. curieuse de comprendre pourquoi elle te déconcerte à ce point. les corps qui s'assoient l'un en face de l'autre. déstabilisée par ce regard qu'elle t'offrait. t'étais pourtant loin d'être aussi timide d'ordinaire. elle t'intimidait. sensation nouvelle que tu découvrais. et qui était loin de te déplaire. tes iris qui se détournent de cette femme ensorcelante pour venir s'émerveiller sur chaque détail qui t'entourait. "j'adore cet endroit ! c'est vraiment original et.... envoûtant" tu murmures, butant maladroitement sur le dernier mot. image de son corps qui réapparait dans ton esprit. restant gravé. incapable de t'en défaire. "pas envoûtant !  je voulais dire... étrange quoi mais dans le bon sens..." tu t'emmêles. tu bafouilles. et c'était jamais bon signe. mentalement, tu t'imagines en train de te frapper la tête. mais quelle idiote tu faisais. ton assurance dépérissait à mesure que ses opales te dévisageaient. t'avais envie qu'elle cesse. qu'elle cesse cette attraction qu'elle exerçait sur toi. sur ton être. tu récupères la carte qu'elle te tend, faisant attention à éviter le moindre contact physique. ne désirant pas connaître les réactions corporelles que tu subirais. "hm je vais prendre la petite fille aux allumettes..." tu t'adresses au serveur arrivé entre temps avant de te concentrer sur ton inconnue. " et toi tu vas prendre quoi ?" 

On pourrait dire des milliers de choses sur toi, sur ton sourire, sur la joie que tu dégages. Mais en réalité, y a peut-être juste pas assez de mots pour décrire ce qu'il se passe quand mes yeux se posent sur la moindre parcelle de ton corps. T'étais jolie sur meetsa, canon on pourrait dire. En réalité, t'es beaucoup plus. T'es le diable, t'es le serpent qui me tente trop à pêcher, t'es l'envie, l'interdit, t'es une sorcière ensorcelant un peu plus mon cœur à chaque battement. T'es l'attirance, sa définition la plus réelle parce que y a tes lèvres, ton cou, jusqu'au bout de ta peau que je veux mordre. Mais je me contenterais pour l'instant de l'intérieur de ma pulpeuse, de ma joue jusqu'à presque sentir le goût âcre à force de me contenir, à force de me retenir d'attraper tes lèvres et de t'enlever l'once d'innocence qui flotte trop loin dans ton regard. On pourrait croire que c'est de la timidité si seulement on n'était pas déjà sûr qu'au fond de toi, tu te retiens aussi. Alors y a tes yeux qui se sont décrochés pour regarder la carte puis tu as passé commande. "Un Petit Prince je vous prie." Parce qu'au fond de moi, je ne suis peut-être qu'une enfant en quête d'aventure, qu'une businesswoman qui aime trop compter ses conquêtes, qu'une ivrogne de l'amour qui a honte d'être ce qu'elle est et qui se cache entre son mode de vie dans l'ombre et un visage angélique et des notes trop hautes dans la lumière, peut-être que je ne suis qu'une renarde qui attend qu'on l'apprivoise, peut-être que je ne suis qu'une rose qui attend que quelqu'un l'aime ? Le serveur s'éloigne mais la question se devait d'être posée. "Pourquoi la Petite Fille aux Allumettes ?"

t'arrives pas à comprendre cette attraction qu'elle dégage. cette alchimie qui semble se créer en un court instant et qui se propage beaucoup trop rapidement. d'un simple regard. ses lippes se mettent en mouvement et tu ne peux pas t'empêcher de les fixer. intensément. avec envie. avec avidité. qu'est-ce qui t'arrive jade ? te laisse par envoûter. persuadée que si tu maintenais plus longuement cet échange visuel, tu succomberais à ce désir qui prend forme. désir qui grandit à mesure que les secondes s'écoulent. discussion sur ton choix de boisson qui te permet de te concentrer sur autre chose que ses pulpeuses. te maudissant d'être aussi réceptive à ce charme exotique. "disons qu'elle me permet de me rappeler que je ne veux pas mourir seule..." tu lui révèles, plongeant de nouveau tes iris feignant l'innocence dans les siens. "hm tu crois que ce serait possible d'éviter ce regard que tu me lances depuis tout à l'heure... ? ça... ça me perturbe..." tu mens effrontément, retenant ton souffle. les palpitations semblant être en désaccord avec tes mots qui se voulaient décisifs. tu devais prendre du recul dès maintenant. il le fallait. cette inconnue, tu le sentais elle était capable de bouleverser ton existence. tentation dangereuse qui ne te laisserait pas indemne.

T'as cette peur qui te dit que t'es pas capable d'être seule. T'as ce besoin humain, ce besoin d'être dans les yeux de quelqu'un, t'as ce besoin presque charnelle de t'accrocher à un.e autre. C'est pas qu'une envie, pas qu'une lubie, c'est qui tu es. J'ai toujours eu cette impression que les livres, comme les chaussures étaient une partie de nous, une partie de qui nous sommes au fond de nous même, comme une description un peu implicite. C'est beau les livres, ça raconte des histoire sur nos vies. Alors on s'y accroche, raccroche comme un vieux disque rayé. Puis y a tes lèvres qui se séparent pour laisser passer ce supplice, cette demande que trop particulière qui me fait sourire. "ça te perturbe ou ça t'attire ?" Le regard se détache pour rejoindre la vue du barman qui nous préparait nos boissons de façon fantaisiste. La jambe se détache, effleure doucement, tendrement mais volontairement le côté de ton mollet jusqu'à passer au dessus de mon autre genou pour se croiser à sa jumelle. J'pourrais te faire supplier de continuer mais je me contenterais de te faire avouer que t'en crève d'envie. "On meurt tous un jour... Le plus important, c'est de savoir comment on veut vivre notre vie tant qu'on est vivant. Aristote a un jour dit "puisque le passé n'est plus, puisque l'avenir n'est pas encore, puisque le présent lui-même a déjà fini d'être avant même qu'il a commencé d'exister, comment pourrait-il y avoir une réalité du temps ?". Alors la seule chose qu'on peut dire, c'est qu'il faut vivre chaque minute, chaque seconde comme si c'était la dernière et faire ce que l'on a vraiment envie."