there is no greater agony than bearing an untold story inside you [gemaï]

w. @Gene Deauclaire

fin d'après-midi, la lumière du soleil qui se propageait en un voile scintillant. faisant ressortir les ombres. le ciel bleu parsemé de rose et de quelques nuages blancs. tableau éblouissant, en contradiction avec ton humeur plutôt maussade. encore une réunion qui s'était révélée des plus inutiles. n'ayant nullement ressentie l'envie de te confier aujourd'hui. t'avais juste espéré rentrer le plus vite possible. commençant à saturer, l'esprit endommagé qui ne supportait plus les histoires chaotiques de tes compatriotes. la faucheuse avait décidément récupéré pas mal d'âmes éprises et amoureuses ces deux dernières années. nombreux étaient les discours. et plus tu les écoutais, plus t'avais envie de t'évader. fuir cet endroit. mais tu l'avais promis à ta famille, tes amis. soit-disant çt e permettrait d'avancer. foutaises. tempérament caverneux, lugubre tandis que tu foulais le trottoir. évitant la foule au possible. effluves de caféine qui te parviennent alors que tu passes à côté de ce fameux café. endroit familier où t'avais l'habitude de t'y réfugier. quand ça n'allait pas. donc presque tous les jours. tu fais la queue, le regard réchigné qui parcoure la salle. n'apercevant aucune table de libre. c'était bien ta veine. ta commande en main, armée d'un plateau et d'une pâtisserie, t'avais plus qu'à croiser les doigts. et espérer qu'une âme charitable finisse par quitter les lieux et te libérer une place pour t'asseoir.

La mémoire est intact le souvenir ancien siège pourtant dans la confusion. Une pensée qui vogue naturellement au gré de ta conscience comme le ferait un refrain des Beatles. C'est véridique car cela se vérifie. Et pourtant c'est dans l'écrin de ses vestiges d'autrefois que tu alimentes la création de tes personnages. Alors que tes doigts quelque peu abîmés par tes dernières sessions de sculpture tapent rapidement sur le clavier de ton ordinateur portable ; tu laisses couler les flux d'idées qui assiègent ton esprit. Des nombreuses pages qui s'ajoutent au fur et à mesure à ton futur manuscrit. Écrire, une passion que tu lies au besoin de coucher sur papier un message mais aussi une aventure dont tu es l'unique capitaine, aux lecteurs ensuite de laisser leur propre imagination faire le reste. Une dimension plurielle qui se nourrit d'une seule histoire. Aujourd'hui, tu ne bossais pas et vue que tu venais de passer un examen ce matin, tu en avais profité pour venir t'installer au coffee shop où tu es presque devenue le client numéro un. Il faut dire qu'en grandissant dans la ville de Boston et avec une fratrie nombreuse comme la tienne, tu étais parvenue à connaître certains propriétaires de commerces où tu avais travaillé le temps d'un été étant tout gamin. Les deux coudes posés sur la table, tu fronces légèrement les sourcils tout en relisant la dernière page tout en remontant le bout de tes lunettes de vue sur le bout de ton nez. Le résultat est plutôt satisfaisant alors tu te laisses aller quelques instants sur le dossier du fauteuil confortable, t'étirant brièvement avant de saisir ta tasse de caféine encore chaude pour en boire une petite gorgée.  Laps de temps suffisant qui te permet de prendre la mesure de la foule de personnes qui remplit de plus en plus le café. Tu jettes une brève œillade à ton poignet gauche constatant que les heures ont défilés mais que tu as encore du temps alors que les ritournelles de Bach jouent dans tes écouteurs. Tu penches légèrement la tête sur le coté, lorsque tu remarques une jeune femme cherchant une place où s'installer pour déguster sa boisson chaude ainsi que sa pâtisserie. Son regard croise le tien une fraction de secondes et tu en profites pour enlever ta veste du fauteuil en face de la tienne pour qu'elle puisse s'installer.
@Maï Linh Langford

w. @Gene Deauclaire

désespoir qui transcende ton regard, à mesure que les secondes s'écoulaient. aucune âme charitable qui acceptait de te laisser de la place. t'allais te retourner résignée pour demander un sac à emporter lorsque tu vins à croiser ses iris. électricité qui te parcoure face à l'intensité de cet échange. bel inconnu au facies familier qui finit par enlever sa veste. t'invitant à le rejoindre. et sans hésiter, tu t'exécutes. t'asseyant en face de lui. les jambes croisées, les opales qui le fixaient. intensément. "merci..." sincèrement remerciement envers ce sauveur de dernière minute. "votre visage m'est familier... on s'est déjà rencontré n'est-ce pas ?" t'ajoutes, prenant tes aises dans ton fauteuil. les lippes portées à ta tasse pour venir prendre quelques gorgées. les yeux curieux qui le scrutaient sans gêne.

l'intensité du regard s'exprime dans le silence alors que la salle intérieur du coffee shop est soumis à l'influence de l'heure et du débit incessant des bavardages voisins. La jeune brune te remercie le plus sincèrement du monde même si pour toi faire un peu de place pour lui permettre de s'installer ne mange pas de pain – c'est même tout bonnement logique. Tu acquiesces alors d'un petit signe distinctif de la tête, tes doigts pianotant à nouveau sur le clavier de ton ordinateur. Tu as beau faire autre chose, ton esprit demeure focaliser à la fois sur ce que tu étais en train de faire ainsi que l'interrogation de ton interlocutrice. Une question dont elle connaît une partie de la réponse, car en effet ce n'est pas la première fois que vos chemins se croisent. Ici ou ailleurs. Tu retires tes écouteurs avant de porter tes prunelles sur son visage. « Ce n'est pas faux. Mais oui on s'est déjà croisés à plusieurs reprises il me semble. ». Une assertion pour poser le sujet de conversation car tu l'avais déjà vue te lancer quelques œillades curieuses lorsque tu te rendais à la galerie.
@Maï Linh Langford