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Athanaël-Noa & Théa-Zenais
Elle marchait loin du froid de décembre. Elle marchait loin du monde qui l'entourait. Loin de sa vie. Loin de tout. Elle marchait vers un avenir meilleur. Une journée sans personne. Une journée où elle trouverait la paix dans un refuge adoré. Pendant des heures, elle avait cherché à trouver un endroit tranquille, mais en vain. Le campus d'Harvard était bien trop fréquenté pour y être seule ne serait-ce qu'une minute. Théa n'avait pas eu envie de rejoindre sa chambre. Oh, elle aurait pu aller à la bibliothèque pour se réfugier dans un livre. Mais son seul vrai refuge, son seul vrai réconfort, c'était le monde invisible qui l'encerclait. C'était le monde qui s'activait autour d'elle pendant qu'elle arrêtait de respirer. Pendant qu'elle observait. C'était ça, son plaisir. Et aujourd'hui, elle ne l'aurait gâché pour rien au monde. Ses écouteurs sur les oreilles, elle foulait d'un pas rapide la pelouse d'Harvard Square. Elle n'avait qu'une envie : s'asseoir et ne plus jamais se relever. Mais elle ne pouvait pas se le permettre et elle le savait. Si elle voulait demeurer loin de la Grèce encore quelque temps, elle devait continuer à aller de l'avant. Et la seule chose qui la faisait avancer, c'était sa solitude. Des moments comme celui-ci, elle en passerait toute sa vie si elle le pouvait. Elle marcherait seule et déambulerait dans les rues de Cambridge sans que personne ne se soucie d'elle, sans que personne ne la remarque. Comme invisible. C'était ce qu'elle voulait, être invisible aux yeux de tous. Mais comme elle n'était dôtée d'aucun pouvoir, elle se contentait d'enfiler un sweat à capuche et des écouteurs sans oublier de ne jamais croiser le regard de quelqu'un d'autre. C'était ainsi qu'elle avançait depuis des années. Et c'était ainsi qu'elle arrivait à la rivière, presque essoufflée après ce long trajet dans le froid.
Epuisée, Théa se laissa tomber lourdement au sol. Elle avait pris dans son sac un livre, mais elle n'avait plus tellement envie de lire. En fait, elle avait une envie folle de dormir, mais elle ne pouvait pas se permettre de sommeiller dans un lieu pareil. La musique à son maximum, elle s'installa en tailleur prés de l'eau. Elle ne savait pas ce qu'elle attendait, ni ce qu'elle faisait d'ailleurs. Elle vivait juste un énième moment d'isolement. Et elle était heureuse que personne ne la remarque en ce moment même.
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