(tw / ralvisio) it's a lonely day, and it's mine

tw : mort

@Veïa Alvisio | LUNDI 26 AVRIL | J'allais devoir dire au revoir à ma mère. Pour de vrai, pour de bon. Je n'arrivais pas à imprimer cette réalité. Pourtant, j'avais passé le plus clair de mon temps au chevet de mon père, encore inanimé. Un coma nécessaire pour qu'il puisse se remettre de ses blessures, de ses opérations. J'avais peur de le perdre aussi, de me retrouver sans aucun parent. Tout vêtu de noir, prêt pour la suite de la journée, j'étais sur ce siège, qui connaissait la forme de mes fesses depuis une semaine maintenant. Mon regard fixé sur ce corps qui ne bougeait que pour respirer, une foi que je ne me connaissait pas tentait de faire son chemin. Espérer qu'il survive. Espérer qu'il soit comme avant. C'était bien trop pour le coup, d'espérer ça. Comment pouvait-il redevenir comme il était alors que l'amour de sa vie venait de mourir ? J'avais peur de son réveil, de ce moment où il prendra conscience qu'elle n'est plus de ce monde. Cette simple idée me foutait de nouveau les larmes aux yeux, et j'attrapais la main de mon père, plaquant mon front dessus, tout en resserrant mon étreinte.

Il y a ses moments, ses épreuves où toutes les blessures, les querelles et les peines, partent dans la brume le temps d'un moment. Monter dans cet avion c'est d'aller à contre-courant contre mon corps et ce que ma tête me dit de faire. Mais tu avais toujours été là pour moi, peu importe, même quand nous étions à des kilomètres. Et je ne pouvais me résoudre à ne pas en faire même. Ayant déjà perdu une figure maternelle dans ma vie, je ne pouvais que comprendre ton mal cuisant qui refuse de partir, peu importe les mots posés ou les gestes. On m'indique la chambre où ton père git dans un sommeil profond qui l'éloigne des démons qui l'attendent à son réveil. Une grande inspiration pour que je me pointe dans ce cadre de porte, pour que je te voie pencher au-dessus de son corps, cherchant toute la force du monde pour continuer la suite des évènements. Fleurs en main, vêtues de noir, comme je ne l'étais jamais. C'est les nuages sombres qui sommeillaient sur Glasgow, même avec le plus beau soleil niché dans le ciel. Le bouquet qui se dépose sur la table au bout du lit, moi qui me penche délicatement vers toi, venant chercher ta main libre, posant l'autre au creux de ton dos où je dépose une caresse rassurante, la gorge serrée. En aucun cas, tu n’avais mérité tout ça.

@Archer Ralston

tw : mort

@Veïa Alvisio | LUNDI 26 AVRIL | Je sentais ta présence à mes côtés. Sans entendre ta voix, c’était ton odeur qui m’avait mis la puce à l’oreille. Outre le fait que les choses allaient mal entre nous dernièrement, tu avais malgré tout fait le chemin pour être là pour moi. J’avais demandé, parce que je t’aimais et que j’avais besoin de toi. Mais en aucun cas je ne voulais te blesser d’avantages. Seulement, c’était toi qui l’avait fait. “Amis”. Voilà ce qu’on devait être maintenant. Ni plus, peut-être moins si ça allait mal. Mais tu te protégeais et je pouvais le comprendre. « J’suis pas prêt » que je dis doucement, sans forcément bouger. Ta main dans mon dos me faisait du bien, c’était indéniable. Mais j’étais pas prêt à te regarder, à revoir mon père allongé dans ce lit. Encore moins à aller dire au revoir à ma mère. « Elle… elle devait pas partir comme ça » C’était trop tôt, trop rapide, trop… violent.

Bien sûr que mon coeur se débat comme un dingue même dans ce genre de circonstance quand il s'agit de toucher, d'être près de toi, encore plus quand je ressens ta douleur jusqu'au profond de mon âme. Pourrais-je être ton meilleur support ? Cette amie que je t'ai fixée, ne voulant pas plus, n'ayant jamais la certitude que tu allais rester après tout ça, m'ayant réclamé sur le coup de l'émotion. Une arme qui roule sur ma joue blanche quand j'entends ta voix faible, quand tu refuses de me regarder. La douleur qui est trop forte, je cherche les bons mots, mais tout m'échappe.«On est jamais prêt, Archie...»Comme de se dire au revoir la dernière fois, comme de leur dire au revoir à tout ceux qu'on aime. «Elle reste avec toi dans ton coeur.» Et dans ta tête avec les souvenirs qui s'emmêlent. Plongeant la main dans ma poche, je glisse un cristal minuscule dans la tienne que je tiens. «Il apaise et donne du courage...» dis-je la voix un peu étranglée, fixant le mur blanc devant moi inspirant pour ne pas craquer, pour être forte pour toi là où tu ne peux pas l'être. Ta statue de pierre dont tu avais besoin, si je ne pouvais pas être celle qui partage ton quotidien.

@Archer Ralston

tw : mort

@Veïa Alvisio | LUNDI 26 AVRIL | Est-ce qu’on est vraiment prêt un jour ? Je pense pas. Mais si ça avait été une maladie, j’aurais pu tenter de me préparer, de faire en sorte d’anticiper tout ça. C’était si abrupte que je ne pouvais pas m’en remettre, pas si facilement. Shade était arrivé ce week end et j’avais passé le plus clair de mon temps entre l’hôpital et la maison familiale. L’ambiance était pesante et je regrettais même d’avoir proposé à Marley d’être venue. Toi aussi d’ailleurs. J’aurais pas du te contacter mais ça avait été plus fort que moi. J’attrapais le cristal que tu m’offrais, le tenant ainsi fermement dans ma main. « Tu crois que je peux survivre à tout ça ? » Parce que moi, j’en étais pas si sûr. J’étais un peu un fils à maman. L’enfant prodige, le miracle des Ralston. J’avais l’habitude d’être mis sur un piédestal pour eux. Ne plus entendre ma mère dire qu’elle est fière de moi, je pouvais pas, j’y arriverai pas. « Je sais pas… je sais pas si je peux, j’ai pas la force V’ »

D'un deuil abrupte on te force à survivre presque seul au combat. Je tente de te réconforter malgré la distance qu'il a entre nous à présent. La haine n'est rien dans ces temps sombres. Cette envie de voir t'arracher ton mal pour pouvoir le prendre à ta place. La force qui t'échappe, le désarroi qui s'empart de toi, les barrières tombent et je te redresse prenant tes épaules. «Regarde-moi.» J'ai ce regard déterminé,luisant de larmes qui reflètent bien avec tien aussi détruit.«Tu vas survivre parce que tu es fort. Peut-être qu'aujourd'hui tu as envie de baisser les bras et que t'es épuisé, mais oui tu y arriveras. Sinon je ferai en sorte que se soit le cas. Viens là.» Et tout doucement je t'attire contre moi te serrant dans mes bras pour reprendre les caresses contre ton échine. Si peut-être on ne s'accorde plus correctement, je refuse de te voir perdre ton dernier souffle et encore plus de te voir sombrer dans les abysses.

@Archer Ralston

tw : mort

@Veïa Alvisio | LUNDI 26 AVRIL | Survivre ses parents, c’était la suite logique. Le contraire ne l’était pas. Alors oui, c’était l’ordre des choses mais ça ne rendait pas l’épreuve plus facile pour autant. Perdre ses proches n’est jamais chose aisée et je le savais, sur la théorie. La pratique était bien plus difficile à assimiler. A vivre. J’avais l’impression d’avoir un trou béant à la place du coeur, impossible de ressentir quoi que ce soit de plus qu’une tristesse infinie. Mon regard se posait sur toi, comme tu me le demandais. Je me laissais faire quand tu me prenais dans tes bras, resserrant mon étreinte autour de toi, me délectant de ton odeur, celle qui me faisait vibrer bien que je n’ai plus vraiment le droit de m’en rassasier. « Comment…? Tu veux plus être dans ma vie » C’était pas un appel au secours, mais tu avais été claire que les choses étaient terminées entre nous. Alors comment tu pourrais m’aider en étant à l’écart de tout ce que je pouvais vivre ?

Tout se bousculait dans ma tête. Était-ce vraiment une bonne chose que je sois avec toi, là tout de suite, te prenant dans mes bras comme si la séparation n'avait jamais eu lieu. C'était ma décision, pas la tienne, alors forcément que tu espérais sans doute que je revienne. Du moins, j'avais envie d'y penser naïvement. Et à tes paroles je comprenais que la situation était un puzzle sans fin. «Comme amie. Comme support moral.» Je n'ai aucune assurance que tu voudras encore de moi le deuil passé. Pourquoi les choses changeraient après tout ? Elle n'avait pas bougé depuis presque un an. Je ne croyais plus à ce genre de miracles.  «Je serai là le temps qu'il faudra...»  Je clouais le reste de mes mots au fond de ma gorge, car la suite était que je souhaitais disparaitre à nouveau dans l'ombre, car amie avec toi, non, je ne peux pas.

@Archer Ralston

tw : mort

@Veïa Alvisio | LUNDI 26 AVRIL | Je n’avais aucune idée de ce qui était bien ou mal en cet instant. Juste, je voulais tout éteindre, ne plus rien ressentir de ce que je pouvais ressentir en ce moment. Un vide intersidéral, que personne ne pourrait combler. Et le pire dans tout ça, c’est que je n’avais plus vraiment ton soutien, ton aide. Tu étais là, sans être là. Une “amie”. Est-ce que c’était réellement ce que je voulais ? « Ne le promets pas… Parce que tu partiras, je le sais. Tu pars toujours » Une plainte qui vient du coeur, celui qui est endeuillé par la mort de ma mère, mais par ton départ bien trop précipité. Je voulais pas créer de scène, lancer une dispute, alors je finissais par me reculer, ne plus être dans tes bras serait déjà une étape. « Désolé… J’veux pas m’engueuler, je retire » Un soupir, un regard vers mon père, alité et inconscient. Faites simplement qu’il se réveille et, qu’un jour, il se remette de cette perte.

Tes mots sont des lames de rasoir. J'aurais pu presque sentir la lame contre ma peau. J'inspire et me retiens de toutes mes forces pour ne rien dire. Les reproches n'étaient pas de mise, pas dans une journée aussi sombre. Le mal devait te parler à place. J'avais traversé l'océan pour toi, veillé sur toi malgré notre relation presque toxique. Ton coeur se plaint et il traverse à tes lèvres. Tu relâches mon étreinte et mon corps se tend comme un pic, plus qu'il ne l'était déjà, la gorge qui devient trop serrée pour cacher toutes les émotions que je me devais de contenir pour toi et te pardonner pour les heures sombres que tu vivais.  «C'est pas grave...» Je me relevais pour déposer une main sur ton épaule, brève. «On se revoit là-bas.» Aux funérailles, tous vêtues de noir pour dire un dernier au revoir. «Garde le cristal...» Il ne m'en faut pas plus pour franchir la porte et verser quelques larmes que j'avais retenu depuis que j'étais rentrée.
@Archer Ralston