SHENG LAO XIAN ► Lewis Tan

Les Xian font partie des 250000 clans familiaux qui composent la triade chinoise à ce jour. Depuis des générations, ils perpétuent sans honte de vieilles traditions remontant à l’époque féodale.
Sheng est né sous le toit de la demeure familiale, d’une mère qu’il n’a jamais connue et d’un père s’étant déshonoré en partageant sa vie avec cette britannique ramassée un soir au coin de la rue. Mais l’enfant n’étant pas responsable des fautes de ses pairs, il sera adopté puis élevé par son oncle après que son géniteur ait regagné dans la mort son honneur. Il est le seul fils de la demeure, suivi de près par une perle à la peau laiteuse campant le ventre rond de sa mère d’adoption alors qu’il n’était encore capable que de baver, trop tard pour être inquiétée par cette politique de l’enfant unique. Il devient alors le principal héritier de l’empire Xiaomi sans n’avoir jamais rien demandé.

Il a décroché très jeune son premier titre aux concours d'arts mariaux chinois traditionnels ( Kung Fu & Taiji Quan). Décorés de nombreuses années, il a continué à faire la fierté de son oncle, faisant les gros titres des régionaux au prix d’entrainements intensifs. Il en aura passé des heures à simuler des frappes contre un mannequin en bois, au point de s'en faire saigner les mains. Il finira second au championnat national, cette place lui seyant amplement au contraire de son tuteur qui le poussera à continuer. Mais cette ferveur le brise et il décide de se tourner vers d'autres horizons, cherche à prendre congé de sa garde rapprochée. Grossière erreur.
Les règlement de comptes sont monnaie courante dans la région et il est rattrapé par les gangs rivaux de son oncle pour être séquestré quelques semaines durant lesquelles il ne donnera plus signe de vie, pourtant pas très loin, coincé dans le Sud de la  Thaïlande . Il parviendra néanmoins à s'en échapper pour tomber par pur hasard sur ses premières ruines enfouies, chutant dans leurs cavités. Blessé, il ne parviendra pas à s'en sortir seul et ce sont les autochtones du coin qui le trouvent au bout de quelques jours pour le conduire au plus proche dispensaire. Sheng le prend personnellement comme un échec mais il n'en restera pas là. Rapatrié en Chine, il retrouve son riche train de vie, reprend ses activités et pourtant sa sœur voit bien qu'il n'est pas revenu entièrement de cette foret. Quelque chose en lui a profondément changé.

Durant deux ans il étudiera l'histoire des civilisations par cours interposés, des cours de survie en milieu hostile, pour retourner dans cet endroit en été 2017. Il ira seul, cherchant à se confronter à sa frayeur, juste affublé du minimum et d'une liasse donnée par son tuteur qui compris l'importance de ce pèlerinage. Il en ramènera une dague, la dague de Xian, qui trône encore aujourd'hui dans son loft à Boston, première des nombreuses reliques qu'il n'a jamais voulu revendre à des musées.

Fort de cette expérience, il réitérera l’exploit l’année suivante dans un autre endroit, préparant cette fois son excursion d’après les mythes qu’il aura entendus, de vieilles fables sur les ruines d’un village englouti depuis des décennies. Mais son oncle, qui espérait le voir reprendre les rênes de l’entreprise à sa suite, ne conçoit plus les choses de la même manière : Sheng se doit de penser à leur avenir, à ses premiers amours qui ont fait sa réputation. Alors à 23 ans, il accepte de se parfaire dans la maitrise en s’exilant au Tibet où, une fois sur place, il recommencera à piller. Discrètement dans un premier temps, jonglant entre entrainements et excursions non programmées.
Il revient en Chine à 24 ans, plus mature et plus sage bien que sa soif de découvertes soit toujours présente. Cela ne tiendra qu'un temps, quelques mois seulement avant qu'il ne profite du premier mois d'été pour y retourner, prétextant vouloir toujours plus se perfectionner. Durant le mois d'aout il se replonge dans la civilisation et suit les traces de son oncle dans l’entreprise familiale mais ne partage pas son engouement pour la direction. Il a le mal du pays et dès que l’occasion se présente lors de réunions, c’est par-delà les baies vitrées que son regard se dirige.
L'année suivante il se décide contre toute attente de continuer ses études en vue de décrocher une maitrise dans la ville qui l'a vu naitre, à Hong Kong. Il profitera néanmoins d'un concours sur le territoire américain au mois de mars pour survoler le Pacifique et passer des entretiens à Harvard, un pied à terre pour ses prochaines excursions peu pédagogiques. Les résultats sont plus que positifs, les avis plus que favorables, en particulier celui de celle qui l'a connu plus intiment une nuit.

C'est ainsi qu'en septembre 2020 il s'inscrit au palmarès des nombreux étudiants intercontinentaux, trouve même une place d'assistant pour seconder un professeur d'archéo. Travaillant ensemble sur des projets communs, des fouilles et des excavations, cela ne l’empêche pas de bosser sur ses plans persos tout en assurant les réunions de la firme familiale en conférences visio.