Mercredi 12 Mai. Après-midi.
Cinquième jour de liberté totale. Cinquième jour que je vivais en dehors de la cage blanche où les journées rassurantes s’étaient étirées. Cinquième jour que je me retrouvais plongé dans le monde extérieur alors que j’aurai tant aimé rester à l’hôpital moi. Le monde me semblait trop bancal partout. Tout me semblait si dangereux dans cet univers qui ne correspondait pas à ma vie. À ma réalité. Tout m’effrayait. Inconnu se dessinant partout autour de mon être. Et, même si mes proches tentaient de rendre les choses plus aisées, j’avais seulement envie de rentrer chez moi. Je désirais retourner en Italie. Je voulais juste retrouver ma vie. Mon époque. Voyage dans le temps qui me déplaisait. Corps nouveau que je ne reconnaissais pas. Existence nouvelle que je haïssais. Trop de libertés. Trop de monde. Trop de changements. Trop, trop, trop. Cette après-midi, c’était trop encore. Je tournais en rond dans l’appartement – dans mon appartement – depuis de longues minutes. Lukas n’était pas là. Il était sorti. Peut-être parti voir Aurore comme il en avait l’habitude. Je ne savais pas. Et moi, je tournais en rond. Gamin perdu qui se sentait enfermé. Gosse qui ne savait pas quoi faire pour effacer l’oppression écrasant la poitrine. J’avais essayé de me poser dans un coin et de me laisser emporter par la lecture. J’avais essayé de me tenir sage et de rester dans ma cage. Mais, il y avait quelque chose qui cognait dans ma tête. Comme la nuit où j’étais sorti pour voir Nate. Il y avait quelque chose qui pulsait dans mon crâne et qui refusait de s’effacer. Idée incrustée que je ne pouvais pas ignorer. Envie soudaine à laquelle j’avais juste envie de céder. Les images cognaient dans ma tête. Vestiges de souvenirs de ma vie oubliée ? Fausse piste pour me faire charcuter ? Je n’en savais rien. Je savais juste que je me tenais devant la porte de mon appartement à hésiter sur le départ. La musique tournait en boucle dans mon crâne. Paroles un peu trop sensuelles qui m’allumaient rien qu’à leur entente. La salle cognait vivement dans ma tête. Endroit inconnu dont je semblais pourtant me souvenir quelque part. Miette d’un souvenir. Débris de mon existence. Je soupirais. Gamin curieux qui ne savait plus se contenir. Gosse avide de découvertes qui ne savait pas comment faire taire les vestiges. Je devais céder. Céder et découvrir ce que ma tête avait envie que je trouve. Découvrir ce qui manquait pour former le puzzle d’une vie que je n’étais pas certain de désirer garder. Alors, attrapant le sweat bien trop grand accroché au porte manteau, je l’enfilais rapidement en même temps que mes chaussures. Et, capuche rabattue sur ma tête, je prenais lentement la route. Un pied devant l’autre. Les yeux rivés au sol. Gamin qui ignorait le monde autour de lui. Gosse qui avait failli se faire renverser par une voiture tellement il ne faisait pas attention à la vie de Boston. Enfant qui se sentait malade. Pas à sa place ici. Pas dans sa vie à présent.
Le campus se dessinait sous mon regard. Fourmillant de monde. Grouillant de bruit. Je me stoppais. Gamin trop timide qui hésitait à avancer. Je n’avais aucune envie de plonger dans cette fourmilière qui pourrait me heurter. Trop de monde qui pouvait m’interpeller. Trop de risques de contacts non désirés. Trop de bruits qui me donnaient déjà mal au crâne. Je faisais un pas en arrière et la musique cognait de nouveau. Je ne pouvais pas partir ainsi. Il y avait des miettes à suivre ici. Un mystère à percer en ces lieux. Plongeant mes mains dans les poches du sweat, je baissais encore plus la tête pour me faire invisible laissant mes pas décider pour moi. Je suivais sans faire attention. Simplement éviter la foule. Juste garder la tête baissée. Tourner. Monter. Tourner. Écouter. Soudainement, je m’arrêtais devant une porte. Gamin qui se penchait avec discrétion pour voir que la salle était vide. Porte poussée et refermée derrière moi alors que j’observais la salle se tenant devant moi. Un piédestal au centre entouré de chevalets. Mes sourcils se fronçaient. Je n’étais pas doué pour le dessin… Quoique… Lukas avait dit que je l’étais. L’étais-je au point de suivre des cours ici ? Non. Alors pourquoi étais-je là ? Est-ce que je m’étais déjà installé sur ce piédestal ? L’idée m’arrachant un gloussement enfantin. C’était si idiot. Le gamin couvert de cicatrices n’aurait jamais fait une telle chose. Étaler son corps sous le regard d’autre n’était pas pensable. Pas alors que je préférais déjà coucher avec un tee-shirt sur la peau. Sept années Neal. Sept années s’étaient écoulées et peut-être que tout avait changé. Les mains enfoncées dans les poches, je m’avançais dans la pièce déserte. Mes iris sombres se promenaient à la recherche du déclic. Je cherchais à comprendre pourquoi les miettes de ma tête m’avaient poussées ici. Elles m’avaient poussé dehors quelques jours plus tôt, mais j’avais fini dans l’appartement de Nate. Il y avait eu quelqu’un. Ici, il n’y avait personne. Personne hormis des voiles un peu trop flous de souvenirs que je ne savais pas saisir. Personne hormis un air redondant dans la tête. Une mélodie que je n’avais pas entendu depuis de si long mois il me semblait… Ou peut-être des années en vérité. La notion du temps m’échappait. Je grimpais sur le piédestal qui se trouvait au milieu de la pièce et je tournais sur moi-même. Flash. Il est là. En face. Les encres recouvrent sa peau et il me fixe alors que je pose là. Immobile. À ressentir la chaleur s’insinuer dans mon être. À ressentir le désir retourner doucement mon ventre. Je clignais des yeux m’empressant de descendre. Presque aussitôt, la porte grinçait s’ouvrant pour laisser apparaître un garçon. Les yeux se baissaient aussitôt sans prendre le temps de le regarder. Je reculais. Gamin pris en faute. Gosse qui venait marmonner mine bien trop effacée sous mes yeux. Je murmurais soudainement « Je… Doso… Dé… Je… Lé… » Mes prunelles se fermaient alors que je voyais que j’étais incapable de parler. Bien trop paniqué pour connecter les mots correctement. Bien trop angoissé pour faire des phrases. Je respirais avant d’ouvrir les yeux les gardant toujours rivés sur le sol. Je réessayais mine bien trop effacée sous mes yeux. Je murmurais soudainement « D’solé… Je… Penas… Pen… Pensait pas qu’il… Qu’il y avait… Un… Cours ici… D’solé… » Je reculais encore de quelques pas comme pour disparaître tout en jouant nerveusement avec mes doigts. Ne faire attention à rien du monde extérieur me portait préjudice. Je me prenais le pied dans un chevalet me retrouvant fesses au sol en un rien de temps. Gamin pitoyable qui tremblait de tout son corps. Gosse qui restait au sol ne bougeant plus. Silencieux. Immobile. Sage. À ne même pas oser lever les yeux sur l’intrus présent là.
Cinquième jour de liberté totale. Cinquième jour que je vivais en dehors de la cage blanche où les journées rassurantes s’étaient étirées. Cinquième jour que je me retrouvais plongé dans le monde extérieur alors que j’aurai tant aimé rester à l’hôpital moi. Le monde me semblait trop bancal partout. Tout me semblait si dangereux dans cet univers qui ne correspondait pas à ma vie. À ma réalité. Tout m’effrayait. Inconnu se dessinant partout autour de mon être. Et, même si mes proches tentaient de rendre les choses plus aisées, j’avais seulement envie de rentrer chez moi. Je désirais retourner en Italie. Je voulais juste retrouver ma vie. Mon époque. Voyage dans le temps qui me déplaisait. Corps nouveau que je ne reconnaissais pas. Existence nouvelle que je haïssais. Trop de libertés. Trop de monde. Trop de changements. Trop, trop, trop. Cette après-midi, c’était trop encore. Je tournais en rond dans l’appartement – dans mon appartement – depuis de longues minutes. Lukas n’était pas là. Il était sorti. Peut-être parti voir Aurore comme il en avait l’habitude. Je ne savais pas. Et moi, je tournais en rond. Gamin perdu qui se sentait enfermé. Gosse qui ne savait pas quoi faire pour effacer l’oppression écrasant la poitrine. J’avais essayé de me poser dans un coin et de me laisser emporter par la lecture. J’avais essayé de me tenir sage et de rester dans ma cage. Mais, il y avait quelque chose qui cognait dans ma tête. Comme la nuit où j’étais sorti pour voir Nate. Il y avait quelque chose qui pulsait dans mon crâne et qui refusait de s’effacer. Idée incrustée que je ne pouvais pas ignorer. Envie soudaine à laquelle j’avais juste envie de céder. Les images cognaient dans ma tête. Vestiges de souvenirs de ma vie oubliée ? Fausse piste pour me faire charcuter ? Je n’en savais rien. Je savais juste que je me tenais devant la porte de mon appartement à hésiter sur le départ. La musique tournait en boucle dans mon crâne. Paroles un peu trop sensuelles qui m’allumaient rien qu’à leur entente. La salle cognait vivement dans ma tête. Endroit inconnu dont je semblais pourtant me souvenir quelque part. Miette d’un souvenir. Débris de mon existence. Je soupirais. Gamin curieux qui ne savait plus se contenir. Gosse avide de découvertes qui ne savait pas comment faire taire les vestiges. Je devais céder. Céder et découvrir ce que ma tête avait envie que je trouve. Découvrir ce qui manquait pour former le puzzle d’une vie que je n’étais pas certain de désirer garder. Alors, attrapant le sweat bien trop grand accroché au porte manteau, je l’enfilais rapidement en même temps que mes chaussures. Et, capuche rabattue sur ma tête, je prenais lentement la route. Un pied devant l’autre. Les yeux rivés au sol. Gamin qui ignorait le monde autour de lui. Gosse qui avait failli se faire renverser par une voiture tellement il ne faisait pas attention à la vie de Boston. Enfant qui se sentait malade. Pas à sa place ici. Pas dans sa vie à présent.
Le campus se dessinait sous mon regard. Fourmillant de monde. Grouillant de bruit. Je me stoppais. Gamin trop timide qui hésitait à avancer. Je n’avais aucune envie de plonger dans cette fourmilière qui pourrait me heurter. Trop de monde qui pouvait m’interpeller. Trop de risques de contacts non désirés. Trop de bruits qui me donnaient déjà mal au crâne. Je faisais un pas en arrière et la musique cognait de nouveau. Je ne pouvais pas partir ainsi. Il y avait des miettes à suivre ici. Un mystère à percer en ces lieux. Plongeant mes mains dans les poches du sweat, je baissais encore plus la tête pour me faire invisible laissant mes pas décider pour moi. Je suivais sans faire attention. Simplement éviter la foule. Juste garder la tête baissée. Tourner. Monter. Tourner. Écouter. Soudainement, je m’arrêtais devant une porte. Gamin qui se penchait avec discrétion pour voir que la salle était vide. Porte poussée et refermée derrière moi alors que j’observais la salle se tenant devant moi. Un piédestal au centre entouré de chevalets. Mes sourcils se fronçaient. Je n’étais pas doué pour le dessin… Quoique… Lukas avait dit que je l’étais. L’étais-je au point de suivre des cours ici ? Non. Alors pourquoi étais-je là ? Est-ce que je m’étais déjà installé sur ce piédestal ? L’idée m’arrachant un gloussement enfantin. C’était si idiot. Le gamin couvert de cicatrices n’aurait jamais fait une telle chose. Étaler son corps sous le regard d’autre n’était pas pensable. Pas alors que je préférais déjà coucher avec un tee-shirt sur la peau. Sept années Neal. Sept années s’étaient écoulées et peut-être que tout avait changé. Les mains enfoncées dans les poches, je m’avançais dans la pièce déserte. Mes iris sombres se promenaient à la recherche du déclic. Je cherchais à comprendre pourquoi les miettes de ma tête m’avaient poussées ici. Elles m’avaient poussé dehors quelques jours plus tôt, mais j’avais fini dans l’appartement de Nate. Il y avait eu quelqu’un. Ici, il n’y avait personne. Personne hormis des voiles un peu trop flous de souvenirs que je ne savais pas saisir. Personne hormis un air redondant dans la tête. Une mélodie que je n’avais pas entendu depuis de si long mois il me semblait… Ou peut-être des années en vérité. La notion du temps m’échappait. Je grimpais sur le piédestal qui se trouvait au milieu de la pièce et je tournais sur moi-même. Flash. Il est là. En face. Les encres recouvrent sa peau et il me fixe alors que je pose là. Immobile. À ressentir la chaleur s’insinuer dans mon être. À ressentir le désir retourner doucement mon ventre. Je clignais des yeux m’empressant de descendre. Presque aussitôt, la porte grinçait s’ouvrant pour laisser apparaître un garçon. Les yeux se baissaient aussitôt sans prendre le temps de le regarder. Je reculais. Gamin pris en faute. Gosse qui venait marmonner mine bien trop effacée sous mes yeux. Je murmurais soudainement « Je… Doso… Dé… Je… Lé… » Mes prunelles se fermaient alors que je voyais que j’étais incapable de parler. Bien trop paniqué pour connecter les mots correctement. Bien trop angoissé pour faire des phrases. Je respirais avant d’ouvrir les yeux les gardant toujours rivés sur le sol. Je réessayais mine bien trop effacée sous mes yeux. Je murmurais soudainement « D’solé… Je… Penas… Pen… Pensait pas qu’il… Qu’il y avait… Un… Cours ici… D’solé… » Je reculais encore de quelques pas comme pour disparaître tout en jouant nerveusement avec mes doigts. Ne faire attention à rien du monde extérieur me portait préjudice. Je me prenais le pied dans un chevalet me retrouvant fesses au sol en un rien de temps. Gamin pitoyable qui tremblait de tout son corps. Gosse qui restait au sol ne bougeant plus. Silencieux. Immobile. Sage. À ne même pas oser lever les yeux sur l’intrus présent là.
@Nixon Sherwood
(Neal T. Hood-Spritz)