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Partir, prendre le large, mettre le chaotique sur pause, pour s’essayer à autre chose. Reprendre le dessus, et ne pas sombrer, ne pas me dire que Trent pourrait bien avoir l’idée, l’envie, ici, de me noyer. Je ne sais plus vraiment si mes conneries, il les a digérées. La chambre et mes façons de m’éclipser. La voiture de golf, aussi. Mais le fait est qu’on est tous les deux, ici. Que l’on fait une nouvelle fois semblant, et parfois je me demande pour combien de temps. Mais je n’ai pas de quoi me plaindre, parce que je l’ai choisi, ma prison, j’ai même dit et prôné que c’était tout ce que je pouvais désirer. Aider un ami et me protéger des aléas qui m’ont conduite, justement, jusqu’à lui. Des hommes qui mentent lorsqu’ils sourient. Sauf qu’à présent, c’est moi, qui le fait, le mensonge comme on peut respirer. Puis sur quoi je pourrais m’apitoyer, à la vérité, quand on voit la vie que Trent peut m’offrir en étant à ses côtés ? Il me suffit de regarder la vue du balcon de la chambre d’hôtel pour le constater. Les journées sur la plage, à me prélasser, et le goût du sel qui perle encore sur ma peau malgré le fait de l’avoir rincé.
Je ne suis que cette pauvre gamine pleine d’espoir de voir un jour son rêve de chef de la chirurgie se réaliser, en attendant, mes études m’ont trop coûté, l’hospitalisation de ma mère aussi à dire vrai, je déteste me le dire, mais sans Trent, cette année, j’aurai sombré au niveau financier. Pourtant je ne fais pas partie des femmes atteintes par la vénalité. Pas tout à fait. Les yeux posés sur les rivages, l’air battant l’ébène de mes boucles, je me retourne pour l’observer en train de parler au téléphone, à emmerder, le room service, son activité préférée depuis que nous sommes arrivés. Ca m’arrache un sourire avant que mon regard dévie à nouveau, sur les équipements luxueux de cette chambre au prix probablement trop onéreux. Fiancés, mais un lit double qu’il est possible de séparer et partout des fauteuils et autres canapés, et je retourne à l’intérieur, ignorant même pourquoi j’ai mal au cœur. Du décor, je m’étonne encore, peu certaine de le mériter, pour n’avoir été la parfaite fausse petite amie. « Pose ça. » arrête de traumatiser le monde, autrement dit. « J’ai choisi notre activité pour cette nuit. » face à l’interrogation de son regard, je précise « Non, pas dans un lit. » C'est assez le bordel, ma vie. Une occupation pour que l’on fasse au mieux semblant, et qu’on en profite un instant, que j’appuie sur le bouton arrêt, mes tourments. Et peut-être pour que je m’enfonce encore plus profondément. « On va devenir riches. » Me dis pas que tu l’es déjà, je le sais, ça ira. Je veux juste être inconsciente, encore une fois. Tenter de te rembourser, tout ce que je te dois. « Ou se ruiner. » Dans ce casino devant lequel on est trop souvent passé sans s’arrêter. « Au pire, si c’est le cas, on pourra toujours se noyer après. »
Codage par Libella sur Graphiorum
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