EBEN WOLFORD › Moritz Hau

(UN) contrairement à ce que les stéréotypes peuvent laisser croire, tu entretiens d'excellents rapports avec tes parents. bien qu'exigeants sur l'aspect professionnel comme sur l'épanouissement personnel, ils demeurent une source de soutien sure. tu peux parler de beaucoup de choses avec eux, tu échange avec eux régulièrement et tu sais qu'ils seront présents si tu en ressens le besoin. ils ont su te laisser embrasser la richesse culturelle que tu regroupes, t'informer sur tes origines malgré le peu d'informations et exiger de toi que tu ne farnientes pas tout en ne négligeant pas l'aspect sympathique et lucratif qu'offre la vie. (DEUX) le gros stéréotype que tu as vécu fut ta meilleure qui passait beaucoup de temps à la maison et ton père qui passait énormément de temps au travail. avec une fratrie aussi riche que la tienne, il fallait quelqu'un ayant une main de fer pour vous éduquer et vous cadrer. ton père est anglais sur plusieurs générations, d'un milieu aisé et proche de l'art en général - comme en témoigne l'amitié entre tes grands-parents et vivienne westwood, par exemple. de l'autre côté, ta mère a grandi plus que modestement et a toujours eu du mal à totalement s'intégrer aux règles de bienséance qu'offre les rangs plus élevés que la moyenne. elle t'a appris la modestie, l'effort et la curiosité intellectuelle et émotionnelle tandis que ton père t'a apporté le confort, le réconfort et l'opportunité. tu ne t'es jamais senti comme leur enfant non-biologique, bien que factuellement ce soit le cas, et tu remercies le ciel d'avoir trouvé une famille aussi équilibrée que la tienne. (TROIS) la vie londonienne t'a toujours plu et malgré l'ouverture d'esprit général au sein de la capitale, c'est en grandissant que tu t'es senti de plus en plus apprécié. la chose la plus marquante fut de réaliser le traitement différent de certaines personnes de ta fratrie en raison de leur ethnie. c'est à ce moment précis que tu as compris le privilège de la couleur de ta peau, et tu mis du temps à vraiment savoir quoi en faire et ce à quoi cela pourrait servir comme arme, au profil de ta famille et bien au delà. (QUATRE) durant l'enfance, il est parfois difficile de savoir où tu te situes en terme d'identité mais quelques détails aiguillent tout de même. pour toi, il aura fallu attendre le collège pour qu'en terme d'orientation sexuelle, tu te rendes comptes que ton attirance était étrangement irrégulière, et qu'aucun schéma ne semblait te convenir, aucune case connue ne te parlait véritablement. et c'est au lycée que c'est devenu plus limpide. homme, femme, non-binaire, genderfluid, cis, trans, qu'importe. si quelque chose chez quelqu'un raisonne en toi, c'est ainsi. en parler à tes proches ne fut pas difficile mais passer le cap de la famille t'a nourri d'un stress futile - avec le recul actuel. cela n'est bizarrement pas passé avec tout le monde dans ta fratrie, cela a pu prendre du temps mais avec tes parents, ce fut simple et cela démarra une série de longues discussion sur la confiance et la compréhension de soi, la diversité queer etc. (CINQ) depuis tout petit, ta famille et celles des rothschild se sont côtoyés plus ou moins directement selon les années, mais ce n'est pas avant l'adolescence que tes liens avec les enfants de ces derniers ont vraiment pris forme. les années passant, vos occupations ont parfois eu raison de vous et, même en partant de londres, les liens sont restés figés. en arrivant à harvard, entre les études, le stage, les révisions et le sport, tu n'as pas pu pleinement profiter de la vie nocturne ou même diurnes. ce n'est qu'à cette rentrée-ci que tu as décidé à sortir ton nez hors de ton nouveau quotidien et de changer la donne. et par pur coup du destin, tu as fini par tomber sur les rothschild connu-e-s et celleux dont tu avais entendu vaguement parler. (SIX) ton parcours universitaire est riche en terme de changements sur la forme mais pas sur le fond puisque tu n'as jamais hésité dans tes études, et tu ne t'es jamais détourné de celles-ci. en arrivant à une des excellentes universités londoniennes, tu as rejoint un cursus en ingénierie informatique dans le but d'aider au développement du futur. tu as passé un an dans cette université avant de saisir une belle opportunité et de partir un an - ce qui aurait du être bien plus mais le traumatisme de la fin de ta dernière année de lycée aura eu raison de toi. tu es parti, organisé et prêt, en direction de Harvard. ton expérience a joué aussi en ta faveur et ce en prenant en compte ton jeune âge. tu continues de poursuivre ton programme en ingénierie informatique. (SEPT) s'il y a bien un secret qui parfois te hante, quelque chose qui te marque encore maintenant, c'est bel et bien cet incident vécu peu de temps avant ton départ de londres. une soirée alcoolisée, un moment de laisser aller pur et dur où tu étais en confiance et bien vite, les choses ont dégénéré. dans ce traumatisme, tu as eu de la chance - comme tu te le répètes comme pour te rassurer - et le mal dut s'arrêter à un certain stade avant d'être balayé par un proche devenu spectateur d'un horrible cauchemar devenu réalité. tu aurais pu perdre toute confiance en les hommes, mais tu es parti avec cet ami, simeon, qui ne t'a jamais donné de raison de ne pas lui faire confiance, lui qui te faisait te sentir en sécurité comme personne d'autre. il a été comme un pansement juste après, un que tu as du retirer pour ton propre bien-être après un temps. c'est en raison pour cela que tu as évité les festivités en arrivant à harvard, et même l'année précédant ta venue à boston. tu bois peu dorénavant, de peur de perdre le contrôle et de te retrouver victime des griffes de quelqu'un mal intentionné. seules trois personnes sont au courant de ce qu'il s'est passé, et toi seul peut délier ta langue pour avancer. et tu sens que cette année est celle qui va tout changer, celle qui va te permettre de te libérer.