you're my best mistake. — (( balou ))

Tu pourrais vriller à n’importe quel instant, retomber dans une colère noire et tout envoyer balader ; pourtant, t’essayes tant bien que mal de te contenir même quand tu constates son hochement de tête d’un coin de l’œil. Agaçant et effronté, c’est tout ce qu’il te donne l’impression d’être à cet instant. T’es à moitié attristée par son aveu, par le fait qu’il ait pensé en finir tant il était angoissé ; mais, pourtant, les mots qui suivent ont un tout autre effet sur toi. Ne plus être le gentil petit mari qui attend sagement. L’alcool et les joints. « J’espère pour toi que tu consommes pas quand t’as Rose. » Parce que t’hésiteras pas un seul instant à le mettre autant à terre qu’il a pu le faire avec toi quand tout allait mal et qu’il a malgré tout tenu votre fille loin de toi durant des semaines. « Le gentil petit mari, hein ? Dis plutôt que t’avais besoin de t’en faire d’autres comme tu l’as toujours fait avant tout ça. » De baiser des femmes différentes chaque soir comme il avait le don de le faire avant toi. Mais tout ça, ça te regarde plus, après tout. Tes yeux se détournent soudainement, l’abandonnant du regard pour regarder la poignée sur laquelle tu poses ta main pour enclencher l’ouverture de la portière. « Je crois qu’on a plus rien à se dire, j’en ai assez entendu. On se voit jeudi. » que tu prononces froidement, de manière détachée. Sortir de l’habitacle, c’est tout ce qui t’importe à cet instant ; fuir pour ne pas souffrir plus encore.

Combat éternel que tu mènes contre la vie, t’as toujours eu le don de te fourrer dans des histoires compliquées. Depuis l’adolescence, tu t’es peu à peu révoltée, devenue plus sauvage au fil des semaines et des mois passées à traîner dans ces lieux dont ta famille cherchait pourtant à te préserver. Et, toi qui pensais enfin avoir trouvé la paix aux côtés de celui qui a toujours fait chavirer ton cœur, tu t’es finalement retrouvée une fois de plus à terre, sans raison, sans explication. Ou, du moins, de ces explications qui ne laissent que le goût amer de l’inachevé. Heureusement pour toi, t’as été bien entourée cette fois et t’as su te relever ; jusqu’à ce que Nabil quitte à son tour le navire que t’avais fini par recréer. T’es mal. Le cœur détruit, explosé, piétiné une fois de plus. Davantage encore par les aveux de Basile qui font naître en toi cette rage que tu tentes pourtant de calmer en faisant preuve d’un brin de maturité. Il t’avoue que t’es la seule qui ait jamais compté ; mais, toi, t’y crois pas un seul instant après ce qu’il a pu te faire et te dire quelques secondes auparavant. T’ajoutes pourtant rien, te contentant de t’extirper à toute vitesse de l’habitacle avec la volonté de retrouver le bal et quelqu’un capable de te réconforter. Mais tu te fais bien vite stopper par le français qui te bloque le passage pour t’avouer que tu lui manques. Et ça te fait rire. Rire jaune, rire douloureusement. « Je te manque parce que t’as plus personne à baiser ? Parce que t’acceptes pas qu’un autre ait pris ta place ? Que cet autre soit Nabil ? » Ton meilleur ami depuis toujours, Nabil ; ça pourrait sembler être un affront, pour montrer à Basile qu’au fond, ça a jamais été lui et que ça avait toujours été Nabil. Mais c’est pas le cas. Basile, c’est celui avec qui tu te voyais finir ta vie depuis gamine, avant même de comprendre ce que Nabil pouvait t’apporter et à quel point dans le fond tu l’aimais.

T’es fatiguée. Fatiguée de cette discussion qui te donne juste la sensation de faire un bond dans le passé, quand il vous abandonnait Rose et toi pour son besoin de réfléchir. T’avais pu le comprendre, évidemment ; ou du moins, jusqu’au jour où t’as reçu cette demande de divorce après trois semaines de silence. T’as pas accepté. T’as pas encore avalé la pilule et tu l’avaleras certainement pas de si tôt. Bien sûr que tu lui en veux ; mais t’as eu la sensation de retomber sur tes pieds avec la présence de Nabil. Du moins, c’était sans compter sur la vitesse à laquelle votre relation a pris un tournant. Deux mois plus tard à peine, tu tombais enceinte, le faisant partir trois mois tout juste après l’officialisation de votre relation. T’es la reine, Louve. La reine des emmerdes et des histoires foireuses. Tu le seras toujours. Pourtant, t’ajoutes rien aux mots de Basile, quand bien même ils sont faux. Faux parce que t’as pas refait ta vie comme il a l’air de le penser ; tu te retrouves juste plus seule que jamais, enceinte de celui qui a durant si longtemps été ton meilleur ami. « C’est ça, bonne soirée. A jeudi. » T’es en rogne, ça se voit et ça s’entend ; alors vaut mieux que tu partes avant d’exploser à quelques dizaines de mètres de l’entrée du bal.