BESOIN DE LÂCHER PRISE. | @Mikhail Sabourov VENDREDI 12 MARSJe ne souhaite plus penser à Lilly-Ann, ni même à Clint. Ce qu’elle a vécu, jamais je ne pourrais en connaître tous les aspects et encore moins imaginé ce qu’elle a pu vivre, ainsi que voir, le fait est que sa manière d’agir, telle une enfant pourrie gâtée, m’a mise en rogne contre elle, contre tous ou plutôt, toutes les personnes de mon entourage, y compris évidemment Victor. À lui non plus, je ne veux pas songer, puisque j’en suis amoureuse et que je souffre de son silence quant à mon «
je t’aime » auquel il n’a jamais répondu. Puis je ne sais pas non plus ce que nous sommes et cela me donne le bourdon.
« C’est gentil. » Je murmure à cet inconnu tandis que mes joues rosissent. Suis-je prête à faire n’importe quoi afin de tout oublier ce soir ? Je pense bien que oui. De ce fait, alors que nous nous trouvons tous deux au bar, je me saisis de mon cocktail et je propose à ce bel homme de trinquer en prononçant un
« à nous », plutôt que
« santé » puisque je souhaite que nous nous rapprochions. Goûtant à mon divin cocktail, je termine de l’interroger afin de savoir - à son avis - combien de verres, je dois boire afin de terminer saoule et tandis qu’il y réfléchit, je le détaille quelque peu, en toute discrétion, je l’espère. Plus âgé que moi, début quarantaine, tout ce que j’aime chez un homme puisque je les aime âgé, bien plus que moi.
« Trois ? ! » Je suis surprise et je cesse de l’examiner, à mon plus grand regret.
« Je pensais que deux verres seraient suffisants. » Cela m’amuse, étrangement, qu’il pense que je puisse en ingurgiter autant, lorsque je me décide à le terminer en une seule traite, toujours dans le but de finir pompette, puisqu’ainsi, je ne songeais plus à ceux qui me brisent le cœur, me le fendent, tout en me mettant en colère. D’ailleurs, je ne le cache pas à Mikha, qui m’interroge sur les raisons pour lesquels je désire me plonger dans l’alcool.
« Familiaux. » Je me contente de prononcer en haussant les épaules.
« Retrouver sa sœur après l’avoir perdu durant plus de la moitié de sa vie, ce n’est pas si facile. » Je fixe mon verre vide.
« La retrouver et devoir la protéger du monde, ça ne l’est pas non plus, surtout lorsqu’elle se moque de toi. » Cette fois, un rictus amer naît sur mon visage et je le questionne en retour : donnant-donnant.
« Hum… » Je plisse des yeux à sa réponse.
« Tu sais, je suis journaliste dans la vie et je constate que tu éludes ma question parce que tu n’as pas envie de me répondre sincèrement. » Quelques secondes s’écoulent, mais bien peu de secondes.
« Mais ce n’est pas grave. Tu en as le droit. Après tout, tu ne me connais pas. » Je termine, dans un sourire, avant de reprendre mes questionnements et de me saisir de son verre de vodka, sans avoir eu sa permission, pour finalement en boire en postant mes lèvres là où il a déposé les siennes, avant de toussoter, puisque je ne suis pas habituée à de tels alcools, aussi forts.
« Pardon. » Je murmure à l’intention de Mikha, tandis que je me trouve toute rouge et que je toussote encore, légèrement. Ai-je honte ? Un peu, c’est vrai. Mais heureusement, il balaye ce détail pour nous commander deux Cosmo qui s’avèrent être des shots, chose que je ne connaissais pas. Peut-on commander tous les cocktails en forme de shots ? Je vais garder ma question pour moi-même, puisque je n’ai pas envie qu’il se moque, le beau Mikha que je souhaite séduire.
« Hum… » Je rougis à ses mots et sa proximité.
« Tu m’as déjà dit que tu me trouvais jolie. » Je susurre, puisque nous sommes bien proches, si proches qu’il se permet de déposer un baiser sur ma nuque pour me suturer des mots à l’oreille qui me font frissonner de plaisir. Le fait est que je ne parviens pas à prononcer le moindre mot, moi, ni même le moindre son et finalement, notre aparté prend fin, étant donné que nos cocktails sont arrivés et présents devant nous.
« À nous, oui. » Je dis en me saisissant de mon shot pour l’avaler cul-sec et prendre mon courage à deux mains.
« Quelles sont les envies malsaines, que je te donne ? » Je termine de murmurer, tout bas, en me penchant en avant afin que lui seul puisse entendre, mon regard encré dans le sien.
« Je suis curieuse et puis, j’aimerais en savoir davantage, car tu ne me rends pas indifférente. » À présent, nous savons tous deux que nous nous intéressons à l’autre et je me demande comment notre soirée va tourner…
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