you're just a child. (Isaiah)

Ta semaine est passée à une vitesse grand V. La fin d'année approche et les examens par la même occasion. Tu n'as pas le droit à l'erreur. En tant que boursière, tu te dois d'être irréprochable et de toute façon, plus vite tu seras diplômée et plus vite tu toucheras un véritable salaire. Entre les cours, les révisions, les stages et bien évidemment, ton nouveau job en tant que serveuse au Drink, tu ne vois pas le temps passer. On est samedi et tu as l'impression de ne pas avoir vu ton frère de toute la semaine. Tu l'as croisé, rapidement mais, tu n'as même pas pris un repas en sa compagnie et ouais, on peut dire qu'il te manque. Alors, en sortant du travail ce soir, aux alentours de 3h le temps que tu rentreras, tu t'es dit que vous pourriez vous regarder au moins un film ou discuter de sa semaine tout simplement, comme vous le faisiez lorsque vous étiez enfants. Il est vrai que tu as du mal à le voir grandir Isaiah. Pour toi, il est toujours ce petit garçon qui aura besoin du réconfort de sa grande soeur, de ses paroles rassurantes et de son sourire pour égailler sa journée. T'es loin de te douter qu'il n'est plus cet enfant parfait mais qu'il en fait qu'à sa tête. Arrivée chez toi, tu te rends compte que la porte est verrouillé, que le salon est éteint et il ne se trouve pas dans sa chambre. Il a surement du sortir avec ses potes. Tu t'étales donc dans le canapé et joue avec la zapette en attendant qu'il rentre. Tu commences à piquer du nez. Tu regardes plusieurs fois ton portable. Tu finis même par lui envoyer un message quand tu te rends compte qu'il est 4h30 et qu'il ne donne toujours aucun signe de vie. Il devrait pourtant savoir que tu t'inquiètes pour tout et n'importe quoi. C'est ta spécialité. T'en viens à te ronger les ongles, fixant le poste de télévision maintenant éteint. Tu ne replonges pas le nez dans tes livres, trop inquiète pour avoir la tête ailleurs. Ton ombre dessiné sur le mur par la lumière tamisée des lampadaires comme seule compagnie, tu patientes. @Isaiah Seaton

@Charlize Seaton le temps, nos occupations respectives fait qu'on passe moins de moments à deux. elle qui jongle entre cours et son poste de serveuse au drink. moi à jouer le fleuriste, à sortir avec mes potes et à participer à des combats. la dernière activité que j'ai omis de faire part à charlize pour ne pas qu'elle ne s'inquiète plus qu'elle ne le fait d'habitude quand il s'agit de moi. elle me couve. depuis toujours et ça ne changera pas même si j'ai beau lui répéter tout le temps. ça me fait chier qu'elle ne veuille pas me voir autrement que le gamin en détresse d'il y'a des années en arrière. qu'elle se fasse à l'idée que j'ai grandi, que je peux m'occuper de moi-même à présent. paradoxal vu qu'on habite sous le même toit. c'est que je n'ai pas tant envie de me défaire de mon aînée, au fond. c'est arrivé une fois mais plus jamais. même si elle m'étouffe parfois. nuit tombée, je reviens à la maison en faisant le moins de bruits possible. c'est limite que je marche sur la pointe des pieds. espoirs qu'elle soit profondément endormie dans sa chambre et qu'elle me verrait pas abîmé envolés quand je lui fais face, la faible lumière pour seule source d'illumination dans la pièce. "t'es encore debout. désolé j'ai pas pu te prévenir, batterie morte..." maintenant que je suis rentré elle peut aller finir sa nuit mais c'est mal la connaître que de me laisser passer entre les mailles du filet aussi facilement. "on a fait les cons et je suis tombé, ça va rien de fou." comme si l'excuse d'une chute suffisait à la berner.

La nuit est tombée depuis un moment déjà et tu peux comprendre que Isaiah ait besoin de sortir, d'ailleurs, tu ne l'empêcheras jamais de voir ses potes bien que parfois, tu aimerais qu'il revoit ses fréquentations. Tu tentes d'être compréhensive, de te mettre à sa place alors que t'as jamais vraiment vécu sa situation. Toi, on t'a imposé de grandir trop rapidement. Ça ne t'a pas gêné et encore aujourd'hui, t'es persuadée que tes parents seraient fière de la personne que tu es devenue. Tu te démènes pour réussir tes études tout en travaillant pour payer le loyer, les besoins primaires. T'aurais voulu qu'Isaiah entre à l'université à son tour et tu espères toujours qu'il change d'avis, gardant l'argent de côté nécessaire pour lui assurer un bel avenir. A côté, tu aides tant bien que mal DeSean a ouvrir le centre communautaire parce que tu te dis que peut-être, t'aurais pu besoin de cette main tendue à une époque. Tu donnes de ta personne au point de te négliger et encore ce soir, au lieu de rejoindre les bras de Morphée, tu préfères t'assurer que ton petit frère rentre en un seul morceau. Evidemment, lorsque tu le vois franchir la porte avec ses excuses, tête baissée, tu remarques qu'il est amoché. Tu te lèves, pour lui barrer la route, piégeant son menton pour admirer les dégâts. Tu observes en silence avant de soupirer : Papa aussi rentrait dans cet état... Autrement dit, t'es pas conne. Tu sais parfaitement qu'il s'est battu. Faut nettoyer tout ça pour voir si t'as besoin de points de suture... Ton sang ne fait qu'un tour, il bouillonne. Tu passes une main dans tes cheveux et te diriges d'un pas lasse vers la salle de main pour récupérer le nécessaire bien qu'il va surement rétorquer qu'il n'a pas besoin de toi. @Isaiah Seaton

@Charlize Seaton trop souvent j'y pense. je pense à quel point mes parents doivent être fiers de ce qu'est devenu charlize. je le suis aussi. elle est forte, solide, studieuse. ils voient tout d'où ils sont. y compris moi. plein de déception, ils me renierait. je suis un flemmard, ne foutant pas grand chose de mes journées, dépendant de ma soeur. mon pilier. rien d'un fils rêvé. j'en suis conscient mais j'ai du mal à me défaire de comment je me suis construit. bien instablement. "ne me parle pas de lui." que je lâche sèchement, instinctivement. si je veux pas qu'elle le mentionne, je n'ai qu'à agir autrement que comme lui mais ça je suis trop con, trop égoïste pour le mettre en tête. mon attitude est similaire à mon défunt paternel parce que je sais pas comment le faire vivre autrement qu'à travers ça, les bagarres, suivre ses traces de boxeur. c'est ma propre façon de ne pas l'oublier. l'honorer, aussi mal que ça soit et au plus grand regret de charlize. à peine le temps d'en placer une qu'elle est partie dans la salle de bain récupérer la trousse de secours. encore une fois, comme d'habitude. ça arrive bien trop répétitivement. à force je peux énumérer tout ce dont il contient en un rien de temps. même si elle va me passer un savon - et elle le fera - je me laisse faire. "je commence à croire que t'y prend goût." ou pas. personne n'aime voir un proche blessé et devoir s'en occuper comme elle le fait. "je dis tout le temps ne pas avoir besoin de toi mais tu fais ça bien." pas que me rafistoler. tout gérer. notamment moi. je suis pas facile à vivre.

Est-ce que les parents seraient fiers de ce que vous êtes devenus ? Est-ce qu'ils approuveraient la façon dont tu t'occupes de ton frère ? A ce stade, ce n'est plus de la protection, t'en as conscience. Isaiah est la seule personne qu'il te reste alors, tu as tendance à veiller sur lui comme la prunelle de tes yeux. Tu le fais passer avant tout, au détriment de tes propres besoins parfois. Tu sais qu'il aimerait que tu t'occupes un peu plus de toi et que tu le laisses vivre en tant qu'adulte. Sauf que tu n'arrives pas à couper le cordon. C'est une promesse que tu as faite à ta mère, toujours veiller sur ton petit frère. C'est ainsi qu'on t'a éduqué. Papa n'approuvait pas toujours parce que, c'est un homme, il faut qu'il apprenne de ses erreurs et tout le monde te le répète encore aujourd'hui. Mais tu n'as jamais vraiment apprécié la façon dont papa gérait les problèmes. Les combats pour l'argent. Les combats comme échappatoire. Les combats pour le besoin ou pour le plaisir, on finissait par s'emmêler les pinceaux. C'est ce qui causa sa perte et tu appréhendes le fait qu'Isaiah puisse suivre la même voie. Alors, tu le lui rappelles et ce, bien que ça ne lui plaise pas. Vous n'en parlez pas souvent, comme une blessure qui ne s'est toujours pas refermée malgré les années. Tu ne rétorques pas, tu files vers la salle de bain pour prendre le nécessaire afin de le soigner. C'est devenu une routine et quand ce n'est pas lui, Iwan débarque. Petite remarque qu'il tente de faire pour détendre l'atmosphère alors que tu lèves les yeux au ciel. Non, tu n'apprécies pas de voir ton petit frère abimé de la sorte. C'est mon devoir de veiller sur toi. Je le ferais toujours ! Et si tu n'aimes pas le voir comme ça, tu apprécies malgré tout le fait de veiller sur lui. T'as besoin de lui autant qu'il a besoin de toi. Il a juste trop de fierté pour l'avouer. Tu peux vraiment pas te contenter d'aller boire une bière avec tes copains, draguer des filles et... Je sais pas, j'accepte même que t'en ramènes ici si c'est pour éviter que tu termines dans cet état ! Tu soupires. Ça te fait mal de le voir comme ça. Tu ne sais même pas s'il est heureux. Tu ne le connais pas vraiment dans le fond. Tu ne prends pas le temps de savoir ce qu'il aime et comment il se sent... @Isaiah Seaton