† Eden Yolan St-James ► Bastian Baker ! [OVER]

♠ Nevermind, bad day ! Oh, we're parents now.

Et nous sommes à Boston, le 29 Février 1991, un jour hors du commun de base, et encore plus lorsque l'on sait que c'est le jour où j'ai vu la lumière. Enfin, façon de parler car j'ai atterri dans ce monde à minuit et quelques. Donc c'est surtout la fameuse nuit où j'ai vu l'obscurité nocturne. Il ne me semble pas non plus très important de mentionner mes parents. Ils étaient présents, plus par obligation qu'autre chose, mais ils n'ont pas une grande importance dans mon existence à part entière. Oui, ma mère ne pouvait pas échapper à l'accouchement, forcément. Et mon père, par chance, avait sans doute une affaire dans le coin donc il a du passer en coupe-vent. Facile de dire quelques années plus tard que c'était merveilleux et qu'il était là tout le long, de toute manière, je m'en souviendrais pas, alors que ce soit vrai ou pas, rien à carrer. Je naissais donc, ennuyant mes parents dans leurs projets, je me suis toujours demandé quelles étaient leurs réactions à l'annonce de la grossesse. Ils avaient l'air tellement inexistants pendant mon éducation et ensuite celle de ma sœur que je ne comprenais pas vraiment pourquoi ils avaient eu un enfant, puis un deuxième. Ils s'acharnaient, mais on pouvait les comprendre, au vu de leur réussite. Oui, voyez vous, ça aurait été dommage qu'ils interrompent une telle lignée. Enfin voilà, quoiqu'il en soit, j'étais là, dans les bras et sous les regards de mon futur entourage. Adulé, idolâtré, on me nomma Eden Yolan St-James. Aucune raison particulière, mais je m'en tirais plutôt bien. Les St-James étaient fortunés, et tout leur univers tournait autour de cette valeur : l'argent. Je ne manquerais de rien, ah si, de parents ?

C'est alors que je restais à Boston chez ma grand-mère. Un amour, celle à qui je dois mon éducation et la seule envers qui je me dois d'être redevable. Ma mère était une philosophe, elle était déjà partie dans ses raisonnements sur la maïeutique, comprenez qu'après une naissance c'était le premier sujet qui lui venait. Originalité bonjour. Plongée dans ses bouquins, elle ne daignerait pas lever le nez pour voir si j'existais. Trop jeune pour m'en rendre compte, je m'amusais trop à faire mes dents sur tout ce qui me tombait sous la main. J'étais un bambin calme et plutôt doué dans ce qu'il entreprenait. Honnêtement dès mon plus jeune âge j'étais destiné à vivre de grande choses. Oui, dès mes premiers pas, je réussissais à me rattraper pour pas me viander au sol. C'était comme ça, une destinée toute tracée. Chez ma grand-mère, je voyais donc très peu ma mère, qui philosophait sur tout et n'importe quoi. Elle passait le week-end, parfois avec le paternel, parfois non. Lui, c'était un juge international. Autant vous dire que ce n'était pas un rôle à prendre à la légère, il avait des responsabilités qu'il savait prendre en main. D'un côté, il y avait cette jalousie qui s'installa d'elle même. Il gérait si bien son boulot sans avoir aucune compétence en tant que père, il aurait tellement pu faire mieux que ça. De l'autre côté il y avait cette haine qui grandissait, cette colère et ce dégoût de leurs échecs, surtout du sien à vrai dire. C'est donc ce climat d'absence et de sentiments refoulés que je grandissais. Deux ans à Boston, à voir mes sens se développer, ma motricité apparaître et mes pas me mener toujours plus loin. J'eus à peine le temps de voir le monde qu'il m'offrait le plus beau des cadeaux : une petite sœur.

♠ Twice. Wrong move, twice.

Presque pile deux ans après ma naissance, une petite fille vint rejoindre les St-James. Grace St-James, ma petite sœur. Née à Madagascar, j'attendais sa venue impatiemment. À vrai dire, je ne savais pas à quoi m'attendre à sa venue. Je n'avais pas peur qu'elle pique l'attention de mes parents, j'en avais déjà aucune. Du coup, tous les bénéfices me revenaient, une petite sœur. Mais ça devait être génial, elle serait un jouet, une partenaire de jeu et je pourrais l'accuser de mes bêtises. C'était le rêve de tous gosses d'avoir ce genre de nouveautés à la maison. Ma grand-mère aurait plus de boulot mais dans l'insouciance enfantine ce n'était pas un problème pour nous. Et les années passaient, on grandissait ensemble, sans ressentir le besoin de changer nos vies. On était bien comme ça finalement, une rancœur était présente au loin pour nos parents, mais rien à faire, moi j'étais heureux. Et plus les années se poursuivaient plus Grace et moi devenions proche. Ma petite sœur, à moi, je ne voulais pas qu'on la blesse, qu'elle souffre, qu'elle perde son jolie sourire, qu'on lui fasse mal de n'importe quelle manière. C'était mon trésor, ma seule famille.

Très vite j'avais le rôle de l'homme de la maison. Je m'y employais avec enclin, sans vraiment savoir les responsabilités que ça entraîneraient. J'étais là quand il fallait soutenir ma grand-mère, je m'occupais de ma sœur, de ses déboires. On se disait tout, nous n'avions que deux ans de différences, nos âges proches faisaient en sorte qu'on puisse bien se comprendre. Quand je voyais d'autres relations frère/sœur, nous étions de loin les meilleurs. Je la prévenais de tous les dangers que j'avais pu rencontrer à son âge. C'était amusant d'être cet héros que tout les petits garçons voulaient devenir. Je devais ajouter des déboires purement féminins à mon actif en grandissant. A l'adolescence on avait des centres d'intérêts qui divergeaient. On restait proche car de toute manière que voulez vous qu'on fasse d'autre ? Nos parents n'étaient vraiment jamais là, on les voyait en vacances car nous étions obligés de les suivre, les week-end se faisaient rares. De toute manière, on atteignait des âges où on sortait. Bref, nous construisions nos vies en dehors des leurs.

♠ Just because it's cool.

L'adolescence, on se donnait en spectacle pour savoir qui était le plus cool. Un peu différent des autres, je me montrais studieux, attentionné et aimable. Bien que je ne me refusais pas les premières soirées, les premières bouffées de nicotine ou les premiers verres d'alcool, je restais dans une ligne de mire correcte. Développant un attrait pour la musique, je commençais aussi à me mettre à un certain nombre d'instruments. La guitare pour draguer les filles et obtenir cette première fois tant attendue, et le piano pour moi. Gardant un œil sur ma sœur, je lui refusais ce que je m'autorisais. Très contraire, je savais ce que certains garçons pouvaient tenter. Grace était une fille jolie, elle aurait n'importe qui à ses pieds, je ne voulais pas qu'elle ramasse le premier venu. Et d'ailleurs nos premières disputes, vraies disputes, vinrent ainsi. Moi la protégeant, trop sûrement, elle refusant de croire mon expérience. Maintes et maintes fois j'allais la chercher à ses soirées, ses sorties ou je brisais ses fréquentations. Je contrôlais tout, je ne voulais pas qu'elle souffre, non, surtout pas, je ne voulais pas qu'elle est se pincement que j'avais depuis si longtemps. Ma colère envers l'absence de mes parents m'expulsant dans un cynisme poussé. Mon succès un peu partout ajoutant une arrogance et une prétention égale à celle de Narcisse. Moi qui était si bon élève, je prenais une personnalité digne d'une célébrité. Méprisable, détestable tout ce faisait à la gueule d'ange et à l'argent. Ouais, l'argent.

Je développais aussi un certain désir à vouloir de l'argent. J'avais toujours eu ce que je voulais quand je le voulais. Si mes parents étaient absents ils nous payaient pour qu'on évite d'être si haineux envers eux. Sans succès, on profitait juste de leur naïveté. Pleins aux as je ne me refusais rien, et plus ça allait plus j'en voulais. Vaniteux, tout devenait achetable, tout devenait négociable. Et dans nos âges, tout était possible avec l'argent. Une voiture, des clopes tous les jours, de la bouffe quand on voulait, de l'alcool à foison, toujours plus en plus de matériel pour attirer un maximum de monde. Bien que pas vraiment dans le genre populaire, les St-James étaient réputés pour leurs capitaux monétaires. Oui, nous étions aimés pour notre argent. Et bien que je le savais, que j'en jouais, que je me sentais puissant grâce à ces élans de festivités j'essayais d'éloigner Grace de cette vanité. Je cherchais sa protection, sa réussite en tant que personne, elle pouvait tellement faire mieux que je n'avais fais jusque là.

♠ Being Student

Encore une fois les années passaient et je ne changeais pas, m'empirant même. Mon entrée à Harvard aggrava les choses, encore. Je gardais mon côté studieux et adorable que je pouvais avoir. Mais en réalité, c'était autre chose, destructeur, narcissique, vaniteux, prétentieux, je développais les traits de caractère d'une enflure qui savait y faire. Roi de la manipulation, j'avais toujours l'argent pour m'en sortir après tout. Entre les fêtes et les études, c'était plutôt amusant de vivre cette vie étudiante. Je me préoccupais plus vraiment d'autre chose, avec Grace. Elle restait mon unique famille, et je gardais ce rôle de protecteur qui l'exaspérait tant. Plongeant dans la débauche je faisais mon possible de garder sa tête au dessus de l'eau. J'y arriverai, après tout, j'étais exceptionnel depuis mes premiers jours.

A mes 18 ans donc, j'entrais en droit et en musique à la prestigieuse Harvard. Je fis quelques rencontres intéressantes. Dont Ocyllie. Elle était celle qui pouvait tout me faire, tout me faire faire aussi. Elle faisait battre mon cœur, elle était mon béguin de jeunesse qui pourrait durer toute une vie. Sans l'avouer réellement, nous nous voyions régulièrement, et c'était presque suffisant. Oui, presque. Deux ans plus tard j'étais des plus heureux de retrouver Grace dans la même enceinte que moi, Harvard. Malheureusement pour moi, elle intégrait les Mathers, maison de débauche. Je redoublais d'efforts pour la surveiller et intervenir quand ça allait pas, mais nos deux maisons n'étaient pas les meilleures amies du monde. Bref, je faisais face à ces à coups tout en profitant de ma vie d'étudiante. Et ce n'était pas mince affaire entre ma sœur qu'il fallait que je protège et surveille, Ocy avec qui je devais entretenir mon idylle, Léo en qui je devais faire confiance pour qu'il soit parfaitement apte à courtiser Grace et cette enflure de Lucas qui ne voulait pas écouter mes menaces.