On reconnait le bonheur au bruit qu'il fait quand il s'en va... ✗ Aaron & Phoenix

Même sans que sa mère le lui eut dit, Phoenix aurait quand même rendu visite à sa tante maternelle et à son cousin Aaron. Il fallait dire que la situation était un peu compliquée de ce côté de la famille, la Lowell était au courant de ce qui s'était passé mais ne souhaitait pas donner d'avis sur la question, considérant qu'elle n'avait pas à critiquer les décisions que d'autres prenaient, faisant comprendre cela à sa mère qui, dans un premier temps, en avait longuement voulu à sa sœur d'avoir en quelque sorte "démissionné" de son rôle de mère. Mais c'était son problème avant tout et personne avait à se mêler de sa vie privée, même si ça lui faisait de la peine pour Aaron qui n'avait jamais rien demandé.

Par une belle après-midi, la jeune femme s'était donc annoncée pour leur rendre visite avec un petit cadeau pour le futur nourrisson, sachant sa tante enceinte. En tapant à la porte, Phoenix se mit à sourire avec sincérité en la voyant s'ouvrir sur la sœur de sa mère. "Bonjour, tante Sarah ! Tu as l'air d'être en forme ! Tiens, ça vient de maman, papa et moi." Lui tendant le cadeau, la blonde la vit l'ouvrir, souriant encore plus de voir son visage s'illuminer devant la petite boule transparente qu'on secoue pour faire voler les paillettes avec dedans un petit ange tout potelé. Elles passèrent un petit moment à discuter à bâtons rompus avant que Phoenix ne lui demande l'autorisation de monter voir son cousin qui était dans sa chambre. Petit toc toc à la porte une fois arrivée à l'étage, la jeune femme attendit l'accord de son cousin pour entrer ou qu'il sorte. "Hey Aaron ! C'est Phoe ! Tu sors ou j'entre ?"

Il ne se sentait pas bien dans cette maison, pas du tout. Tout lui rappelait son frère et il détestait ce sentiment. Il se sentait prit d'une bouffée de tristesse qui ne le lâchait pas jusqu'à ce qu'il soit sortit de cette maison ou il avait passé toute son enfance. Il ne disait pas à voix haute ce que cette maison lui inspirait comme sentiment. Il avait déjà suffisamment de raisons de se disputer avec sa mère sans devoir en rajouter. Il était conscient de blesser sa mère en ne montrant que très peu d'enthousiasme à l'idée de la venue de son petit frère ou de sa petite soeur mais c'était plus fort que lui et il trouvait sa mère bien naïve d'avoir penser qu'il ne cesserait de sourire en faisant de son mieux pour l'aider à bien vivre sa grossesse. Elle l'avait abandonné et il devrait se montrer adorable ? Non. Aaron avait accepté la proposition de Poppy de rester à l'appartement, avec elle. Une façon d'éviter à Aaron de rester dans cette maison. Une façon de continuer à être dans la vie de l'autre également. Quand bien même la voir tous les jours était douloureux, Aaron ne voulait pas perdre de vue Poppy. Il se trouvait dans sa chambre d'enfant, rassemblant les affaires qu'il avait laissé là pour les sortir de cette maison bien triste. Soudain, quelqu'un frappa à la porte de la pièce et Aaron fronça les sourcils. Il ouvrit la bouche pour demander à sa mère ce qu'elle voulait mais la referma en reconnaissant la voix de sa cousine. Entre ! Appela-t'il depuis le fond de la pièce, tandis qu'il rassemblait de vieux livres aux pages jaunies dans un carton. Il tourna la tête et se redressa. Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda-t'il en traversant la pièce. Il l'étreignit et l'embrassa sur la joue avant de laisser tomber le livre qu'il avait à la main sur son lit.

En entrant dans la chambre de son cousin, la première chose qui frappa Phoenix fut les cartons. Ha, il allait déménager... Enfin, compte tenu de ce qu'elle savait déjà, ce n'était guère étonnant. Aaron avait toujours eu beaucoup de mal à accepter que sa mère ne soit pas parfaite... Bon, la jeune femme savait qu'elle ne l'aurait pas accepté non plus, se voir abandonné par une mais deux fois, c'était quand même énorme et la confiance détruite était tout à fait légitime. Se laissant étreindre et lui rendant son bisou sur la joue, la blonde resta debout avec un petit sourire aux lèvres. "Je suis venue apporter quelque chose à ta mère de la part de la mienne. Une babiole sans importance." Phoenix était loin du genre matérialiste, pour elle seuls comptaient les émotions et les ressentis au contact des autres. Le reste, c'était juste du confort physique. "Tu m'as pas dit que tu t'en allais d'ici ? Besoin d'un coup de main ?" Beaucoup de gens croyaient la Lowell dépourvue de la moindre compassion ou de la plus petite parcelle d'écoute, chose qu'elle ne cherchait pas à modifier, gardant son attitude attentive pour ses plus proches, dont Aaron faisait parti.

Quand la famille d'Aaron en était réellement encore une à ses yeux, il était fréquent qu'ils se rendent avec ses parents aux inévitables réunions de famille ou il croisait souvent sa cousine, Phoenix. Malgré leurs caractères plutôt opposés, Aaron l'avait toujours considérée comme une bonne amie. Il pouvait compter sur elle et elle lui avait manqué quand ils avaient cessés de se voir après le départ de sa mère. C'était compliqué, Phoenix étant la fille de la soeur de la mère d'Aaron et cette dernière l'ayant laissé tombé... Aaron avait dut tiré un trait sur sa famille du côté maternel et voilà qu'elle était de retour dans sa vie. Il ne repousserait pas sa famille, enfin à l'exception de sa propre mère. Pour le bébé ? Lui demanda-t'il. Il ne put s'empêcher de laisser son ressentit transparaître sur son visage. C'est gentil reprit-il. C'était normal et cela l'aurait été aussi qu'Aaron se réjouisse du bonheur de sa mère, mais il ne considérait pas que la normalité ai encore vraiment sa place au sein de sa famille. Il acquiesça ensuite. Oui, elle venait d'interrompre son déménagement. C'est le cas, je vais m'installer dans un appartement, avec une amie. Je n'arrive pas à bien dormir ici. Et oui, si tu es d'humeur à m'aider à fermer ses cartons, je vais te trouver un rouleau de scotch. Il lui adressa un sourire reconnaissant. Un coup de main serait en effet le bienvenue.

Son cousin était très réticent à la venue d'un bébé au sein de sa famille, et ça, Phoenix en était parfaitement consciente. Elle-même avait eu une réaction négative lorsqu'elle l'avait appris, ne pouvant concevoir qu'une femme aussi écervelée que sa tante puisse de nouveau enfanter alors qu'elle ne s'était même pas occupée d'Aaron. La colère avait suivi la consternation et pour finir, ce fut la désolation qui l'emporta... Car la blonde était quasiment certaine que Sarah reproduirait le schéma de mère absente et insouciante qu'elle n'avait jamais quitté. Sa propre mère n'en pensait pas moins, elle en était certaine, et n'hésiterait pas à se lancer dans la mêlée pour protéger cette future vie si jamais sa sœur venait à se défaire une fois de plus de ses obligations familiales. Elle avait tant voulu le faire pour son neveu mais ne souhaitait pas le perturber davantage en l'enlevant à ses grands-parents. "Okay, je vais t'aider !" Prenant le scotch des mains de son cousin avec un grand sourire, la jeune femme se mit en devoir de sceller tous les cartons qui avaient besoin de l'être. "Après, ça te dit de sortir un peu ? On pourrait aller en ville un peu et se prendre des donuts ou autre chose, qu'est-ce que t'en penses ?" Car elle avait deviné que l'atmosphère de cette maison l'étouffait, qu'il avait besoin de prendre l'air...

Il ne culpabilisait pas de réagir aussi mal à la grossesse de sa mère. Il ne voulait pas faire de la peine à cette dernière et s'en voulait pour cela mais il n'était pas davantage capable de feindre un bonheur inexistant. Il allait aimé sa petite soeur ou son petit frère, bien sûr, mais il doutait des talents de sa mère pour la maternité. Une bonne mère n'abandonnait pas son fils après en avoir perdu un dans un accident. Si cela devait se reproduire. Aaron se sortit immédiatement cette idée de la tête, envahie par la tristesse à cette idée. Même après plusieurs années, se remémorer tout cela, c'était bien trop douloureux. Sa cousine lui prit son rouleau de scotch et Aaron lui répondit avec un sourire tout en allant en prendre un autre sur son bureau couvert de cartons. Il commença à se remettre au boulot, fermant un carton contenant quelques affaires remontant à son enfance. Il acquiesça d'un mouvement de tête. Avec plaisir, ça me donne faim, tout ça. Il attrapa le carton et le déposa sur le sol. Ca va, toi ? Demanda-t'il avant de s'occuper d'un autre carton. Il parlait beaucoup de lui, de sa famille et était heureux de changer de sujet.

Alors qu'ils se mettaient à l'ouvrage afin de terminer les cartons, Phoenix observait Aaron sans rien dire de plus. Il était tendu, stressé et sur les nerfs, et pourtant ça ne se voyait pas. Juste un infime tic qu'il ne devait pas penser avoir et qui était très rare sur lui mais la jeune femme le connaissait mieux maintenant. Ils étaient quand même assez proches, enfin pas encore assez non plus pour qu'elle se permette d'intervenir dans sa vie. Aaron était adulte, il savait faire face à sa vie tout seul, comme un grand. "Moi ? Tranquille. Les cours se suivent et ne se ressemblent pas, la vie sur le campus est belle et sent la rose, bref, tout va bien quoi !" Et c'était vrai en plus ! La Lowell avait la musique, les fêtes et tout ce qui accompagnait le reste. Elle ne pouvait pas dire qu'elle était malheureuse et quand bien même ce serait le cas, elle n'était pas du genre à baisser les bras. Elle se battait toujours pour que les choses aillent mieux, et elle préférait tirer son cousin dans ce sens plutôt que de le laisser en arrière. "Tu vas voir, c'est bien mieux une fois qu'on a quitté le domicile familial, à toi la belle vie ! Et compte sur moi pour te montrer ce que veut dire "faire la fiesta" !" Alors que je me trouvais à côté de lui, je lui filais un petit coup de hanche en riant et en souriant largement. Rien de mieux que le rire pour se changer les idées et faire s'envoler les pensées moroses. "A y est ! J'ai fini de mon côté !" Avec un air de satisfaction, je finis par prendre mon sac et le percher sur mon épaule. "Aller, tu viens ? On va se le faire ce donut ? Parce que j'ai faim aussi maintenant !" En vérité, c'était plus de la gourmandise que de la faim, mais personne était obligé de le savoir...

Il ne put retenir un sourire. Au moins, tout allait bien pour elle, c'était déjà cela. Phoenix était très différente de lui. Elle ne semblait guère chercher en permanence à se compliquer la vie. Elle était souriante, drôle et sa façon de croquer la vie à pleines dents était communicative : on avait envie de s'amuser avec elle. Il leva les yeux au ciel. Il l'avait déjà quitté et cela n'était pas devenu beaucoup plus drôle mais il ne releva pas et laissa même échapper un rire quand elle lui donna un coup de hanches. J'ai hâte répondit-il, sourire aux lèvres. Il ne demandait que cela, sortir un peu la tête de l'eau. Il avait besoin de prendre la distance avec ses problèmes, peut-être alors serait-il en mesure d'estimer, comme le faisait Phoenix avec une aisance assez incroyable pour lui, que la vie n'était pas si terrible et était même carrément belle. Il avait envie de positiver, mais il fallait l'y pousser et visiblement c'était le rôle que sa cousine avait décidé de s'attribuer. Rapide commenta-t'il en fermant son dernier carton. Il envoya valser le rouleau de scotch sur son lit, heureux d'avoir achevé cette corvée. Il approuva. Ouais, allons-y, ce sera plus sympas que de fermer des cartons. Dit-il en laissant tout en plan. Il reviendrait chercher le tout plus tard. Il traversa sa chambre, pas mécontent de laisser cette pièce derrière lui pour quelques heures. Il ouvrit à la volée la porte de sa chambre encore couverte d'un côté de vieilles photos. Il laissa passer Phoenix avant lui avant de sortir à son tour de la pièce. Je sors maman, je reviens chercher mes affaires plus tard dit-il, haussant le ton sans prendre la peine de chercher sa mère. Il l'évitait et il ne ressentait pas le besoin de le cacher à Phoenix qui l'avait déjà compris.