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Ces dernières semaines ont été chargées en émotions, en souvenirs et en voyage. De Paris à Londres et Silverstone avant de filer sur Barcelone et de finir à Budapest. Et quel dernier stop. Je n’arrive toujours pas à y croire, à croire que les deux pilotes de l’écurie Williams ai marqué des points. L’euphorie était telle que je pense avoir oublié tout ce qu’il s’est passé entre le moment où ils ont passé le drapeau à damier et le moment où nous avons quitté les Paddock. Voir l’écurie marquer des points était carrément fou mais la joie sur le visage de Jeremiah était quelque chose de bien différent. Je pense que je ne l’avais jamais vu si heureux, aussi surpris mais dans le bon sens du terme. Et après ce mois à l’étranger, la réalité a frappé. Un retour rapide et un passage au laboratoire pour une prise de sang avant le renouvellement de mes hormones. Je crois que ce mois-ci va être le premier mois où tout risque d’être différent. Je sais bien que nous essayons depuis quelques mois à peine mais j’ai trop peur que ça n’arrive pas alors je veux couvrir mes arrières en congelant quelques ovocytes. C’est une longue discussion avec le gynécologue qui nous attend mais aussi avec Jeremiah puisque je sais que fécondé, ils tiennent mieux à la congélation. Assise dans la salle d’attente, la jambe qui tressaute, je regarde les affiches autour de moi. Ne pas boire. Essayer d’arrêter de fumer. La santé du fœtus. Tout est plus ou moins expliqué. Je tourne mon visage vers Jeremiah et lui adresse un sourire. Je n’en reviens toujours pas de ce qu’il s’est passé ce week-end. Un léger rire se glisse entre mes lèvres. Parler de travail pour ne pas parler de ce qu’il se passe ici est ma plus belle entourloupe, je ne peux pas le nier. Je sais que nous allons devoir aborder des tas de sujets et nous aurons le temps aujourd’hui pendant la sieste d’Eden ou bien ce soir, quand le petit sera couché. Je crois que notre départ est mieux passé avec ta mère à cause de ça. J’en ris légèrement mais elle avait tellement de choses à penser, à fêter, à gérer que les promesses de revenir ont été faciles à faire accepter. C’était assez plaisant de la voir avec Cameron aussi. Et j’ai hâte de le vivre aussi, avec notre enfant. Madame Marriott-Wildingham ? Je tourne le visage et me redresse rapidement, sentant mes jambes trembler légèrement sous mon poids. J’attrape la main de Jeremiah, comme si j’avais besoin de lui pour ne pas m’écrouler - ce qui est le cas, je ne peux le nier - et on se dirige vers le cabinet. Le ventre noué, mon cerveau fonctionne à cent à l’heure. Je pense à tout ce que je vais devoir encaisser, à ce mois qui va arriver et toutes les nouvelles procédures qu’il va falloir respecter. Une ponction, une congélation et prier que ça suffise pour sauver ma progéniture. Assise face au médecin, les jambes croisées, ma main toujours accrochée à celle de Jeremiah, je regarde droit devant moi, n’ayant même pas pris le temps et la peine de le saluer ni de répondre à ses questions d’usages. Oui, je vais bien. Mais s’il pouvait m’arracher le cœur une fois de plus, qu’on parle des options, ça serait sympathique comme tout. Vraiment. Je n’ai pas été si stressée depuis des mois et ça montre bien à quel point tout cela est important pour moi. À quel point cette famille - notre famille -, je la veux. J'y pense à longueur de journée et je sais que ce n'est pas forcément très sain mais c'est ainsi.
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