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Il y avait quelque chose de paradoxale dans ta posture, lorsque tu révisais tes cours en fin de journée. Peut-être était-ce dû à ce pli perplexe qui se creusait entre tes deux yeux à chaque fois que ton regard survolait un passage obtus de ta composition, a tes dents qui venaient épisodiquement maltraités ta lèvre inférieure avec un acharnement presque douloureux, de tes yeux sombres dépourvu de tout artifices qui sondaient l'épais volume poussiéreux ouvert devant toi. Un visage concentré de première de la classe. De celles qui finissent toujours dans le Top 10 du classement et font mines d'êtres étonnées devant le tableau des résultats. Un masqué préconçu qui jurait cruellement avec ta posture désinvolte, en vérité. Tes épaules demeuraient basses là où elles auraient dû paraitre droites et tendus, le buste un peu trop incliné vers l'avant, les avant bras posés sur la surface en bois vernis de l'immense table en acajou. Un maintient qui aurait fait grincé les dents de ta mère et t'aurait valut un regard désapprobateur de ton géniteur, à n'en pas douter. Une attitude de petite fille qu'on aurait assise de force devant ses cahiers de cours après avoir reçu son bulletins trimestriel. Ta main droite passant d'une feuille à l'autre sans que tu n'es à levé les yeux de tes documents. Ta moue presque boudeuse semblait hurlé à qui voudrait bien l'entendre, plaintive, un "ras-le-bol de toute cette merde, laissez moi sortir d'ici". Alors que ton regard lui, dissuaderait n'importe qu'elle étudiant lambda de te dérangé durant ton travail.
Et il y avait quelque chose de frénétique, dans la manière dont ta main bougeait au dessus des feuilles de papier étalés. Quelques embrouillons d'idées que tu aurais put omettre dans un résumé précédemment rédigé. Désordonnés sans vraiment l'être. Abstrait, un peu comme leur propriétaire.
Tes yeux finissent par se détacher de ton ouvrage, pourtant. Ils se posent sur l'horloge murale accroché au dessus de la grande porte. Un peu brumeux, légèrement songeur. Un peu comme si tu tentais confusément de te remémoré une information égarée au milieu du trop plein d'information que tu venais d'emmagasiné. Boulimique à ta façon, dira-t-on.
▬ 18h25, elle ne devrait plus tarder maintenant.
Tu te redresses sensiblement, creuses le creux de tes reins et tends tes bras en avant. T'étires comme un chaton émergeant encore de sa sieste. Oui, il ne te restait plus beaucoup de temps avant l'arrivé de ton élève improvisée; Juste assez pour que tu puisses mettre de l'ordre dans tes affaires et émerge de ton état à la limite de la transe involontaire.
Après tout, le savoir est à l'érudit ce que l'opium est à l'artiste.
kang choon-hee ©
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