jeudi 19 aout 2021 Aéroport de Port-au-Prince-Toussaint Louverture, Haïti
@Ottis Heimann Trois avions et 32 heures de voyages plus tard, te voilà enfin en train de sortir de l'appareil et retrouver l'air chaud et lourd des Caraïbes en été. Trois avions et 32 heures à cogiter, encore et encore, sur la saveur de ce moment. La saveur de ce moment parfait qui sera entaché par sa rancœur et sa déception, si tant est qu'il en est encore ? T'espères tellement qu'il n'en ai plus. Tu stresses comme pas possible, t'es dans un état de nerfs affreux, pas fatiguée non mais angoissée. T'as dormi tout les trajets du second et troisième avion, si bien que t'as l'impression de sortir d'une grosse sieste revigorante. C'est juste le décalage horaire qu'est perturbant, t'as l'impression que c'est la soirée bien bien entamée alors qu'ici ce n'est que le milieu d'après-midi. Il sait que t'arrives à cette heure, tu lui a écrit à chaque étape du voyage qui te le permettait. T'attends ta valise, l'air tellement dans tes pensées que tu sors de ta torpeur seulement à la troisième fois qu'elle passe devant toi, quand tous les autres passagers sont déjà partis autour et que c'est un steward qu'est venu te tapoter l'épaule pour te le faire remarquer. Tu traverses le hall de l'aéroport, n'a pas eu de réponses au message où t'as dit aller chercher ta valise, tu sais pas encore s'il sera là où si tu devras prendre un taxi pour aller le rejoindre sur le bateau. T'as tellement hâte de le retrouver tellement, même si ça t'angoisses comme pas possible. Si ce mois et demi vous a bien appris quelque chose, c'est que la distance ce n'est pas, mais vraiment pas, quelque chose qui vous réussit.
(Katalia Borgia)