TALLAHASSEE "TAHLEE" HACKETT ► Sarah Bolger

Je m'appelle Tallahassee Hackett mais tout le monde m'appelle Tahlee. En réalité, je ne suis pas la fille naturelle des Hackett, ils m'ont adoptée alors que j'étais tout bébé. Ma mère biologique était une adolescente paumée larguée par son copain, mon père biologique. Elle se fichait bien de moi et ses parents ne voulaient pas non-plus s'occuper de moi. La seule chose que ma famille d'origine m'ait donné, c'est mon prénom, Tallahassee. Tu parles d'un prénom, c'est le nom d'une ville, celle pour laquelle était partie mon géniteur.

Je n'étais pas désirée, sauf pour un couple qui ne pouvait pas avoir d'enfants, les Hackett. Ils m'ont élevée comme si j'avais été leur véritable fille, sans toutefois me gâter plus que de raison. Ils ne m'avaient jamais révélé la vérité au sujet de ma naissance mais j'étais encore une enfant quand je me rendis compte que quelque chose clochait après avoir vu un documentaire sur l'hérédité génétique. Ils avaient craint que le sujet de mon adoption ne soit trop épineux, que je sois trop jeune pour l'aborder mais cela ne me dérangeait pas. J'étais déjà à l'époque une personne très terre-à-terre, je savais faire la part des choses. Plus tard, cela avait même été un sujet de plaisanterie, quand mon père disait que je n'avais heureusement pas hérité de ses gènes. Pour moi, quelques soient mes gènes, mes parents demeuraient les Hackett et il n'en serait jamais autrement.

A l'adolescence, je montra un vif intérêt pour tout ce qui était mécanique. Bricoler des objets était devenue ma lubie du moment. Pour gagner un peu d'argent de poche, je proposais de réparer de vieux téléviseurs ou de l'électroménager. Alors que mes camarades admiraient chanteurs et stars de cinéma, mon idole à moi, c'était R2D2. Je rêvais qu'il existe vraiment et que je puisse le démonter pour voir comment il fonctionnait. Ce fut à cette époque que se confirma mon désir de devenir ingénieur informatique. Créer une intelligence artificielle était bien plus complexe que de réparer le moteur d'une voiture. J'avais trouvé un défi de taille, et mes parents m'encourageaient à me lancer sur ce chemin qui les rendrait fiers de moi.

Ma relation avec autrui s'est... compliquée avec le temps. Je constatais un décalage certain entre les gens de mon âge et moi. Ceux qui me connaissaient savaient quelle personne j'étais. Mais les autres, c'était une autre histoire. Toutefois, comme je n'étais pas du genre à me laisser marcher sur les pieds par ceux qui critiquaient mon attitude sans en connaître les raisons, je me fis une réputation de fille arrogante et orgueilleuse. Quand aux relations amoureuses, ce n'était pas faute d'essayer mais ça n'a jamais marché. Parfois, mieux vaut être seul que mal accompagné.

Pour mon choix d'université, je n'avais pas eu à réfléchir. Mes parents étaient tous les deux allés à Harvard, je marcherais sur leurs traces. Ici, comme je me concentre totalement sur mes études, je passe pour ainsi dire inaperçu. Je ne suis pas une personne d'un abord facile, j'ai quelques lacunes sociales paraît-il, et je suis encore moins une fêtarde. Mes amis du Nebraska trouvent que j'ai un besoin urgent de me décoincer... De quoi se mêlent-ils?