« Sur la table, un vieux livre poussiéreux. Une jeune fille trop curieuse. Un coup de vent ; le livre s’ouvre. Les pages tournent et tournent sans que l’on puisse les arrêter. Elle pose les yeux dessus, elle n’aurait pas dû. C’est ainsi que débuta mon histoire. « Il était une fois… » Non. Toutes les histoires ne commencent pas par il était une fois. J’ai trop souvent été dans le cas de cette jeune fille trop curieuse, à demander plus que ce que je ne pouvais avoir. Tous ces contes m’ont empli la tête de rêves éphémères, parce que j’avais fini par y croire, à toutes ces histoires. Au prince charmant et à la princesse submergés par un amour plus puissant que jamais. Et aujourd’hui, voilà où j’en suis :
When we started to live + Encore aujourd’hui, Nikita-Larcia se rappelle comment sa nourrice lui contait sa naissance. Elle lui soufflait doucement, en la mettant au lit, bordant avec attention ses draps :
« Ce jour là, il faisait plutôt beau, le ciel était parsemé de nuages d’un blanc immaculé… A vrai dire, rien n’aurait pu annoncer que vous viendriez au monde ce matin là : votre mère ne s’est jamais arrêtée de courir, toujours stressée, nerveuse, et elle l’était encore davantage ce 30 mai. Elle organisait une importante réunion, je ne saurais vous dire à quel sujet, je n’ai pas les connaissances suffisantes… mais tout cela lui tenait à cœur ! » Anna se penchait alors vers le visage de l’enfant, riant sous cape et soufflait, malicieuse :
« Vous auriez du voir son expression lorsque les premières contractions se sont présentées ! Elle n’a pas voulu aller à l’hôpital, butée comme elle est ! Et il a fallu que madame perde les eaux pour enfin se décider à laisser un médecin l’approcher. »À partir de ce moment là, l’histoire devenait des plus banales : un accouchement douloureux, long, épuisant…
Lorsqu’enfin la belle brune avait décidé de extirper du cocon que représentait pour elle le ventre de sa mère, elle s’était mise à hurler à plein poumons, montrant déjà au monde son caractère bien trempé. Ses deux parents l’avaient appelée Cassie, en honneur à sa grand-mère paternelle, puis avait opté pour un prénom principal plus original, sorti de leurs imaginations combinées, ce qui ne devait pas donner grand-chose.
Si je ne reviens pas physiquement, n'oublie pas que chaque fois que tu sentiras la brise sur ton visage, ce sera moi qui serai revenu t'embrasser + « - Si tu ne me donnes pas ce ballon tout de suite, je te jure que tu vas avoir mal. » C’était la voix d’une petite fille, à l’apparence si fragile et calme mais qui au contraire, avait déjà un très grand caractère, moi bien entendu. Étant jeune, et même encore aujourd’hui, je n’ai jamais voulu qu’on me protège, j’en étais bien capable toute seule. Mon caractère plutôt explosif m’avait valut plusieurs bagarres ainsi que plusieurs rencontres au bureau du proviseur. Malgré tout, j’avais le sentiment d’être respectée de tous et ces derniers savaient très bien qu’il ne fallait pas me provoquer, sous peine de bagarre générale. Garçon manqué lors de mon enfance, je n’avais jamais apprécié la compagnie des filles, les trouvant trop méchantes entre elles. Oh, j’avais bien essayé, mais c’était peine perdue. Et puis, à 10 ans, je n’avais pas l’intention de parler de garçons et de maquillage. Je préférais me concentrer sur des choses plus intéressantes. Plusieurs petites filles étaient jalouses de moi, mais pourtant elles n’avaient pas à l’être. Si elles désiraient être en compagnie de garçons, elles n’avaient qu’à leur parler au lieu de les regarder de loin. Comment une jeune fille de 10 ans pourrait avoir le goût de commencer ces bêtises de relations de toute façon ?! Les autres filles pouvaient bien les garder, je m’en foutais littéralement. C’étaient mes amis, simplement.
La journée du 18 Octobre 1994 restera probablement marquée dans ma mémoire à tout jamais. C’est ce fameux jour que ma vie changea du tout au tout, qu’on me donna l’opportunité de devenir une personne complètement différente. Bien que je ne le réalisa pas à cet âge si jeune, j’en suis bien consciente aujourd’hui. J'ai réellement su la raison de tout ce changement dans ma vie, bien que quelques jours se fut écoulé depuis l'absence des mes parents et l'arrivé de la nounou.Tandis que celle-ci prépara mon petit déjeuné, elle m’annonça la mort de mes parents dans un accident y'a de ça deux jours. J’étais alors troublée, abandonnée par mes propres parents, seule au monde. C’est donc à ce moment précis que je dû me protéger pour ne pas souffrir et également que j’ai su que je ne pouvais compter que sur qu'une seule personne tout au long de ma vie : moi-même.
on reprend son souffle, son élan avant d'entamer un nouveau départ une nouvelle vie où tout parait possible mais aussi tout fait peur... mais une force est née et cette force nous permet d'avancer... + On criait mon nom, on s’exclamait, on se retenait pour ne pas pleurer. Moi de mon côté, les yeux ébahis par ces grandes personnes qui tendaient les bras vers moi et qui me serraient un peu trop fortement, je tentais de ne pas partir en courant. On venait de me trouver une nouvelle famille, une autre façon de vivre. Je devais tout recommencer à zéro, rebâtir une nouvelle vie, supposément remplie de promesses. Mes nouveaux parents se tenaient fiers et droits. Ils avaient enfin eu ce qu’ils espéraient depuis si longtemps, une fille. Je pourrai toujours dire que c’était les plus heureux parents du monde, ce qui n’est pas faux, mais ce serait répéter des histoires déjà écrites maintes et maintes fois. Alors, j’aime mieux dire qu’ils étaient simplement heureux et comblés. Je savais que mes parents n’avaient pas toujours eu la vie facile, mais franchement, j’avais toujours eu énormément d’admiration pour eux. Ils avaient eu longtemps un seul et même désire, celui d’avoir un enfant. Si seulement ils avaient su ce qui s’en venait, je crois qu’ils auraient rebroussé chemin. Non pas qu’ils n’aiment pas leurs enfants, nous sommes 3 enfants dans la famille, mais disons plutôt que nous leur avons donné du fil à retorde.
L'amour est une rose, chaque pétale une illusion, chaque épine une réalité. + « Sors de ma vie James ! » « Combien de fois il va falloir que je te dise combien je suis désolé …? » « Je ne veux plus en entendre parler. Prend tes choses et va-t-en ! » « Et les enfants dans tout ça ? » « Ils resteront avec moi. Je ne veux pas que tu t’approches d’eux. »Ça y est. L’amour et les confiseries parties, la joie et l’amour enfuient, c’est tout ce qui restait du couple anciennement si amoureux. Comment de telles choses peuvent arriver ? Comme un couple pouvait en venir à se point, se détester et oublier que la séparation ne les concernait pas uniquement ? Mon père venait de franchir le seuil de la porte et jamais je n’aurai pu me douter que ce serait là, la dernière fois que je le verrai. Il avait fait une bêtise, jamais il ne se le pardonnerait. Coucher avec sa secrétaire venait de lui coûter ce qu’il avait de plus précieux au monde, la garde de ses trois enfants. Je n’ai d’ailleurs jamais compris ce que mon père avait eu en tête ni même pourquoi il n’a jamais retenté de nous revoir, ses enfants. C’était une bêtise, certes, mais la bêtise de mon père venait de nous coûter la présence d’un être important. Dans ma tête de petite fille, je croyais dure comme fer que ma mère pourrait lui pardonner et que tout puisse revenir comme avant. Une larme avait coulé sur mes joues, je m’en souviens comme si c’était hier. Je savais à ce moment précis, même si je me suis voilé la face durant de nombreuses années, que mon père était parti pour de bon. Il n’y avait rien à faire … Mais je savais aussi que c’était la meilleure des solutions pour ma mère qui n’aurait jamais réussit à vivre avec lui après ce qu’il avait fait. Et je savais aussi qu’elle pourrait enfin être heureuse et libérée, c’était tout ce qui m’importait.
« Je te déteste ! » Comme la colère d’une enfant est incontrôlable, ma mère ne tenta pas de me rattraper ce fameux jour, se disant probablement que cette petite crise passerait. Et comme de fait, bien que je m’ennuyais énormément de mon père à l’époque, j’oubliais peu à peu ce qui s’était passé pour me concentrer à aider ma mère. Elle qui se retrouvait maintenant seule à élever 3 enfants, ce n’était pas de tout repos, j’en étais consciente, même à cet âge. Je donnai donc toute mon énergie à élever mon jeune frère. Bien que je ne sois pas leur fille de sang, cette année remplie de surprises m’avait aidé à me rapprocher de ceux que j’appellerais toujours mes parents. Ils avaient donné leur énergie et leurs espoirs en moi et pour cela, je ne voulais pas les décevoir.
La vie, cette maladie sexuellement transmissible... + Une année avaient passé depuis que mon père avait quitté le domicile familiale. Une année durant laquelle la petite famille se consolida plus que jamais. Nous étions tellement proches, tissés serrés comme disait ma mère. En fait, je n’avais pas à me plaindre. C’était comme ça, simplement. Nous étions heureux et nous avions quelque chose que peu de personnes peuvent se vanter d’avoir : des personnes qui sont présents pour vous. Je n’oublierai jamais ces années qui sont probablement pour moi les plus heureuses années de ma vie, sans compter ma vie actuelle bien entendu. J’étais tellement proche de ma famille que s’en était presque étouffant. Malgré tout, je savais que cette chance ne passerait pas deux fois et que j’étais mieux de la saisir avant qu’elle s’enfuit. C’est durant cette année que ma mère fit la rencontre d’une nouvelle personne dans sa vie, Dwayne. C’est justement un 4 Août qu’il rentra officiellement dans nos vies. Quelques mois après son arrivé dans notre petite famille, je fis la découverte qui me tenu en horreur pour le restant de mes jours. Dwayne, ce gentil père de famille venu nous sauver, n’était rien d’autre qu’un sale hypocrite, manipulateur et provocateur. Non, il ne violentait pas ma mère comme nous le voyons dans les films, de façon physique et évidente, mais bien de façon mentale. En effet, il s’attaquait au fragile état psychologique de ma mère en la traitant comme une moins que rien. Je dû donc grandir, malgré moi, dans un environnement familiale plutôt difficile puisque je devais subir les râlements de ce cher Dwayne …
En vieillissant, on s'aperçoit que la vengeance est encore la forme la plus sûre de la justice. ○ J’avais grandit depuis le temps. J’étais devenue une jeune femme en pleine capacité de ses moyens. Petit à petit, les amis d'enfance finirent par m'attirer. Ils étaient devenus des hommes, avec tout ce qu'il y a de maturité et d'étrangeté. Comme toute femme à l'aube de sa vie d'adulte, je voulais s'approcher de ces hommes, mais pour obtenir quelque chose de plus exaltant qu'un simple match de football. Toutes mes tentatives tombèrent à l'eau. Continuant à chercher un homme susceptible de voir en moi un objet de désir, je continua ma vie simple et banale. De plus, je voyais l’image que le miroir projetait et j’en étais plutôt fière. Sans arrogance, j’avais pris l’habitude de me faire siffler lorsque je marchais dans les rues. À l’école, je savais pertinemment ce que les autres pensaient de moi. J’usais alors de ce que le Bon Dieu m’avait donné pour me faire des amis ainsi que pour avoir des conquêtes. Je n’étais pas une Sainte, j’en suis consciente mais je tentais de comprendre à ma façon la vie. Je savais qui j’étais, contrairement à la majorité des autres filles de mon âge, ce qui devait probablement plaire aux garçons. Ce qui m'aida alors à attirer l'attention des autres enfants du quartier. Malgré le temps qui s'écoulait, je demeurait LA personne à inviter aux anniversaires, aux fêtes des enfants devenus adolescents. Jamais oubliée, toujours demandée. Le plus souvent, j’ignorai les invitations aux pyjama-party des filles, préférant s'amuser avec les garçons sur un terrain de sport ou devant un flipper. Alors que certains se demandaient encore si elles devaient mettre des culottes éléphants ou des brésiliennes, moi j’avais fait mon choix depuis longtemps. Je savais ce que je voulais et je ne me cachais pas. La majorité des filles éprouvaient une haine inconditionnelle envers moi. Ce n’était pas tant le fait que je savais qui j’étais qui les perturbait, mais probablement le fait aussi que sans le vouloir profondément, je les éclipsais sur plusieurs points. Je n’aimais pas me retrouver en perpétuel conflit avec ces dernières mais comme la jalousie est un défaut très difficile à contrôler, je ne pouvais pas y faire grand-chose. C’est à cet époque que je compris que parfois on vous attribue des fautes sans même que vous ailliez levé le petit doigt …
Dans mon environnement familial, c’était devenu insupportable. La situation était si étouffante que je ressentais continuellement le besoin de m’évader. Inconsciemment, j’appris que l’amour et les relations de couple ne seraient probablement jamais faits pour moi. J’avais alors développé une sorte de peur des relations stables ce qui me faisait faire d’énormes bêtises. Un jour, lors de mes 15 ans, je décidai de moi-même que s’en était trop. Il fallait que je fasse quelque chose pour sortir ma mère de ce mauvais pas. Décidé à en finir une bonne fois pour toute, je pris le téléphone et composa pour la seule fois de ma vie, le numéro de la police. Quelques minutes plus tard, elle débarqua chez moi et emmena Dwayne dans un monde où nous n’existions plus. Nous étions enfin libérés…
Si tu ne vis pas ce moment à ce moment là, il faut que tu attendes le moment suivant pour revivre ce moment à ce moment là ... + Je venais tout juste d’avoir 18 ans et ceux étant déjà passé par-là savent très bien que cela n’arrive qu’une fois dans une vie et que ça se fête. Je devenais alors une jeune femme forte et fière, encore plus qu’au Lycée. Les fêtes et la débauche étaient devenues des quotidiens pour moi. En vieillissant, j’étais devenu encore plus belle que jamais, je le savais. Comment je le savais ? Aux regards que les hommes portaient sur moi. Alors que les jeunes voyaient une beauté fatale inaccessible et que les vieux se retenaient pour ne pas me sauter dessus, ceux de mon âge avaient envie et désir sur leur visage. C’est aussi lors de cette fameuse fête du nouvel an que je rencontrai l’homme qui m’a brisé le cœur. Nous avons vécut un an de pur folie et de désir ardent, mais aussi un an de jalousie et de non confiance l’un envers l’autre. Lorsque nous n’étions alors que de simples amis, il s’était toujours montré comme charmant, quoi qu’un peu protecteur, mais simplement bien dans sa peau. Puis, lorsque nous avons commencé à être un couple officiel, il est alors devenu jaloux et idiot. La jalousie lui faisait faire des choses ridicules que je ne comprenais pas. Bien que je n’ai jamais réussit à lui avouer mon affection pour lui, il continuait de croire que je le trompais. Il faut dire que Dwayne, l’ancien copain de ma mère, m’avait donné le parfait exemple de ce qu’était une relation de couple et je m’étais alors promis de ne jamais mettre mes sentiments en premier plan. Voilà pourquoi toute cette histoire s’est terminée de la façon dont elle devait se terminer. Malgré tout, je ne regrette aucunement notre séparation puisque qu’avec les années, j’ai muri et j’ai changé. En fait, je lui suis plutôt reconnaissante de m’avoir laissé tomber puisque sans cela, je n’aurai jamais réalisé combien l’amour était un sentiment profondément différent de ce que je m’imaginais à la base.
Et c’est ainsi, que le livre se referme comme il s’est ouvert. La jeune femme du livre n’existe pas vraiment. Elle est dans sa bulle, essayant de fuir loin de ses problèmes, loin de son passé qui la détruit au fur et à mesure qu’elle murît. Et elle n’attend que l’homme qui lui dira que tout ira bien, pour enfin être heureuse… »