La nuit tous les chats sont gris.. (cataleya&willow)

Il était tard, nuit sombre déjà tombé sur la ville, et mon corps épuisé arrivait  à me trainer vers la sortie de l'hôpital et vers le bus qui me ramènerait chez moi. J'étais fatiguée, cette garde avait été plus qu'éprouvante. Ces patients étaient tellement jeunes et parfois les drames qui leur arrivaient n'étaient même pas compréhensible.. Surtout ce cas.. J'en avais frissonné , pensant à mon bébé, Elliott , avec une nounou ce soir, une étudiante qui prenait la relève de temps en temps, pour ne pas le laisser trop à la crèche de l'hôpital, et qu'il ait un peu ses repaires à la maison.. Je souris doucement en pensant à ce petit bouchon, huit mois, qui mangeait comme quatre et qui était la source de mon sourire au quotidien,.. Notre famille à deux était étrange, mais c'était sans doute la meilleure équation pour le moment.. J'étais assise à attendre le bus, ne remarquant pas le monde autours, le sommeil venant me gagner, et sans m'en rendre compte le bus passa sans même s'arrêter.. Au bruit de ce véhicule qui passe devant moi, je sursaute.. "HEY !!! HEY!! ATTENDEZ!!!" Je me lève et tente de courir un peu derrière lui mais c'est peine perdue.. Voilà j'ai loupé mon bus..

#rplibre

Encore une garde, plus compliquée que les autres, bizarrement. Mauvaise passe, mauvais souvenirs qui sont venus assombrir le tableau de cette vie bien rangée. C'est l'anniversaire de la mort de ton frère. Première année de passée depuis le jour où t'as pas su le sauver. T'as voulu occuper ton esprit, prendre un second quart dans cette journée. T'as traîné un moment sur le toit, le temps que tes supérieurs t'accordent ou non l'occasion de rester jusqu'à la relève de nuit. T'as eu gain de cause finalement, et t'es restée jusqu'à l'épuisement émotionnel. Encore trop de gamins qui se retrouvent dans les boxes. Trop d'accidents de la route, trop d'accidents de la vie, trop de jeunes qui vont souffrir durant des semaines ou des mois.
Les émotions qui pulsent trop fort, les larmes qui menacent de s'échapper, tu montes dans ta caisse et tu laisses tout sortir au travers de tes points qui cognent sur le volant. Une grande inspiration et t'es prête à quitter les lieux. T'es à quelques mètres à peine du dernier bus qui s'échappe, laissant quelqu'un courir derrière. Arrivée à son niveau, tu baisses la vitre passager, reconnaissant Willow. « Je te dépose quelque part ? »

Besoin de rentrer rapidement, mais la fatigue me rattrape, elle m’enveloppe dans cette douce chaleur qui me fait perdre pied et m’entraine dans un sommeil étrange, assise à l’arrêt de bus. Et je le loupe.. Entendant le bruit du moteur, je me reveille en sursaut. C’est pas possible, la nounou allait m’attendre et elle était déjà en train de faire des heures supplémentaires et je n’avais pas envie mais surtout pas les moyens de la payer autant.. J’allais devoir encore négocier avec elle ou alors trouver une autre solution pour la suite du mois et la garde d’Elliott..
Je peste contre le véhicule qui s’échappe , me laissant attendre là, dans la nuit,.. Mais une vitre se baisse et un sourire se dessine sur mon visage marqué par la fatigue. « Hey.. Cataleya.. » Soulager de voir mon amie alors à cette heure. « Tu.. risques de faire un détour non? » Je m’approche de sa voiture. « Tu pourrais me ramener chez moi ? » Expliquer à mon amie qu’un taxi à cette heure couterait les yeux de la tête, et gonflerait le gouffre dans lequel j'étais déjà … compliqué..

T'as pas envie de rentrer chez toi, t'as pas envie de te retrouver seule face à tes pensées, même si tu ne seras pas vraiment seule, avec tes colocataires. Mais cette fois, t'as juste envie de t'échapper, comme l'an dernier. Mauvaise habitude qui revient. Sourires forcés, yeux qui brûlent tout au long de la journée, c'est uniquement ton boulot qui t'aide à te sentir utile tout au long de ces quarts. Parce qu'aujourd'hui, t'as pu aider et sauver des gens, chose que t'as pas pu faire l'an dernier pour ton petit frère. Culpabilité omniprésente, fardeau que tu portes pour toute ta famille, sans qu'ils soient au courant que c'était toi, qui avait tenté de le réanimer en vain.
Pourtant, ton envie d'aider ton prochain ne s'est pas arrêtée en quittant ta tenue médicale ni en passant les portes de l'hôpital, ce soir, quand tu t'arrêtes aux côtés de Willow dans ta voiture. Tu hausses les épaules quand elle te demande si tu vas faire un détour. « C'est pas un problème, t'en fais pas. » Tu lui souris, et lui fais signe de prendre place à tes côtés. « Allez, monte. Ca sera moins chiant qu'un trajet à pieds ou en taxi. »

Et voilà, m’endormir, louper le bus, ca c’est fait comme on dit. Je suis dégoutée mais je n’ai pas le choix, je vais devoir trouver une solution. Le taxi trop cher.. Je n’ai pas le temps de chercher plus , de me creuser la tête pour rentrer chez moi sans trop me mettre sur la paille qu’une voix que je connais trop bien m’interpelle. Cataleya. Un sourire se dessine sur mon visage et enfin je respire. Pas sur que la belle brune me ramènera chez moi. Mais ses paroles me rassurent bien rapidement. « Merci.. » Je monte dans la voiture et attache ma ceinture, bien trop d’accident de voiture pour la soirée, alors on allait éviter. « C’est sur.. Mais si je m’étais pas endormie.. » Il faut dire qu’entre les gardes et les nuits qu’Elliott ne faisait toujours pas du haut de ses huit petits mois.. Je lui indique l’adresse avant de la regarder. « Garde compliquée aux urgences? » J’étais en pédiatrie, mais elle était le premier rempart, celui qu’on passait avant d’être soigné et redistribué dans les services.. Parfois dans le mien quand c’était des mineurs, ou des bébés.. « Tu n’étais déjà là quand je suis arrivé ? » Il me semblait l’avoir déjà vu à la garde précédente. Je regarde mon téléphone, la nounou a reçu mon message, elle reste un peu plus pour veiller sur mon trésor. Je souris et peu enfin me détendre.

@Cataleya Lazzarini (désolé pour l'attente... <3 )

Les ceintures sont bouclées, et tu te contentes simplement de lui sourire quand elle te remercie. Tu fais pas ça pour qu'elle te soit redevable, tu le fais parce que c'est naturel, parce que tu aimerais qu'on fasse ça pour toi le jour où tu seras en rade de bagnole et que le bus te file sous le nez, ou que t'as raté le dernier métro ou une connerie dans le genre. « Avec des si, on refait le monde. Le plus important, c'est que t'as plus à te soucier de ce bus raté. » Tu entres son adresse sur ton GPS avant de reprendre la route. « J'ai déjà vu pire, mais ça a été assez intense mine de rien.. Et toi, comment ça s'est passé en pédiatrie ? » C'est toujours compliqué de voir des gosses aux urgences, quel que soit leur âge. Des mineurs, t'en as vu défiler certains soirs, et ça te foutait la rage de voir ce qu'ils étaient capable de se foutre dans le buffet pour montrer à leurs potes que c'étaient pas des losers, et ça te foutait la rage, parce que plus jeune, tu faisais partie des cons qui collaient des défis débiles. « Ouais, j'ai enchainé une seconde garde. J'étais pas d'humeur à rentrer chez moi et j'crois que j'le suis toujours pas. » Tu ris, mais au fond, t'es pas bien. Et tu sais que cette passe va durer encore un moment.

@Willow Evans

Je n’avais plus à m’en soucier car elle était là. Ma sauveuse du soir. J’allais pouvoir rentrer et retrouver mon fils sans trop de retard, et je pourrais trouver ma douche et mon lit. Elle comprenait surement mieux que quiconque le bonheur de se retrouver sous une douche après une garde. Et n’ayant pas le temps de la prendre sur place, pour ne pas louper mon bus… J’avais encore cette odeur de l’hôpital, ce truc que personne ne supporte et qui pourtant moi me rassure. « C’est vrai.. »
Elle me parle de sa garde. Les urgences, j’avais pu en faire l’expérience mais ce n’était pas vraiment ma came, même si on récupérait des gamins d’en bas parfois dans des états compliqués. « Ca a été plutôt calme, juste un gros dossier avec un gamin très jeune avec un traumatisme crânien.. On a pas vraiment encore la raison de ce choc et c’est compliqué la mère ne parle pas … Elle est encore en état de choc. Et le père ne vient pas. » Mais ce n’était pas à moi infirmière de gérer ça.

Mais elle me parait fatiguée malgré l’aveu sur ses deux gardes. Je ne pourrais pas le faire, Elliott m’attendait, mais je pouvais comprendre. « Tu veux venir à mon appart prendre un verre ou une tisane, un café, un chocolat? Je dois rentrer car ma nounou fait déjà des heures mais sinon je t’aurais proposer d’aller dans un bar.. » Naturellement l’inviter me vient, pourquoi pas discuter, au calme, sans chaussures et juste avec un truc a grignoter et une amie qui écoute un verre a la main.

L'hôpital, c'est un peu ta deuxième maison, ou l'équivalent d'une femme trop présente dans ta vie, qui ne te laisse pas le temps de vérifier si l'herbe est plus verte ailleurs. Un mariage parfois heureux et d'autres fois, un mariage qu'on veut fuir plus que tout. Certains jours, t'as qu'une envie c'est de rentrer chez toi à peine as-tu franchi les portes du bâtiment et d'autres comme ce soir où t'as envie qu'il t'enferme pour ne pas te retrouver seule face à toi-même. Mais il a déjà été compliqué de convaincre de te laisser tirer une deuxième garde d'emblée alors tu n'allais pas faire la fine bouche, trouver de quoi combler le reste de la nuit sans forcément rentrer chez toi retrouver ton lit, et t'avais aucune attente à l'idée de retrouver les bras d'une femme pour panser les plaies invisibles et secrètes. L'hôpital, c'est cet endroit qui te tient debout et à la fois, celui qui t'a foutue à terre, ramenant avec toi parfois l'odeur de la mort.
Les urgences, ça porte bien le nom qu'on lui donne quelques fois. Souvent, ce sont de petites blessures qui ne nécessitent pas forcément de gros soins, et d'autres fois, c'est une vraie catastrophe. Tu étais là lors de l'accident du métro, et là, tu as vu le chaos à chaque nouvelle entrée. Mais aujourd'hui, malgré le monde, c'était relativement paisible. « J'ai entendu parler de ce gamin, il était dans le même box que l'un de mes patients du jour. Et si le père n'est toujours pas venu à l'heure qu'il est, j'suis pas sûre qu'il se manifeste tant que le gosse est en observation dans ton service. » Et malheureusement, ce cas n'est pas anodin.

Tes yeux te brûlent d'avoir trop pleuré. Ou brûlent de tant de retenue, tu sais pas vraiment. Tu lui offres un sourire en coin quand elle te propose de venir boire un truc chez elle, et forcément, t'as pas tant le coeur de refuser l'offre. « Si tu veux, ouais. Puis, même un verre d'eau ça m'irait, là. Mais j'resterai pas longtemps, t'en fais pas. » Après tout, ça ne coûte rien, un peu de compagnie.