Invité
est en ligne
Invité
A la guerre comme au lit, tous les coups sont permis. |
Mardi 06.04
En ce moment, je m’insupporte. J’ai envie de briser mon miroir chaque fois que je recroise mon reflet. Je cours après mon passé. Je cours après des bras pour oublier. Pour l’oublier. Mais qui peut rivaliser ? Et je le sens, je vais encore me noyer. Je me complaisais dans la félicité avec lui, une drogue, qu’aucun créateur de plaisir n’a su me redonner. Compagnon de mille projets, gardien d’adrénaline permanente. Qui peut rivaliser ? Il est la raison de ce besoin irrépressible de me lancer dans des défis, toujours plus, frôler ce qu’on a vécu sans jamais l’atteindre. La frustration comme amie. Je résiste autant que je cède. Inutile. Parce que … Depuis l’hôpital, depuis le jour où je ne l’ai pas ignoré, je savais que j’avais abdiqué. Et pourtant je suis là encore à me battre, distillant un faux semblant contradictoire. C’était houleux entre nous. Le mot est faible. Le Nate qui s’en foutait dès que les gens n’alimentaient plus une conversation avait disparu. Avec lui, même n’importe quoi me faisait douloureusement du bien.
Mais le monde n’avait pas cessé de tourner. Et je refusais de dire à quiconque, que j’étais en train de nager à contrecourant. Que je me faisais du mal pour des secondes de répit. Et j’étais encore en train de chercher la confrontation. Je me fatigue. Cette situation m’épuise et me broie les entrailles parce que le manque de sa personne mordait ma conscience et ruinait tous mes efforts de m’être convaincu d’avoir fait le bon choix. Il avait remporté la première bataille mais une guerre se gagne à long terme. Mais quand le pauvre soldat que je suis, ne sait pas quelle victoire il veut, c’est difficile de combattre. Entre me taire et lui dire la vérité, je tangue comme un saoulard.
Je me raccroche à mes cours. Parce que le Rocher n’allait pas me louper si j’avais une baisse dans mes notes. Et je venais d’en finir un de trois heures, à me donner un mal de crane. J’étais en train de rigoler avec des potes de la promo, se taquiner, se charrier. Des pitreries encore et toujours. On me hèle à l’autre bout du couloir puis une jeune fille se met à courir pour me sauter dessus. Sauf qu'en me retournant, j’étais tétanisé. Mon enfer était bel et bien là. Yeux écarquillés. Et je me mange la jeune fille en pleine gueule au point de tomber. Je grimace de douleur, sur le moment. Nate ça va ? Je suis désolé, je pensais que tu m’avais vu. Un peu sonné, je hoche la tête. Elle se détache de moi pour se relever. Je joins mes mains pour les faire tourner. Plus de peur que de mal. Je me relève à mon tour, remettant mon sac à dos, sur une épaule. Ça va aller, ne t’en fais pas. Partez devant, j’arrive. Je ne sais pas quand ni dans quel état mais je vais arriver un moment donné.
Je n’ai pas rêvé, il est toujours là. Je souffle pour me donner du courage. Lui mettre une droite, c’est que je ne devais rien et rien d’autres. Fuir… fuir comme un lâche. Mais lui et moi savions parfaitement que je ne pourrais jamais le violenter. J’avais bien assez mal au cœur de l’avoir laissé tomber. Autant que ça me faisait peur de le voir revenir. J’avais la haine contre moi. Haine viscérale de rêver d'un passé qui ne doit plus exister. Haine insidieuse de rêver de sa peau. J’avançais autant que je reculais. Je sentais que les larmes allaient venir. Encore. Peut-être pas devant lui, pas en public. Je regarde autour de nous. De peur qu’on nous voie ensemble. Je réduis la distance entre nous. Tout en la maintenant. Par sécurité ? Par protection ? Main gauche sur la lanière de mon sac à dos et je le couve du regard. J’étais misérable. Je me racle la gorge. Je suppose que tu as tout vu ?
(c) AMIANTE
@Neal T. Hood desole pour l'attente !
(Invité)