Moment de panique (kassim)

@Kassim Malacki | Sensation désagréable dans le ventre qui persiste. Tu commences à flipper, toute seule chez toi. C'est trop tôt pour ça. T'es pas sensée ressentir ce genre de choses avant au moins fin novembre. Sortir de chez toi dans le mal, faire des pauses à chaque nouvelle crampe. Croiser quelqu'un sur ton passage, agripper son bras sans regarder son visage. « Emmenez moi à l'hôpital s'il vous plaît. » Redresser ton regard suppliant sur l'homme, reconnaître Kassim, le frère de Kassidy. Te dire que le hasard est quand même étrange. Te tordre de douleur.

Aller cherche les fameuses couches de nuit. Se retrouver bête devant plusieurs marques. Ne plus savoir lesquelles prendre. Acheter un paquet de trois marques différentes. A deux, elles allaient vite écouler le stock, non ? Atterrir en ville pour récupérer les boites à histoires que j'avais lu sur internet. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour mettre en place un rituel du coucher. Mes lectures ont radicalement changé. Récupérer les deux cadeaux. S'apprêter à partir quand je me fais agripper. Prêt à riposter. Reculer d'un pas, quand je découvre Shannon, visiblement en souffrance. Aller à l'hôpital ? Tu vas accoucher ? J'appelle Kassidy ? Tu vas pas faire ça là dans la rue hein ? Bon attends, prends moi ça. Lui refiler mon sac et la porter directement jusqu'à la voiture. Se faire violence pour ne pas jouer les brutes et la mettre à l'arrière. Faut souffler. J'ai vu ça sur une vidéo. Fais pas ça dans la voiture, je viens de la laver. Est-ce que je panique ? Peut-être. Non. TOTALEMENT. Arriver à l'hôpital et la porter jusqu'à l'accueil. Elle va accoucher. Elle a mal. Faites un truc, donnez lui des médocs. C'est pas mon gosse, mais je suis déjà en panique. Envoyer un message à @Kassidy Malacki. Suis trop vieux pour ces conneries moi.

T'as aucune idée de ce qui est en train de se produire dans ton corps. Tu te demandes si ton bébé va bien, qu'est-ce que t'as pu faire de travers pour que ça arrive si vite. C'est pas possible. T'as tout fait pour que ça se passe bien. T'as pas bu une goutte d'alcool depuis que t'es au courant. T'as pas fumé une seule clope. T'as pas été faire de sport sauf en chambre. Ton dernier rendez-vous chez le gynécologue était nickel. Mais là, t'as l'impression que tout fout le camp. Les larmes coulent sur ton visage à cause de la douleur et de la peur. « J'en sais rien. C'est pas le moment. Trop tôt. J'veux pas l'inquiéter. » Tenir le sac et te faire transporter comme un sac à patates. Suivre ses conseils, souffler. Sourire. « Tu engueuleras ton neveu si j'accouche là. » Gémir à chaque nouvelle contraction le long du trajet. Redevenir un sac à patates. Prise en charge du corps médical qui t'installe dans une chaise roulante. L'infirmière regarde Kassim. « Vous êtes le père ? » Pouffer de rire. Ne rien répondre, le laisser gérer avant qu'on t'embarque en maternité.

Mon neveu. Le cerveau se bloque. Mais attends, elle l'a fait avec quel homme de ma famille ? Pas moi, je m'en souviendrais. Et Kasspied n'a pas changé ses gênes reproducteurs, pas que je sache. Mais pas le temps de dire quoi que ce soit, et de prendre le risque de passer pour l'idiot du village. Arrivé à l'hospice. Ca pue toujours autant. Mais au moins, elle est prise en charge, j'aurais pas à gueuler pour passer devant tout le monde. Oui, c'est mal mais je m'en fous. Je m'étouffe à la question. Non, juste le .. Tonton du truc dans le ventre. C'est déjà de trop. L'infirmière me regarde visiblement choquée. Note à moi-même employer des termes plus conventionnels. Mais c'est vrai quoi, c'est étrange d'avoir un humain dans son ventre. Je crois que je suis pas si prêt à vivre ça. Demander si c'est grave et entendre un sans consultation, je peux savoir, suis pas devin. Ah ! Elle va prendre la confiance. Connasse va. Et suivre quand même parce que j'avais plus peur de ma sœur que d'une inconnue.

Qu'est-ce qui t'a pris de dire à Kassim que ce bébé était son neveu ? Tu vois dans son regard que t'as fait disjoncter deux neurones. Tu devrais la fermer. T'as même pas vu avec Kassidy si elle voulait bien élever cet enfant avec toi ou non, même si elle avait été prise de panique quand tu lui as annoncé ta grossesse. Peut-être qu'il faudra en parler par la suite. Les couloirs de l'hôpital, tu les connais bien, vu le nombre de fois où tu les as passés pour récupérer la soeur du géant qui te porte. Tu hais cet endroit, mais là, t'as clairement pas le choix. Tu pouffes de rire devant l'explication qu'il donne et l'air estomaqué de la soignante. « Il est toujours comme ça, c'est sa nature. » Nouvelle contraction. Envie d'insulter la femme. « J'suis à moins de six mois de grossesse, ça arrive tous les jours ça ? » Prise encore colère, douleur et panique, le ton utilisé ne devait clairement pas être sympathique. Rien à foutre, tu veux sauver ton bébé, et elle a intérêt à se bouger le cul pour te trouver un médecin.