Katalia s’approche. Elle met mille ans, certes, mais elle s’approche sous mon regard mi-amusé, mi-attendri. On dirait que les boas qui se sont posés sur elle pèsent une tonne. La pauvre ! Puis j’avoue que je ne lui viens pas en aide non plus, essayant plutôt de trouver un moyen pour que les deux boas entourant ma poitrine cessent enfin de me gratter ; je les tourne, les tords, j’attrape des plumes synthétiques volantes pour les caler juste là où les démangeaisons sont les plus intenses… Mais non, rien à faire ! C’est beaucoup trop insupportable. Je râle une dernière fois et finis par laisser tomber les deux boas au sol – pile au moment où elle arrête de se cacher les yeux, juste quand elle me rejoint, saisit mon bras et se met à rire. C’est si communicatif qu’on se retrouve à rire comme les deux idiotes que nous pouvons parfois être, les dernières plumes se posant dans ses cheveux. Bien entendu, comme je suis la meilleure de tous ses amis confondus, je les lui retire d’une main, afin que son allergie ne s’aggrave pas. Mais elle, elle veut encore du chocolat. « Là, dans ce paquet. » Je l’attrape et regarde à l’intérieur, me rendant compte à ce moment-là que le nounours que je dégustais est le dernier survivant. « Ah bah non, il n’y en a plus. Tiens, je te passe le mien si tu veux- mais je m’interromps en remarquant que je n’ai plus rien dans la main, ou pas. On ne peut même pas le finir toutes les deux. » Eh non, disparu, l’ourson en guimauve. Mais nous passons très vite à autre chose car, finalement, le plus important, c’est qu’elle me prête quelque chose pour remplacer le soutif que je cherche désespérément ; alors nous voilà dans sa chambre dans le Piémont, et mes yeux se perdent dans son petit bazar d’enfant. Un peu plus et ça m’aurait dépaysée ! Tandis qu’elle m’abandonne pour son armoire, je récupère les robes de princesse au sol : pour éviter qu’elles traînent et prennent la poussière, mais aussi parce qu’il pourrait bien y avoir une surprise, une trouvaille, intéressante dessous. Cela dit, ni elle ni moi semblons trouver quelque chose – suis-je condamnée à rester en culotte et torse nu pour le restant de la journée ? Ah. Au pire. Ce n’est pas dramatique. « Dio mio, K. ! » C’est son visage qui est dramatique. Je ris alors qu’elle s’agite. « C’est pas grave, tu es toujours aussi belle. » Je pouffe de rire encore une fois, puis remarque qu’il y a la trace d’une paume bleue sur mon bras – juste là où elle a posé sa main tout à l’heure, dans mon dressing. Là, par contre, c’est grave. Je saisis un pot de peinture abandonné d’une main, attrapant l’épaule de l’italienne de l’autre pour qu’elle arrête de bouger dans tous les sens. Elle va finir par me donner le tournis. « Calme-toi et ne bouge plus. Je vais tout t’enlever. » En réalité, non, je ne vais rien lui enlever : je plonge mon index dans le pot et, du bout du doigt, lui dessine un cœur allant du bas de son front jusqu’au haut de l’arête de son nez, en passant entre ses sourcils bien dessinés. Je m'applique, pour un résultat on ne peut plus parfait. « Tu es encore plus belle maintenant. » Un cœur jaune pailleté sur sa frimousse ? Trop beau ! Je lui offre un sourire aussi innocent et enfantin que ce que je viens juste de faire.
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