LYA WINTOUR ► rosie tupper

PAUVRE IDIOTE, TU REVES, TU PLANES,
ME TRAITE DE FAUCHÉ DE PLOUC
DE MINABLE, D'ABOMINABLE BOUC,
QU'IMPORTE, INJURES UN JOUR SE DISSIPERONT
COMME VOLUTES GITANES

C'est le ton dur, sec et froid que Madame Wintour vous fait entendre d'entrer. Eléanor se tenant devant toi, prend la parole. Bonjour Madame Wintour. J'ai fait comme vous m'aviez demandé, voici votre café. Quand à la commande de foulards, elle a été passée. Vous désirez autre chose ? C'est à peine si Anne la regardait. L'assistante elle, avait les yeux rivés sur son petit carnet, de peur d'avoir omis un quelconque détail. Sortez. Vous et votre affreux gilet turquoise, sortez. J'ai dit sortez ! Tu observes silencieusement Éléanor partir, comme si rien ne s'était passé. Ha, ma chérrrrrie. Installe-toi mon cœur. Ta journée s'est bien passée amour ? Sa voix sonne affreusement faux. Tous ces petits surnoms ridicules te sont attribués pour faire croire au monde entier qu'une véritable liaison mère/fille existe entre toi et la rédactrice. Mais non, c'est absolument impossible.
C'est impossible tout simplement parce que cette folle de mère n'avait pas le temps de tisser des liens avec toi. T'étais même pas sûre qu'elle le veuille. En même temps, où trouverait-elle le temps d'avoir de la bonne volonté ? C'est vrai, après tout, se pointer à des centaines de défilés pour faire bonne impression et critiquer ouvertement chacune des merveilleuses modèles qui s'appliquent et qui se privent de nourriture pour lui plaire à elle, madame Wintour, c'est essentiel. Mais tu ne lui en veux pas. Simplement parce qu'il n'y a pas de place sur son agenda pour "se réconcilier avec sa fille, et passer du temps avec elle".

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Helloooo, ma chérie, tu m'entends? Tu te secoues la tête, les yeux étonnés et te retrouve face à ta mère. Euh, oui, pardon, tu disais maman ? Elle semble outrée par le fait que tu ne l'écoutes pas, mais qu'est-ce que tu peux bien en avoir à faire. Mais tu fais des efforts. Un peu trop, mais tu le fais. Parce que ta mère est la tienne, malgré tout, et que quoiqu'il soit, c'est elle -bien que partiellement- qui t'as éduquée. Tu lui dois un minimum de respect, et de toute façon, c'est comme ça chez les Wintour. Alors, tu en dis quoi de cette robe ? Une robe pastel, rose, elle est belle. Elle te va bien. Elle est agréable à porter. Tu te trouves jolie. Je trouve qu'elle est un peu trop large. Je vais demander à Jacky de... Non, ça va, elle est parfaite. Tu déformes tes lèvres comme ta mère le fait si bien, tu optes pour un sourire un peu moqueur, fière d'avoir couper ta mère en plein élan. Ça ne te ressemble pas de couper les gens comme ça. Mais ta mère elle, fait comme si de rien était. Bien, je te laisse avec Mademoiselle Edwards. Annabelle s'il vous plaît, vous lui expliquez ? J'ai encore des choses à faire. Tiens, ELEANOOOOR ! Où sont les modèles que j'avais demandé ? Vous vous moquez du monde j’espère ? Virez-moi cette vermine. Elles viennent toutes de IMG ? Puis Annabelle te demande gentiment de te mettre devant le long tissu blanc qui servira de fond. C'est la première fois que tu fais ça. Un regard vide s'il vous plaît mademoiselle. Tenez-vous moins droite... Voilà, comme ça.

A la fin du shoot, tu la rejoins avide de découvrir le résultat. Tu ne te reconnais pas. Tout ça te semble être de la magie. Ça l'est presque. Ta maman voulait que je te place ni vu ni connu dans la rubrique de Jessica. Tu veux bien, hein ? Tu n'as pas écouté, tu as simplement acquiescé, comme hypnotisée par tout ce fabuleux matériel. Annabelle semble l'avoir remarqué. Tu veux essayer?

Il a simplement fallu que tu souries pour que ton tout premier appareil photo passe dans tes mains. Cette fois-ci, ce fut Annabelle qui est apparue sur l'écran de l'appareil photo. Puis elle t'as à son tour rejoint, pour contempler tes premiers clichés. Waw. Tu te débrouilles super bien ! Tu fais quoi comme études ? Photographie ? Euh... Je suis au collège. Oh mon dieu. Quel âge as-tu ? J'veux dire. Wow. Puis-je savoir l'intérêt de cet interrogatoire Annalise ? Annabelle, madame. Qu'importe. Lya, je te prie de retirer cet appareil de ton cou. S'il te plaît. Je peux voir tes photos ? Non. Pas celles que tu as prises, celles où tu es prise. Et pendant que les photos défilaient, tu voyais un sourire affreux conquérir son visage. Elle voulait absolument que tu surpasses toutes les autres. Elle te pensait compétitive, elle croyait avoir la même pensée que toi. Eh bien non. A treize ans, on ne pensait pas à ce genre de choses, Anne Wintour.

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JE SUIS A L'AGE OU L'ON NE DORT NUL PART
LES SEULS LITS DONT JE RÊVE SONT DES QUAIS DE GARE
JE SUIS LA JEUNE FILLE AUX CHEVEUX BLANCS

été 2012
Tu es sûre Lya ? Tu n'aimes pas beaucoup parler. En parti à cause de ta timidité, mais aussi parce que tu n'aimes pas vraiment parler pour ne rien dire. Alors tu hoches la tête avec un petit sourire d'ange. Tu ne veux pas déranger, dormir chez des gens à l'improviste, tu le fais très rarement. Bon, ben bonnes vacances alors ! Tu ne quittes pas ton sourire stupide et lui plaque un bisou dégoûtant sur sa joue. Puis tu sors de l'immeuble. Parfois, c'est vrai qu'un peu de sobriété n'est pas de refus.
Tu marches rapidement, mais un homme te rattrape. Mademoiselle, je suis votre responsable je vous rappelle. Vous ne comptiez pas rentrer à pieds j’espère ? Je suis censé assurer votre sécurité, s'il vous plaît, montez dans la voiture. Tu l'avais complétement oublié. Ta mère a je-ne-sais combien de chauffeurs particuliers, dont lui. James, si c'est bien son prénom. Tu montes dans la Audi à l'apparence neuve. Dans la voiture, aucun son. Ça t'apaise. Puis la voiture s'arrête, la porte s'ouvre, tenue par James. underco