Je ne suis pas connu pour mon manque de ténacité, bien au contraire, lorsque j’ai quelque chose – ou quelqu’un évidemment – dans le collimateur, je ne manque pas de candeur. Et je ne lâche pas, alors ce n’est pas ses quelques mots qui vont me donner froid : "Même un verre de coca," c’est encore mieux, comme ça, si elle me tombe dans les bras, je ne le devrais qu’à moi. Je ne suis pas vraiment fanatique des femmes qui se laissent aller que parce que le coude, elles l’ont trop levé. Alors je hoche la tête, j’approuve qu’elle ne soit pas de celles qui sont directement enclines à faire la fête. Avant de me perdre dans un mielleux « Tout ce que tu voudras ? » Je ne vais pas me formaliser pour du coca. Je ne suis pas comme ça.
Et quand je lui balance mon prénom, c’est par le sien qu’elle me répond, alors, je me dis, certainement comme un con, qu’elle n’est pas aussi fermée que ce que laissait présager son expression. "Je m'appelle Adel" Il est joli, son prénom. J’aime bien comme il claque sous la langue. La saveur qu’il laisse. Adel, c’est comme Snow, ça prouve que nous sommes des originaux. "Et tu fais quoi dans la vie ?" Question pour le moins classique, surtout pour ce genre de rencontre qui n’a, dans le fond, rien d’atypique. « Gardien de nuit au musée, » une fonction que j’ai toujours assumé, autant pour la blague, le cliché, que le fait que mes nuits en ce lieux je les passe à me toucher. « Mais paraît qu’on peut me trouver dans le département d’histoire, à Harvard. » que j’y donne des cours lorsque je suis bien luné. Même si c’est plus un spectacle que quelque chose demandant beaucoup d’assiduité. « Et toi ? » Et je fais partie de ceux qui s’intéressent réellement lorsqu’ils demandent ça.   

(c) ANAPHORE

Drinking flirt

Etrangement, plus je la regarde, plus j’étudie ses traits, qui me plaisent, à ne pas en douter, je me dis, et je comprends, qu’elle ne va pas être des plus faciles à faire flancher. Seulement moi, je ne suis pas du genre à reculer, bien au contraire, les causes perdues, je veux bien être le seul à me battre pour, le dernier pauvre fou qui ne sais pas abandonner. "Tant mieux, sinon je me sentirais obligée de retourner avec mes amis là-bas," Et comme elle le désigne, j’en tourne la tête pour les observer, me retrouver confronté au fait que nous sommes présentement observés. Attraction de leur soirée, enfin, en tous cas, je me permets de le supposer. « On ne va tout de même pas avorter leur spectacle ? » Ce serait dommage, et qu’elle regarde le sourire si innocent sur mon visage.

Et à la mesure de notre conversation, on apprend, j’imagine, à se connaître, bien que je garde toujours mon envie en tête. "J’ai repris mes études il y a 3 ans, " alors j’essaie de deviner l’âge qu’elle peut avoir, parce qu’elle parle de reprise, donc ça veut dire qu’elle a vécu une autre vie, avant de se retrouver ici, " en Design de mode. " Ca lui va bien, même si je n’y connais rien, " Mais avant j’ai travaillé dans le son, j’étais perchman pendant 9 ans sur des plateaux de tournage en Californie." Mes lèvres, à nouveau, elles s’étirent, parce que je me galvanise d’avoir à peu près deviner qu’elle a vécu avant de se retrouver dans ce bar, avec moi. « Californie ? » je commente, je demande, avec, toujours, un réel intérêt, et je bois une gorgée de ma boisson. « Ca te manque ? » Parce qu’il faut quand même avouer que c’est différent de Boston, certainement pas la même façon de vivre aussi. « Le soleil, les stars… » Les préludes qui ont construits son histoire.

(c) ANAPHORE

Drinking flirt

"Vraiment dommage. Je peux même te dire que dans 10 minutes grand max ils commencent à faire des paris sur tes chances avec moi !" Et je ne suis pas du genre à douter de ma personne ou de mes capacités, alors mes chances, je les vois plutôt élevées, bien que je me doive d’avouer que j’ai un brin de mal à le déterminer. Parce que cette fille elle semble garder pour elle, quelques secrets.

Et j’en oublie mes chances, pour l’interroger au sujet de son existence. Passée et présente. "Non pas vraiment, je suis née ici, je n'avais aucune attache là-bas" Et j’en hoche le visage comme pour lui dire que je comprends, que je vois. Parce que j’ai beau dire que je ferais tout pour quitter Boston, je suis toujours là. On reste, on revient, à ses racines, c’est comme ça. "Les stars sont presque ce qui me manque le moins. La plupart sont assez… condescendantes avec le staff présent sur les tournages…" Merde. Et moi qui trouvais que ça faisait rêver. Comme quoi, les paillettes, ça pourrit les vérités. Même si en un sens, ça paraît aussi normal. Ca donne la grosse tête, tout ça. "Même si reprendre les études ce n'est pas facile, je ne regrette vraiment pas..." Alors s’il n’y a pas de regret, j’imagine que c’est le bon choix qu’elle a fait.
« Difficile, peut-être… » Et je le comprends, « mais ça vaut le coup apparemment. » et puis, j’avoue que ça prouve aussi qu’elle est courageuse, qu’elle ne lâche pas. Que c’est une battante, et j’aime les femmes comme ça. « Puis on pourrait aussi dire que c’est le destin. » Parce que si elle n’avait pas décidé de changer, de revenir là où elle a passé ses jeunes années, on ne se serait jamais rencontré. « J’en reviens au pourcentage, d’ailleurs. » De chance. « Je suis à combien ? » Parce que plus je lui parle, plus je l’aime bien.

(c) ANAPHORE

Drinking flirt