battlefield.

en route vers un ciel d'existence nouvelle.
madison avait commandé des burgers énormes à son marchand de fast-food favori.
des trucs juteux, gras et qui tiennent bien au corps.
madison avait soigneusement rangé dans des petites boîtes en verre la chantilly maison qu'il avait fait,
et il était passé près du primeur prendre des fraises.
la saison commençait à s'estomper et les derniers fruits rouges disparaissaient.
cependant, mad avait son petit favori qui lui réservait toujours de belles surprises.
il n'oubliait pas la crème dont il lui avait parlé par sms, pour son rectum fragilisé.

quelques vingtaine ou trentaine de minutes plus tard,
le voilà devant cette rue dont il se rappelait vaguement les contours.
l'adresse était exacte et il supposait que c'était dans cet immeuble qu'il fallait rentrer.
il grimpait les marches et tapait alors à la porte,
trépignant d'impatience.
pas forcément d'inverser les rôles,
mais juste de pas faire semblant d'être quelqu'un d'autre.
avec holden, il pouvait.  

@Madison Vance | SAMEDI 08 MAI ; 20H35 | Trois jours que mes pensées divaguaient d’un point à un autre, terminant forcément sur l’image de ton corps dénudé qui se soumet au mien. Pourquoi ? Sérieusement, pourquoi je m’infligeais tout ça ? J’aurais très bien pu passer à autre chose mais c’était compliqué. Compliqué parce que je voulais recommencer. Compliqué parce que je me demandais si j’voulais pas que tu me rendes la pareille. Compliqué parce que j’ai envie de t’revoir et me délecter de tes lèvres. Putain, on dirait un putain d’ado amoureux limite, ça fait peur. Amoureux non, mais clairement, tu m’avais fait quelque chose. J’étais pas quémandeur, mais de toute évidence, j’avais pas su m’en empêcher ce soir. Alors quand j’entends qu’on frappe à ma porte, le sourire se dessine et j’viens ouvrir. T’étais là, derrière cette porte. Les mains prises de bien des choses, mais surtout la bouffe. « Putain enfin » J’attrape le sachet contenant les burgers et j’me dirigeais vers le salon, prêt pour déguster ça. Ouais bon, tu sais entrer et fermer une porte. « T’as pris burger à quoi ? » Assis sur le canap, j’déballais tout ça, comme si c’était Noël. Ouais, je préférais encore prétendre faire une fixette sur les burgers plutôt que sur toi. Sinon, on sait pas comment ça peut finir tout ça.

il s'fait arracher des mains les différents plats qu'il vient de ramener.
et il remercierait presque holden de ne pas lui infliger un bonjour malaisant,
entre check, baiser, accolade, il n'aurait pas su choisir.

il ferme la porte derrière lui, madison, et ses chaussures sont enlevées aussi.
s'asseyant sur le sol, face à holden, il prend une seconde pour le dévisager.
la façon dont il était grognon,
le regard fuyant et l'animosité qu'il dégageait sans pour autant que ça soit... réfractaire,
ça lui plaisait bien.

on a des frites maisons,
et des burgers viandes 100% locales, le fromage, c'est français genre...
du comté ? un truc comme ça.

il sortait ensuite la boîte de chantilly maison avec les fraises.
madison se dirigeait vers le frigo pour les ranger,
sans même demander la permission à holden, ces ingrédients avaient besoin de garder la chaine du froid.

il faut manger tant que c'est chaud.
qu'il dit en s'asseyant à nouveau sur le sol,
poussant le plus gros burger vers holden.
parce qu'madison voulait lui faire plaisir.

@Madison Vance | SAMEDI 08 MAI ; 20H35 | La plupart du temps, jme détestais d'avoir ces pensées. Kiffer baiser un mec ? C'est contre nature putain. J'voulais pas être comme ça, bander sur une putain de vision d'un mec à poil ou de m'imaginer en train d'en embrasser un. Seulement, c'était ce qui se passait. C'était ma vie actuelle et j'me dégoûtais pour ça. Possible même que mes parents étaient en train de s'retourner dans leur tombe. Quoique. Ils m'aimaient pas, alors bon, possible que ça leur faisait ni chaud ni froid. En tout cas, t'étais là, et j'voulais pas m'embarrasser d'un moment gênant, alors j'attrapais la bouffe, te laissant te démerder tout seul pour me rejoindre dans l'salon. « Il est où l'cheddar ?? » Tu sais, le fromage typique américain qui fait kiffer tous les obèses de c'pays. En tout cas, les burgers avaient l'air bien fat et c'était ce qu'il me fallait. Me consoler avec ça, plutôt que d'penser à la nuit qu'on avait passé. J'te regardais te balader, faire un aller-retour dans la cuisine, avant d'te réinstaller au sol, dos à la télé. J'attrape le burger que tu me tends, avant de froncer des sourcils. « J'ai la gale ? Y'a suffisamment d'place sur le canap' » Ou peut-être que tu voulais mettre de la distance finalement. Possible aussi. J'me prenais pas la tête plus longtemps et me mettais à bouffer le burger.

les pensées charmeuses obsédaient madison depuis quelques jours.
mais tout ce qui entourait ce moment aussi.
parce qu'il y avait quelque chose, un petit truc, une braise en train s'échauffer.
parce qu'au-delà de cette baise magistral,
simplement la compagnie d'holden lui suffisait à s'sentir à l'aise.
comme si c'était facile.

et il a pas l'habitude, mad.
qu'on le maltraite, qu'on lui parle mal,
c'est le gars gentil, jovial, avec les dents dehors et la voix qui s'élève.
mais il aime bien c'que dégage holden, et tout son corps se protège de ça.

c'était pour... il hausse les épaules.
non t'as raison.

et il se lève, poussant son propre burger aux côtés de celui d'holden,
et madison s'installe à ses côtés, croisant ses jambes et attaquant le burger,
à pleines mains,
et à pleine bouche.

ché les meilleurs burgers que ché chamais manché.
il commandait là-bas une fois toutes les deux semaines,
c'était un cheat-meal réussi et conséquent.

il sort du sachet de l'ice-tea et du coca cola.

j'savais pas c'que tu voulais j'ai pris ça et ça.
et il ouvre l'ice-tea pour boire directement à la bouteille.

les genoux se touchent,
et madison... aime bien. pour pas dire plus.
pour pas vivre plus.
le cours de danse avec joey lui avait remis les idées en place,
mais en soi... putain. non il était pas gay.

@Madison Vance | SAMEDI 08 MAI ; 20H35 | Fallait que j'arrête de me flageller. J'faisais rien de mal là, juste bouffer un burger avec un mec rencontré seulement trois jours auparavant. Rien de mal. Seulement, ce qui était mal, c'était ces pensées intrusives. Impossible de se concentrer réellement sur la bouffe ou sur le match qui était diffusé à la télé. Juste toi à côté de moi. De ton genou qui vient frôler, taper le mien. Tu l'fais exprès en fait ? C'était ma faute, j'aurais du te laisser par terre. Quel con. « Ch'connais mieux » L'fromage, il était pas si bon que ça pour moi. Un bon cheddar dans un burger, y'a rien de mieux. Au pire j'te ferai tester celui que je mange d'habitude. Ou celui que j'fais, parce que je maitrise le burger mieux que personne, à force d'entrainement. J'repose le burger pour prendre la bouteille de coca. L'ice-tea, très peu pour moi. Pas assez caractériel, bien trop doux. C'était pas ma dope. Les bulles fraiches du coca picotaient, mais ça remettait les idées en place. J'reprends le burger, un nouveau croc, nouvelles mastications... Mais ça n'empêche pas l'regard de divaguer sur le côté. Pour te regarder, t'observer. « Chui toujours pas gay » que j'dis comme ça, d'façon random.

en fait, madison, il a pas faim.
il a du mal à mâcher, du mal à trouver du plaisir dans ce burger qu'il aime tant.
il avale difficilement les bouchées et est obligé de faire passer la pilule avec du thé à la pêche.
c'est la seule façon pour que ça passe.
son estomac ne grondait pas, mais tous ses sens étaient en éveil,

aucune envie non plus de regarder la télévision,
y avait son corps qui tremblait presque tant il prenait sur lui,
madison ne songeait qu'à ses lèvres, son cou, ses mains, putain sa langue...
et sa...
il penche légèrement sa tête sur le côté pour faire craquer sa nuque,
tentant de se concentrer sur le match en face de lui.
il se foutait complètement de ce qu'il se passait,
merde, il n'avait jamais rien compris au foot et ça ne l'intéressait pas du tout.
toujours pas gay non plus.
on mange des burgers devant du foot,
y a pas plus hétéro comme activité.
manquerait plus que les bières.

il force un rire.
mais en fait,
tout ce qu'il a envie, là,
c'est d'holden.

@Madison Vance | SAMEDI 08 MAI ; 20H35 | Faire abstraction de tout, de toi, c'était la seule façon que j'avais pour me concentrer sur les choses. Mais en fait, j'étais pas concentré. Ni sur la bouffe, ni sur la télé. Sur rien du tout, juste des souvenirs, flous et pourtant si nets, d'une soirée émoussée. D'une soirée mémorable. J'suis sûr que si ta peau touche la mienne, j'aurais la même sensation que j'avais ressenti ce soir là. L'électricité dans l'air, j'faisais comme si je la sentais pas, comme si je la voyais pas. « J'ai des bières par contre. A défaut d'avoir d'la bouffe, j'ai de la booze » C'était d'ailleurs la seule chose que j'avais dans mon frigo. Sûrement pour tenter d'oublier que j'suis... *pas* gay. J'repose alors le burger, soulagement immédiat quand je m'éloigne de toi, avant d'me diriger dans le frigo et de prendre deux bières. J'les décapsule avant de revenir sur le canap, bien dix centimètres de plus entre nous que tout à l'heure. J'pose la tienne à côté de ton ice tea, et j'commence à enfiler la mienne de trois bonnes grosses gorgées. « Tchin » que j'dis après, en la reposant, pour récupérer mon burger et en prendre un nouveau morceau.

il maintient désormais la distance, holden,
et si ça frustre profondément madison, si ça l'atteint plus qu'il ne le croyait,
c'est que cette légère séparation physique n'était pas plus mal.
il devait se préparer pour son audition, être pleinement concentré,
penser aaron burr, vivre aaron burr, respirer aaron burr.
c'était un rôle qui ferait décoller sa carrière, il en était certain.

mais en fait... ces trois derniers jours,
il pensait holden, vivait holden, respirait holden.
il ne fallait pas se méprendre, ce n'était pas de l'amour.
c'était... il l'avait dans la peau.
il sentait les mains d'holden partout sur son corps continuellement,
et il en faisait des rêves humides chaque nuit depuis.
putain.
tchin.
qu'il dit bêtement.
il boit alors une gorgée, regarde l'écran, se concentre sur l'herbe verte.

oh.
et.
puis.
merde.

tu fais chier.

il avait attendu qu'holden finisse sa bouchée pour s'exécuter,
se tournant vers lui et... il posait une main sur sa cuisse,
en plaquant ses lèvres aux siennes sans sommation.

@Madison Vance | SAMEDI 08 MAI ; 20H35 | J'savais pas comment agir. Comment réagir. Alors j'faisais rien de nouveau, j'me contentais de regarder le match en bouffant. Mon activité favorite, après sortir avec mes meilleurs potes. Alors ouais, si on avait échangé quelques mots encore une fois qui laisseraient penser que j'étais assez ouvert sur la question, c'était toujours pas le cas. Enfin, j'allais pas être celui qui fait le premier pas. Bouchée avalée, le regard rivé sur la télé, je m'attendais pas à ce que toi tu le fasses non plus. Et pourtant, ta main sur ma cuisse, tes lèvres plaquées sur les miennes et ma première réaction, c'était de t'repousser violemment. Mains sur le torse et j't'expulsais violemment, avant de m'calmer. Regard posé sur toi, tu dois certainement pas comprendre cette réaction et j'tentais de pas t'en laisser l'temps. J'attrapais l'col de ton t-shirt et j't'attirais de nouveau à moi pour qu'tu penses plus. Pour qu'on s'embrasse de nouveau.