Italian traffic (one shot)

03 septembre, Palerme.

Simuler un voyage d'affaires en France. Sauf que c'est à Palerme que tu débarques d'un avion privé, affrété par la mafia depuis Paris. Tu es attendue comme le messie, le messager des affaires de La Piovra. Ta famille est désormais à la tête de la branche américaine et tu es celle qui est la plus maligne pour gérer les affaires, alors c'est toi qu'on envoie pour négocier les contrats. Celle qu'on imagine le moins faire partie de ce monde de violence. Trop réputée pour être repérée. Le leurre parfait . Rendez-vous donné dans un restaurant tenu par la Cosa Nostra, où même les flics font partie de la maison. Perruque brune que tu portes fièrement. Lentilles sombres pour paraître inconnue. C'est ainsi qu'ils te connaissent depuis le temps. « Aura, cuomo vai ? » Le chef est au bout de table, gros cigare cubain qui enfume les lieux. Les flingues sont posés sur la table. Tu poses le tien en signe de respect, mais tu gardes celui qui est dissimulé dans ta botte. « Tutti va bene. » Malette que tu poses sur la table, avant de l'ouvrir face au grand patron. « L'argent dort paisiblement aux Bahamas. Dans un mois, il sera de nouveau possible de le faire fructifier dans un commerce de façade et étendre les profits où tu le veux. » On te sert un whisky et un cigare. Chacun respecte ta présence malgré le fait que tu sois la seule figure féminine autour de la tablée. La discussion d'affaires dure une bonne partie de la soirée, entre vin, plats divins et une bonne tranche de tiramisu. S'en suit un poker, où tu rafles 39.000€. L'art de la manipulation coule dans tes veines.

04 septembre, Syracuse.

Hôtel quatre étoiles. Ne pas se réveiller seule. Envoyer l'amante voir ailleurs si tu n'y es pas. Le téléphone sonne. Circus. Lui dire que tout va bien, de ne pas s'inquiéter, que tu rentres dans 48 heures. Lui éviter un voyage inutile dans un lieu où tu ne seras pas. Attendre un nouveau coup de téléphone du patron qui t'a confié une autre mission. Un contrat dans cette ville. Une tête à abattre. Un homme, logeant dans cet hôtel à partir de dix-huit heures. Rester aux aguets d'une arrivée plus tôt. Téléphone italien qui vibre. La cible est en route. Va dans le hall dans dix minutes. Le reste du travail sera simple. Passer pour une cruche, il aime trop les femmes pour ne pas tenter de te séduire et de t'inviter au restaurant de l'hôtel. Il voudra t'inviter dans sa chambre. Le reste, tu sais quoi faire. Coucher avec lui. Il aime l'asphyxie érotique. Feindre une crise cardiaque. Quitter la chambre une demi-heure plus tard, comme s'il était encore en vie. Ils feront la macabre découverte le lendemain quand il ne descendra pas. Cible éliminée..

05 septembre, Paris

Perruque brune brûlée et porter la châtain clair. Alias numéro 12. Simona Trucci. Avion pour Boston. Retrouver ta femme dans quelques heures, pour la surprendre plus tôt qu'annoncé. Ne rien dire de ces aventures. Ne rien dire de ce passage italien.