► #FIRSTPART. Si un jour, on avait prémédité que Joana Hogan et Will Caldwell allaient engendrer un enfant ensemble, plusieurs auraient rit à cette plaisanterie des plus osées. Un homme, une femme, deux jeunes, deux futurs médecins/pédiatres, deux rivaux, deux ennemis, qui ne pouvaient décemment pas se voir en peinture, coucher ensemble ? Laissez-moi rire ! Tout les prédestinait à se mener la bataille jusqu'à leur tombe, rien n'était fait pour que tous deux enterrait l'âge de guerre. Pourtant, pourtant, pourtant; elle était âgée de dix-huit ans, il allait sur ses dix-neuf, et Athanaël-Noa Peter Caldwell (surnommé Nate) naquit des mois suite à une relation tumultueuse, à Summit City, au New Jersey, et à la plus grande surprise de tous. Il était choyé, détesté, aimé, adulé (oui, oui), avait hérité des cheveux bruns ondulés de son père et des yeux aussi noir que la nuit de sa mère, et le caractère de chien des deux réunis. Autant dire que dès son plus jeune âge, le petit Nate savait se faire entendre. « Maman, tu m'achètes ce jouet sinon je dis à mamie que tu as dis que c'était qu'une 'connasse bonne qu'à faire le trottoir'. » Et bien entendu, on cédait à tous ses envies et désirs, lorsqu'on ne voulait pas risquer d'attirer le courroux du petit, qui ne manquait pas de moyens pour obtenir ce qu'il désirait. Enfance joyeuse, heureuse, épanouie, remplie d'amour et de chantages; Athanaël grandit dans cette paisible demeure où il était prince, roi. Rien ne lui était refusé, rien. ► #SECONDPART. Petit Nate devint grand; âgé dorénavant de dix ans, il s'était légèrement assagit et interprétait le monde à sa façon. Sous ses yeux innocents, ses parents, qui malgré la naissance de leur fils, avaient continué leur guerre de rivalité avec acharnement, et la mini-guerre de rivalité devint une vraie guerre mondiale. Will venait d'apprendre la tromperie dont il avait été victime, ainsi que l'énorme conséquence que celle-ci avait provoqué : la naissance d'un second enfant, qu'il croyait en être le père. Pas de chance mon gars, cette fois-ci il faut laisser son tour, partage un peu ! Partage donc ta femme avec ton frère ! Oui, le choc : Joana avait trompé son mari avec son frère, et en avait engendré un gosse, Sasha. La douce petite Sasha aux jolies bouclettes blondes. Comment ne s'est-il pas aperçu du subterfuge ? Petit Nate fixait attentivement la dispute qui se déroulait devant ses yeux, opposant son papa et sa maman, essayant éperdument de comprendre ne serait-ce qu'un petit peu la situation. Et petit Nate était grand, très grand, et intelligent, très intelligent, il avait deviné avant ses géniteurs où l'histoire allait mener : au divorce, à son plus grand bonheur. Ah oui, faut savoir quelque chose sur petit Nate; son père, c'était son pire ennemi, déjà depuis ses deux ans. Et sa mère ? sa pire ennemie, depuis cet instant. Les voir se briser ? son plus grand bonheur. Pitié qu'il aille dans une famille d'accueil ! ► #THIRDPART. Dommage pour lui, Nate ne fut aucunement placé dans une autre famille, et vécut ce qu'il redoutait le plus dans ce divorce : choisir entre ses deux terribles géniteurs incapables d'élever un stupide gosse. " Pique nique douille, c'est toi l'andouille ! " « Je choisis papa ! Maman elle a déjà Sasha, et elle m'aime pas, elle m'a toujours frappé. » Faux, bien évidemment (ou presque), mais comme il fallait justifier son choix, et que la vérité sortait toujours de la bouche des enfants hein. C'est ainsi que la vie père/fils commençait, dans une autre ville, dans un autre Etat, dans le Massachusetts. C'est ainsi que petit Nate devint vraiment grand, qu'il sombra totalement, malgré lui. ► #FOURTHPART. L'humour. L'humour a toujours été son arme, et le sera toujours. Athanaël-Noa Caldwell avait dorénavant dix-sept ans, bientôt dix-huit ans, et était détesté de tous au lycée. Sa vie de lycéen était misérable; il était celui qu'on enfermait sans scrupule dans les casiers, celui dont les filles n'adressaient aucun regard, celui qui passait inaperçu dans les couloirs en compagnie de son meilleur ami, lui, populaire; il était l'homme invisible. Malgré tout, malgré son père, devenu médecin réputé dans le pays, qui ne lésinait pas sur les moyens pour rendre son fils heureux, et ne comptait plus les milliers de dollars qui sortaient chaque jour de son compte en banque. Petit Nate était grand, oui, mais petit Nate n'était pas si grand que ça, on le choyait comme un petit bébé : son papa venait à son secours au moindre besoin, et lui donnait de l'argent, beaucoup d'argent. Athanaël, au contraire de tous, au fil des années, devenait de plus en plus facile à mener par le bout du nez, et était à tel point fragile qu'un rien pouvait le faire chavirer. Nate, le petit méchant canard, comme l'appelait son meilleur ami, Gabin, un pur petit connard français. Petit il avait hérité du caractère bien trempé de ses parents, mais faut croire que ce caractère s'est perdu au fil des années. Pourtant, malgré sa soumission plus que facile, son père était pire, et Athanaël contrôlait ce dernier comme une jolie marionnette. Son père était le seul à qui il pouvait se permettre de jouer ce jeu. Il tenait les ficelles, il se contentait des les faire manipuler pour son 'papa chéri adoré'. « Oui fiston, le cabriolet sera livré demain à la villa ! » N'était-il pas tout gentil le monsieur tout gros tout pas beau ? Pourquoi la popularité ne s'achetait pas comme lui achetait l'amour de son fils ? Si c'était aussi facile au lycée, Athanaël aurait sans doute toutes les filles qu'il désire à ses pieds, et quel pied ce serait ! Mais la popularité n'était pas si facile d'accès, et l'argent n'était pas mot d'ordre, le physique comptait également. Malheureusement, le physique, il ne le possédait pas à cet âge. L'humour, l'humour avait toujours été son arme vous dis-je, mais l'humour, à quoi ça sert ? ► #FIFTHPART. « T'es qui toi ? » « Ta sœur, espèce de con. Enfin, ta sœur et ta cousine en même temps; souvent les relations familiales compliquées résultent d'une mère salope. [...] Bon allez, ferme ta gueule et suis-moi ! » « Wow wow, attends une minute d'abord, je voudrais savoir ... t'as perdu un pari avec ton coiffeur ou quoi ? » Au fond, il le savait, jamais il n'aurait dû la suivre cette folle à la coiffure très étrange. Sa sœur ? What is the fouuuuck ? Souviens pas d'avoir eu une sœur. Mais, petit Nate était en quête d'aventure, petit Nate voulait vraiment devenir grand, prouver au monde entier qu'ils avaient eu tord de le rejeter comme ça. Sasha était arrivée au parfait moment, et en très peu de temps, elle était devenue sa conscience, son point faible, son diable personnel. Elle était la connerie incarnée, et elle, avait réellement hérité du caractère de leur mère. Il était très naïf, elle avait des idées tordues. Durant des mois, des années, il avait été sa marionnette, son jouet. Durant des années, elle l'avait tiré vers le bas, le rendant 'bad boy', l'initiant aux drogues et autres genres, l'écartant petit à petit de sa minable vie insignifiante. Il avait totalement changé, était méconnaissable, aussi bien physiquement que moralement, et en était drôlement fière. Petit Nate avait bel et bien grandit ! Au revoir petit navet, bonjour oh grand monsieur bad boy ! Drogues, sexe et alcool étaient les mots ordres de sa nouvelle vie. Athanaël avait dorénavant vingt-et-un ans, était majeur, et venait tout juste de couper les ponts avec son père. Il vivait sa vie en compagnie de sa diablesse de sœur/cousine, et profitait de chaque instant. La vie devenait un jeu, un jeu drôlement amusant et sans limites. Un jeu vraiment plaisant, je vous le jure. Puis, un jour, le jeu s'arrête. Totalement. « Monsieur Hogan, je vous arrête pour la tentative de cambriolage de cette banque. Vous avez le droit de garder votre silence ... » ► #SIXTHPART. Un an de prison, ça use quand même. Oui, un an. Heureusement : qu'un an. Papa était venu à son secours, comme toujours, et malgré qu'il lui en voulait profondément, papa ne pouvait laisser son fiston laisser pourrir dans ce trou-à-rat, non ! Mais papa avait une seule et unique condition en échange de sa liberté : « Tu vas me faire le plaisir de te reprendre en main Athanaël Peter Caldwell ! Et maintenant ! Écoute-moi bien : un policier va venir t'interroger, encore, et cette fois-ci, tu parleras, tu as compris ?! Tu parleras, et tu accuseras cette petite pétasse ! Elle le mérité ! » Monsieur Caldwell Junior soupira. « Sasha. Son nom c'est Sasha, comme le tien est 'sale abruti' ! » Caldwell Senior leva les yeux au ciel, sans prendre compte de l'insulte de son fils. « Peu importe ! La ferme Athanaël et fais bien ce que je te dis si tu tiens à ta liberté ! [...] Et ensuite, tu reprendras ta vie en main, j'engagerai un détective pour blanchir ton casier pour que tu puisses entrer à l'université, à Harvard ... » « Oui, et je conquerrai le monde aussi pendant que tu y es ? » « ... pour étudier, comme tu aurais dû le faire à tes 18 ans ! Une place au sein de la plus prestigieuse des confréries là-bas t'es gardé, j'y ai pris grand soin. Et d'ici demain, tu rencontreras également ta nouvelle fiancée. Tout le mariage a déjà été organisé, tu n'as pas ton mot à dire là-dessus. » « Tu te fous de ma gueule là ? » protesta Nate, d'un air ahuri. Fiancée ? Connaissant son père, ladite fiancée devait être héritière d'une fortune colossale d'un pays perdu au fin fond du globe terrestre, et qui ne pèterait probablement pas plus haut que son cul. Mais riche. Enfin, espérons-le, qu'au moins Monsieur Nate ait une bonne raison de ne pas la tuer sur place le jour de leur rencontre. « Compris ? » Apparemment non, il ne se foutait pas de sa gueule. Oui, il a compris le petit Nate ? « Est-ce que c'est compris Athanaël ?! » Ouh, il hausse le ton le Caldwell Senior, tremblez ! Nate le fixa droit dans les yeux avant de hocher la tête de haut en bas, en guise d'accord. Il venait de trahir sa sœur, et se sentait cruellement mal. Mais de temps en temps, il faut savoir être égoïste non ? Rares sont les fois où il l'avait été, égoïste, si on y repense bien. ► #SEVENTHPART. La vie était belle. Oh oui. 22 ans, étudiant, fiancé, mais dragueur jusqu'au bout, Athanaël profitait de la vie comme il se doit. Il aimait cette liberté qu'on lui avait accordé, chérissait la seconde chance qu'on lui avait autorisé, et croquait cette vie à pleines dents. Harvard, 2013, bonjour. " Je me présente : Moi, Athanaël-Noa Caldwell, presque le quart d'un siècle, étudiant en second année en sciences dans cette célèbre université, gamin à ses heures perdues, créateur de conneries à volonté, possédant comme sa plus grande qualité l'humour à deux balles, fiancé à la plus grande pimbêche du monde malgré moi, arrivé dans les premiers de sa promotion (pas que du vide dans le crâne), ancien taulard (mais chut faut pas le dire), croyant toujours à l'amour parfait, naïf jusqu'au bout, hyperactif, sensible, charmeur, drôle (ou pas), immature, fou, perfectionniste, galant, loquace, jamais ponctuel, assidu, curieux, astucieux, tolérant, vaniteux, vigoureux, peureux, calculateur, réfléchi, méfiant, irresponsable, la joie de vivre, vulgaire, prétentieux, doux, romantique, insouciant ... Je vous salue, public ! "