Jeudi 10 Juin.
Précédemment with @Eros K. Delrio, @Aaron Kaine et @Lukas O. Spritz
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Le bras de Lukas sur moi m’aidait à avancer vers la voiture pour quitter les lieux. J’hésitais. Je voulais ouvrir la bouche pour dire qu’il y avait ma moto là-bas. Je voulais lui demander de me laisser aller la prendre. Gamin qui désirait grimper sur le bolide et disparaître. Gosse qui désirait sauter sur l’engin pour ne plus jamais revenir. Cependant, j’étais incapable de parler. Je n’étais plus qu’une marionnette qui se laissait faire. Installé du côté passager, le t-shirt de Lukas sur mes genoux avec mon arme. Et mon plus que meilleur ami grimpait dans la voiture démarrant jusqu’à la route. Je restais silencieux. Je restais immobile. Le cœur battant à tout rompre, j’avais du mal à respirer. Je voulais ouvrir la fenêtre pour avoir un peu d’air et je n’osais même pas le faire. Je bougeais doucement laissant mes jambes se poser sur le siège pour se caler contre mon torse. Espoir vain que cela me soulagerait. Espoir illusoire alors que mes prunelles observaient la route sans la voir. Je sursautais lorsque la main de Lukas venait attraper la mienne. Je laissais faire sans rien dire. Je laissais faire déglutissant difficilement lorsque mes prunelles se posaient sur ma main libre pleine de sang. Un sang qui n’était pas le mien. Un sang dont j’étais responsable. Le sanglot montait dans ma gorge. Il ne glissait pas entre mes lèvres en revanche. Je mordais mes lèvres pour ne pas faire de bruit. Rester parfaitement silencieux. Je bougeais la tête lorsque le regard de Lukas se posait sur moi. Nos yeux se captaient un instant. Les mots tombaient. Il n’allait pas me lâcher. Et moi… Moi j’avais juste envie qu’on me lâche. Qu’on me laisse crever. Qu’on me jette hors de cette voiture en marche. Je le méritais tant. Les yeux baissés, je restais silencieux malgré la douleur de ma main compressée contre le levier de vitesse par moment. Le cœur douloureux, je ne pipais mot laissant Lukas répéter tout haut un espoir auquel je voulais me raccrocher. La voiture finissait par se garer dans un endroit connu. Un peu trop connu depuis ces dernières semaines. L’appartement. Lukas sortait hors de la voiture et je restais sagement à ma place. Gamin docile qui n’osait plus rien faire de lui-même de peur de heurter autrui. Lukas venait du côté passager récupérant l’arme avant de glisser son bras sous ma taille. Mon bras passait par dessus son épaule par automatisme ou peut-être parce qu’il l’y avait mis. Je ne savais plus. Trop déconnecté. Trop perdu. Les escaliers montés. La porte passée et refermée. L’arme posée. Et Lukas me serrait contre lui soufflant qu’il allait s’en sortir. Et je restais là comme une marionnette entre ses bras. Immobile. Silencieux. Incapable de lui rendre cette étreinte. Incapable de respirer normalement. Le cœur cognait encore plus fort. Et, je me détachais soudainement de Lukas m’empressant d’aller dans la salle de bain. Penché au-dessus des toilettes, je rendais le peu avalé aujourd’hui.
(Neal T. Hood-Spritz)