23 Mai 1990 – La grande aventure. « Ce n’est plus que toi et moi, mon garçon. Notre Vie sera parfaite, tant qu’on sera ensemble.» Fruit d’adultère. Déjà rien que ça, je savais que ma Vie ne serait pas de tout repos. Bullshit. Mais quand même, un peu. Mais avec ma mère, soleil de mon quotidien, je m’en foutais, tant que j’avais toute son attention. Toujours ensemble, le fils à sa mère. Je sais faire une tarte grâce à elle, ce n’est pas rien. Moment favori : danser sous la pluie.
Parce que rien ne t’arrêtera qu’elle me disait.
Ce n’est pas grave poussin, on est une équipe, qu’elle répétait. On parcourait notre pays. Voyager forge le caractère, sa devise. Puis un jour, un mâle a sorti ses plumes et la séduite. Pourquoi pas, le géniteur l’avait lâché. Trois petit coups (de rein) et puis s’en va, le salaud. La mère méritait d’être aimée. Et j'ai cru qu’on allait être une famille. J’ai eu tort.
- Tw pédohpilie:
1996 – 6 ans. Ses mains. « Tu ne dis rien à ta mère, et vous aurez toujours un toit. Ton père n’a pas su s’occuper de toi, il s’en fout mais pas moi, parce que tu le mérites. Mais tu te dois d’être reconnaissant et me le montrer. Car je t’exprime ma bonté.» Je n’avais pas compris son charabia la première fois. Mais j’ai hurlé de souffrance. A braire comme un pourceau. A cause de la douleur, je m’étais évanouis mais je doute qu’il s’était arrêté. Je l’ai senti passé sa reconnaissance. Mais il était bien plus fort que moi, bien plus lourd. A force, je serrais les dents et j’attendais que ça passe. Mère bien trop droguée pour sauver les miettes de mon innocence. Et je me dis qu’au moins, le temps à passer sur moi, l’empêché de la frapper elle. Parce que j’avais espoir qu’un jour, elle se réveille. Ce qu’elle ne fera plus jamais. Rage qui monte en moi à mesure que je prends de l’âge. Je savais que je lui ferais la peau, ce n’était qu’une question de temps. En attendant, je devais me nourrir et l’aider à payer les factures. Parce qu’entre rails et gnole, il restait assez pour le loyer mais pas pour ma panse. L’école, de loin, dans ma tête. Je traine dehors, je vole pour manger. Je fais des petits jobs quand les patrons ne sont pas regardant sur mon âge. Je lorgne la prostitution. « Joli garçon a du potentiel », que m’avait dit une des travailleuses. Mais non, je devais supporter un enculé, je n’allais pas pouvoir en enchainer d’autres. Puis un jour, la faim tenaille mes entrailles. Je fomente un plan : voler un important personnage de la Ville. Mais il m’avait vu venir, m’observant depuis des semaines. Enfin, je n’allais plus me prostrer dans ma chambre, me persuadant que se nourrir est pour les faibles.
- Tw meurtre:
2005 – 15 ans. Ma famille. « Leanabh de la Lune (LDLL), tu deviens. Qu’importe où tu es, l’astre te guidera. Cesse d’y croire et ta Lumière s’éteindra. » Je m’en souviens. La Lune était aussi ronde qu’une brioche à tâter. Quinze encapuchonné, c’était du sérieux. Et je n’avais pas ri une seule fois, tant j’étais à la fois curieux et effrayé. Un masque de croissant de Lune sur la gueule, m’entourant et j’écoutais le serment que j’avais, ensuite, répété. J’étais fier d’appartenir à un groupe. J’avais une famille. J’avais un père. Obtenir son nom. Et pour finaliser l’adoption tant légale que dans le clan, juste une chose à faire : ôter la Vie. Ma première victime d’une longue liste. Et je n’ai pas cherché bien loin : beau-papa noyant son chagrin d’avoir perdu sa femme. Ce fils de chien avait la main lourde avec elle, et le froc bien trop sur les chevilles avec moi. Il était temps de payer la note. Je l’ai attendu dans sa voiture, banquette arrière. De longues heures. Mais je m’en foutais, j’étais prêt à rester des nuits entières s’il le fallait. Je sifflais un air de country, fumant ma Blonde. Corde bien dure prête à l’emploi. J’ai attendu deux kilomètres avant de me montrer, non loin d’une forêt. « Tu veux un coup comme au bon vieux temps mon petit garçon ? » Visage éclairé par l’astre lunaire, regard pétillant. J’ai attendu qu’il s’arrête sur le bas-côté. Adrénaline pulsant dans mes veines. J’allais devenir un autre. Et j’ai serré son cou, souriant de toutes mes dents. Il n’a même pas cherché à se débattre. Trop saoul ou trop conscient d’expier ses péchés. J’aurais aimé le torturer. Mais le Clan ne procède pas ainsi. Tuer. Vite. Bien. Sans traces. J’ai quitté la bagnole, encore ivre de mon acte. J’a sifflé à nouveau et les LDLL sont apparus. Papa m’a félicité, et j’ai cru remporter une coupe cette nuit. Fidèle jusqu’à ma mort, je lui serais. Les nettoyeurs ont pris le relais pendant que moi, je me faisais marquer au fer rouge. Les phases de la Lune. Pleine lune dans le cou, les autres phases sur mon omoplate et mon pectoral droit. Il a signé les papiers d’adopter, j’étais à lui. Et ça m’allait parfaitement.
2011 – 21 ans. Mon art. Les nanas aiment promener leurs doigts sur mes encres. Oui parce que moi, je ne dis pas tatouages. On dirait ces putains de trucs qu’on trouve dans les chewing-gums. Faut pas déconner. C’est de l’art, que je fais. Que j’ai appris. Toute organisation douteuse dispose de sa parfaite vitrine. Mon père adoptif est
mécène, et mafieux. Alors, il m’a encouragé dans cette voie. Je savais à peine lire et écrire. Il m’a offert la meilleure éducation et laisser choisir le métier que je voulais. Je voulais inscrire des souvenirs, des morceaux de Vie
indélébiles. Etudier l’art dans une école privée. Les Arts, le dessin en matières principales, l’astronomie en mineur, parce que la tête dans les étoiles, permet de rêver un peu. Mon père m’envoie au Japon pour apprendre la manière artisanale d’encrer
(et négocier des contrats avec les Yakuza). Je ne fais que du noir et blanc. Parfois en couleur si tu es apte à me faire les yeux doux. Je rentre à Glasgow et j’ouvre un salon ainsi qu’un bar, nouveau QG de nos méfaits. Mon père aurait préféré que je sois à ses côtés à temps plein pour gérer l’entreprise et ses diverses organisations caritatives mais j’ai préféré prendre mon envol. Il m’est arrivé de l’aider parfois, pour convaincre des artistes - à ma façon. Mais je ne restais jamais longtemps dans ses pattes.
- Tw meurtre:
Je danse avec la mort à chaque pleine lune. C’est ainsi qu’on opère. On me surnomme Shadow. Toujours dans l’ombre, à boserver, détailler, extirper tes failles. Je m'en nourris. Tu sais que je suis passé quand la victime a trépassé. C’est la sombre facette, j’aime ce que je fais. Si on m’analysait, je serais probablement fou, avec une multiple personnalité. Mais non, j’ai grandi dans la mafia écossaise, j’ai été élevé pour tuer. Pendant que des enfants se faisaient dorloter ; moi, j’apprenais à me battre avec des adultes. Je me devais d’être une arme à part entière. Papa avait investi en moi, je devais lui rapporter gros. C’est ainsi. Je flirte avec les autorités, personne ne peut savoir que le petit Kaine a une passion pour les armes silencieuses. Qu’il règle des contrats et raye de la carte des gens estimés problématiques par d’autres. Je vise la tête, je retiens ma respiration et je laisse le doux silence de la balle fendre l’air jusqu’à ma cible. Et toujours ce petit regard de surprise. Est-ce là que la Vie défile ? Je ne m’en lasse pas. Encore moins quand on se partage le pactole. Je mets le tiers sur un compte caché, une autre partie dans un coffre et le restant en compte courant. Vivre le plus normalement possible, pour perdurer dans le Crime. Les LDLL ne sont pas des enfants de chœur mais nous avons appris à un des loyaux indéfectibles. Fidélité. Loyauté. Rhum ambré.
Juillet 2020 – 29 ans. Dispersion. « Les Goélands rentrent au nid », que j’entends par trois fois dans mon oreillette. Mission risquée, afin de faire capoter une enquête criminelle. Pas de tueries, mais faire accuser un autre clan à notre place. Mais visiblement, la mission a échoué. Et lorsqu’on entend cette phrase, cela signifie qu’on doit immédiatement quitter le pays, le temps que tout se calme. Je prends une longue inspiration et expire l’ordre. Avec mon frère d’arme, on se serre la paluche. Aucun mot ne sort, refus de se dire
adieu. On allait être obligé de jouer les civils à temps plein dorénavant. J’aurais pu me contenter de mon salon et du bar mais c’était risqué de rester à Glasgow. Alors, j’ai mis une semaine, à le fermer. L’enfant du mécène voulant un nouveau départ, en guise d'excuse. Première fois que mon père me prend dans ses bras.
« Je règle tout et tu rentreras vite, toi et es frères, faites-moi confiance. » Le cœur serré. Il était tout pour moi et j’allais le quitter pour la première fois, qui sait définitivement. J’ai décidé de parcourir le monde, de lui envoyer des jeunes talents pour parfaire la couverture. Et en profiter à max, je voyais ça comme des vacances, les premières en 29 ans. Mer. Neige. Soleil. Corps enchevêtres. Rencontres enrichissantes.
Janvier 2021 – 30 ans. Boston. J’étais retourné dans ma maison d’enfance durant ma semaine de fermeture, pour récupérer quelques affaires qui comptaient pour moi. La première maison dans laquelle, j'avais habité avec ma mère et que j'ai acheté quelques années plus tard. J'étais tombé sur la photo de ma mère et cet homme. C’est un soir dans les iles que j’ai décidé de me pencher sur mes origines. Mener mon enquête sur véritable père. Et je n’en suis pas déçu. J’avais trouvé des plus petits que moi, deux filles, deux gars. T’as pas chômé mon cochon. Education opposée à la mienne. Je ne savais pas trop quoi en penser, sachant qu’une avait salement morflé dans sa Vie. Mais j’avais envie de tous les connaitre. Ils allaient être mes alibis d’une parfaite Vie de grand frère. Et comme je n’aime pas m’annoncer, j’ai décidé d’écrire une petite lettre à la seconde demoiselle.
Boston, j'arrive.Aout 2021 - 30 ans. Boston. Voila six mois que ma Vie a pris un nouveau tournant. Travaillant au Sun Rock, j'ai pu me rapprocher d'une de mes sœurs, apprendre à connaitre l'autre et devoir faire le deuil d'elle .. Mais également me lier d'amitié avec ma Colombe et tous les membres des lieux. Retrouver Eros, et oser se lancer dans cette relation qui me semblait si impossible à nos débuts. Affronter les épreuves ensemble. Etre témoin des projets de chacun. Découvrir cette sensibilité qui m'avait été ôté. Apprendre l'arrivée de mes adelphes également. Ma plus grande surprise sera de retrouver Côme. Panique au début mais finalement, il a su se libérer. J'ai osé m'inscrire à Harvard pour enfin me lancer dans ce projet d'accompagnement avec mes clients du salon. Première année de psychologie. Bizarrement, je coule des jours heureux, j'attends le retour de flammes.
En vrac : Je divise tous mes repas en deux, pour garder pour le lendemain, traumatisme d’enfant comme dirait l’autre. J’ai trop peur de manquer, que je rationnalise. Il m’arrive quand même d’oublier de manger durant des jours. Je n’aime pas trop dormir dans le noir, quand je suis seul, alors j’ai une veilleuse en forme de Lune, je fais croire que c’est un diffuseur d’encens. Je suis accro à la cigarette, je pense que je vais me mettre à vapoter. Je joue de pas mal d'instruments mais j’excelle au piano, j’adore peindre ; faire de l’aquarelle principalement. Je suis pour toute forme d’art surtout quand c’est illégal comme taguer des murs la nuit. Je suis tatoué de la tête aux pieds, difficile de trouver de la place à présent. Même bon, il me reste mes pieds et d’autres endroits. Je n’aime pas trop les chats, je les trouve aussi perfides que moi mais j’adore les chiens. Quand, je mens, je triture ma barbe. Je n’ai jamais été en couple mais j’enchaine les nuits. Je ne suis pas contre de tenter le concept. Je fais du skate, ça me détend. J’ai un permis de port d’armes mais ça ne veut pas dire que je les ai toutes déclaré. J’ai peur des enfants, surtout quand ils se mettent à chialer. Je ne sais pas cuisiner, je trouve que c’est un fardeau et une perte de temps. Si je reste assez longtemps sur Boston, j’aimerais ouvrir un salon nocturne pour encrer avec un projet à développer.