I'm here for you. Always (Louve)

j’ai perdu les bébés… c’est tout ce qu’il a fallu qu’elle te dise pour que tu récupères tes affaires et que tu fonces tout de suite chez elle. Hors de question de la laisser seule dans cette épreuve. Tu l’as déjà vécu, mais tu n’en as jamais vraiment parlé. Tu l’as vécu il y’a des années de cela, alors tu ne vas pas la laisser toute seule. Et tu seras là pour elle de jour comme de nuit. Tu l’as vécu et t’as disparu, laissant Demyan derrière toi alors qu’il avait aussi besoin de toi. Tu te souviens avoir vécu l’enfer pendant plusieurs jours, voire même des semaines et des mois. Tu pensais que c’était de ta faute, que c’était à cause de toi que ton enfant n’avait pas survécu. C’était ton devoir de le garder dans ton ventre et finalement, tu n’avais pas réussis. Alors t’as pas envie qu’elle se sente coupable de quoique ce soit ce soir, t’as pas envie qu’elle pense que c’est de sa faute si elle a perdu ses bébés car ce n’est absolument pas le cas. Tu descends et hèle le premier taxi que tu croises. T’as pas le temps, tu t’installes après un bonsoir et tu donnes l’adresse de Louve. Tu demandes gentiment au chauffeur s’il peut aller un peu plus vite, et que tu seras ravie de pouvoir lui donner un petit billet vert en plus. Il s’exécute bien content d’avoir un peu plus que la course. Une fois arrivée devant la villa, tu paies gracieusement le chauffer avec les espèces que tu as et tu claques la porte, bien trop pressée de retrouver Louve. elle est là. elle t'attend comme elle t'as dis, alors tu fonces sur elle et tu l'encercles tout de suite de tes bras, sans dire un mot.

dimanche 20 juin. T’es traumatisée. Traumatisée de cette perte, quatre ans exactement après l’avortement que t’avaient imposé tes frères pour ne pas que votre père apprenne que t’étais tombée enceinte. Tu t’en souviens encore comme si ça s’était passé hier, la douleur. Cette douleur aussi bien physique que morale, la seconde ayant été la plus terrible pour toi. T’as pas supporté, autrefois. Tu t’es enfermée dans une chambre d’hôtel au Summer Camp pendant trois semaines. Trois semaines sans donner de nouvelles à personne, trois semaines passées uniquement dans ce lit, à te faire apporter des repas dans la chambre. Et, aujourd’hui, t’as peur. Peur d’être trop faible pour résister, peur de retomber dans tes travers, peur de faire n’importe quoi et de perdre tout ce que t’as, Rose la première. Pourtant, tu sais que t’as des personnes sur qui compter ; et Yelena en fait partie. Elle a pas mis bien longtemps à décider de venir chez toi, particulièrement réactive face à ton annonce. Alors t’attends ; t’attends les yeux rougis par la tristesse, le visage encore gonflé par tes pleurs, les cernes marquées par ces nuits que t’arrives pas à passer l’œil fermé. Heureusement pour toi, ta fille était chez son père et Basile a accepté de la garder quelques jours de plus pour que tu puisses un minimum retomber sur tes pieds. T’es sortie pour l’attendre, Yelena ; sortie prendre l’air, tenter de te rafraîchir autant que tu le peux. Et quand elle arrive finalement, ses bras s’enroulent autour de toi ; précieuse protection qui te fait aussitôt craquer, un soupir glissant entre tes lèvres avant que les larmes ne viennent à couler.