je me dépêche d'enfiler un jean et des basket, garde le pull Harvard de Hades, quand bien même ce soit mon pyjama depuis deux nuits, t'es pas censé savoir avec quoi je dors. j'ai dû mal à me lever le matin. je vois souvent le visage de mon père, la sensation d'entendre sa voix dès que j'émerge, avant de me rappeler que plus jamais je ne pourrais l'entendre. si je m'écoutais, je resterais dans mon lit à pleurer la perte de mon père, je me laisserais mourir de chagrin. mes études, ma destinée, mes projets, c'est ce qui m'aide à sortir du lit, à prendre une douche et à comprendre que la vie continue. comme le rire de Jesus, ses câlins du matin et la présence d'Hades. j'ai une immense chance de vivre avec mes deux petits hommes, ils m'aident à tenir le cap. ils m'aide à me rendre compte que les gens autours de moi sont toujours vivants, que moi aussi et que je dois continuer. pour lui. comme aujourd'hui. une fois prête, je fourre mes livres et mes fiches révisons dans mon sac avant de conduire jusqu'à la fac. bâtiment de médecine en face de moi, je traverse le petit jardin avant d'entrer dans l'édifice. Salle 23, t'es déjà là, sourire qui nait sur mes lèvres dès que mes yeux se posent sur toi. « t'as réussi à trouver ! » faut dire que le bâtiment est grand, des salles à en perdre la tête. la salle est un petit box avec deux chaises, un table et un canapé. il donne pile sur la grande bibliothèque de médecine. le silence est complet, tout simplement parce qu'on est les seuls. personne ne vient réviser un dimanche après midi visiblement. je réajuste mon pull bien trop grand pour moi, avant de me poser sur une chaise. « Emma ne m'en veut pas trop de lui enlever son papa un moment de plus dans la semaine ? » que je demande doucement.
(Valentin Rothschild)
D R E A M O N