ton trésor (ilava)

quelle conne. phobique de l’eau, des fonds marins, de toutes les choses abominables dont personne ne soupçonne l’existence dans les tréfonds des océans. et qu’est ce tu fais ? une croisière. de longs jours à être sur l’eau, cabine et hublot en vue directe sur l’étendue salée qui te terrifie. t’es maso, surement, un sérieux problème de logique. un bateau de croisière c’est inhumain, titanesque, peut être même l’enfer sur terre, enfin sur mer enfaîte. un bâtiment énorme posé sur l’eau qui flotte par la magie du saint esprit que ta mère à tant priée avec des milliers de connards entassés dessus avec trop peu d’espace pour respecter un périmètre de sécurité vitale de ta propre personne. t’aimes pas qu’on te colle, t’aimes pas qu’on te fasse chier. qu’est ce que tu fous là ? aucune idée ? c’est le sourire qui te redresse les lèvres un instant à la réception du message d’ilan. palpitant qui s’active à la vue de ses quatre lettres sur ton téléphone. il veut te voir, il est sur ce bateau du diable, il veut te mettre dans une piscine, t’as peur de l’eau, tu veux lui faire confiance de pas te noyer. trop de pensées accumulées sur la ram système. quelques instants pour le lancer au défi de te trouver. tu veux jouer à ça, ok. ça peut certainement prendre des heures, mais t’es une gamine qui va trop loin dans ses idées. le temps de sortir de ta chambre, faufiler ton âme solitaire au travers des couloirs trop étroits et remplis de monde. tu envoies un vocal à ilan : des bruits de pièces qui tombent. t’es au casino, pour l’instant. tu rajoutes un message écrit : j’sais courir vite aussi. faut pas croire que tu comptes rester statique, tricheuse.

lundi 28 juin. Ava, beauté électrique, la sensation d’avoir trouvé ton double. Même façon de voir la majorité des choses, le même amour pour l’exploration et pour l’autre monde, un caractère visiblement très similaire. Et, surtout, le même humour. Cache-cache géant lancé dans le bateau alors que vous vous dirigez vers la prochaine destination, t’as pris soin d’attraper deux bouteilles de rhum dans un sac que tu trimballeras avec toi jusqu’à l’avoir trouvée. Un vocal que t’analyses pour en déduire qu’elle se trouve au casino, tu te dis que le temps que t’y arrives, elle aura déjà pris le soin de partir à l’autre bout. Sourire amusé qui naît sur tes lèvres, tu sens déjà que tu vas y passer des heures sans lui mettre la main dessus malgré ta bonne volonté. Un texto envoyé pour lui dire que t’y es déjà alors que tu te trouves à dix minutes de là, t’espères réussir à l’attraper dans les couloirs, ce qui te semble quand même assez peu probable.

petit jeu infini. vous pouvez y passer des heures, un cache cache géant, digne de grands enfants. mais toi, ça t’amuses. ca t’amuses de le voir se prendre au jeu, de te suivre dans ton plan foireux. ça t’amuses de voir qu’il est bon délire, que ce n’est pas le genre rabat joie à t’en donner des envies de meurtre. tu t’fais des films, on l’sait. tu mérites bien plus d’oscar que les meilleurs réalisateurs d’hollywood pour els scénarios qui s’animent dans tes pensées. il te répond, il est bientôt là, tu veux prendre une autre direction. te barrer, l’faire tourner en girouette sans qu’il puisse t’attraper. p’tite gamine insolente, qui est ce qui va assumer quand il va finir par t’attraper ? tu t’engouffres dans un autre couloir sans même le croiser, des messages rapidement envoyés avec des indices à la clé.

(1 heure plus tard, environ)

des dizaines de minutes qui s’écoulent sans le voir, tu commences à être à court d’idée. mais ça t’fais marrer. incapable de savoir s’il te cherche vraiment en réalité. tu cours peut-être toute seule, à travers couloirs sans aucune logique. tu envoies un nouveau message pour le taquiner, une nouvelle fois. ton visage se redresse, tes billes croisent les siennes. il est quelques mètres plus loin dans le couloir, séparés par un attroupement de vacanciers entre vous. un sourire sur les lèvres, tu tentes de partir dans l’autre sens, virevolte sur le côté, tes cheveux qui brassent l’air en tentant de t’extirper sans qu’il puisse te rattraper. t’es freinée par tous ces connards immobiles dans ce couloir devant les boutiques de luxes du bateau, putain de riches.

T’as pas réfléchi avant d’accepter parce que ça te semblait être une bonne idée ; suffisamment amusante en tout cas pour resserrer les liens déjà tissés. Une heure, peut-être même deux à tourner dans ce bateau ; course infernale à laquelle t’as pourtant pas envie de mettre fin pour mieux savourer le moment où tu l’auras enfin trouvée. Et quand ton regard croise finalement le sien à quelques dizaines de mètres de toi, t’as ce sourire malicieux qui se glisse sur tes lippes. Un sourire de diable, un sourire trop fier, un sourire presque provocateur. Le sourire d’un prédateur trouvant enfin sa proie, cette proie tant attendue, tant désirée. Une foule qui vous sépare pourtant, ton corps qui s’y faufile habilement malgré quelques bousculades sur lesquelles tu t’attardes même pas en la voyant courir dans la direction opposée. Bloquée à son tour, tu t’approches d’elle avec hâte, t’en profites pour ne pas la laisser filer une fois de plus. Et tes bras enfin s’enroulent autour d’elle pour la soulever, l’empêchant dès lors de toucher le sol de ses pieds, son dos plaqué contre ton torse qui se gonfle et se dégonfle au rythme de ta respiration saccadée. « Je t’ai eue. » que tu viens murmurer à quelques centimètres tout juste de son oreille en la gardant ainsi soulevée pour la porter un peu plus loin alors que les bouteilles s’entrechoquent dans ton sac à dos. « Je suis pas sûr d’avoir envie de te laisser poser les pieds au sol par contre. » Manquerait plus qu’elle se barre encore.

C’est ce que tu veux dans ta vie. Le con qui pourra te faire sourire, toi et ton humour merdique. Le con capable de supporter tes émotions exacerbées, ton tempérament autant guimauve que lionne. Le con qui sera te protéger avec la même force que tu mets pour faire croire que tu n’en as pas besoin.  Ilan et ses beaux mots à travers des messages, Ilan qui te cours après dans un bateau parce que tu l’as mis au défi de te rattraper. Ilan gagne des points, trop surement. T’essayes de lui échapper, pour ne pas qu’il puisse t’attraper. Pour ne pas qu’il puisse te briser, lui aussi. Mais ce sont tes pieds qui se lèvent de sol, ta taille compressée entre ses bras et ton dos collé à son torse. Tes jambes qui s’agitent, tes mains agrippées à ses avants pour tenter de te sortir de cette étreinte forcée que tu ne vas pourtant pas vraiment repousser. Non tu ne m’as pas eue, je t’ai laissé la victoire. L’égo mal placé. Foule qui vous observe, jugement niais dans leurs prunelles de coincés. Effectivement tu vas devoir me garder comme ça longtemps, je m’échappe vite ! L’astuce pour rester dans ses bras, hm ? Il est essoufflé le champion de MMA à deux balles ? Tu ressens son souffle de long de ta nuque. Ça pousse plus à la salle que ça sait courir enfaîte. Tu ricanes, provocatrice. T’as les bouteilles j’espère ? Sinon je vais vraiment finir par me barrer. Tes mains sont encore agrippées à ses bras, sans pour autant te débattre.

Course folle interrompue par ta conquête, tes bras enroulé autour d’elle pour l’empêcher de s’échapper une nouvelle fois, tu viens la porter à quelques pas de là pour éviter de rester plus longtemps au milieu du passage. Et, pourtant, tu refuses de la reposer, t’imaginant déjà qu’elle prendra la fuite dès que tu lui en laisseras l’opportunité ne serait-ce que pour une seconde. T’ignores d’ailleurs la force qu’elle met sur tes avant-bras pour te faire lâcher, te concentrant sur son égo surdimensionné qui la fait parler. « Je suis patient, ça tombe bien. » Presque prêt à la garder toute la soirée contre toi collée avant de resserrer ton étreinte quand elle te fait remarquer que t’es essoufflé. « Tu vas voir si je suis essoufflé. » que tu glisses à son oreille. T’humes son parfum avant de laisser tes lèvres effleurer sa nuque quand elle te demande si t’as les bouteilles. « J’ai plus d’un tour dans mon sac, tu me prends pour qui ? » Sourire amusé qui se glisse sur tes lippes, les billes qui observent avec attention son visage de profil, tu finis par reprendre : « Je peux bien faire ce que je veux de toi, là. »