REIRA SATO ► byun jungha

(one) une enfant pleine d'énergie, c'est comme ça qu'on te décrivait, petite rima, toujours ton sourire ancré à tes lèvres. sourire qui ne s'efface jamais. parfois qualifiée d'hyperactive, tu étais bien loin de l'être, juste une gamine qui avait besoin de se défouler, de dégourdir ses jambes, une enfant normale finalement. (two) a six ans, tu dis au revoir à bosto, pour combien de temps ? tu l'ignores tout ce que tu sais c'est que tu pars réaliser ton rêve, déjà, si tôt, t'as grandi si vite rima. tu t'es toujours battue pour ce que tu rêvais d'être, une étoile. danseuse depuis que tes jambes te tiennent, t'as toujours voulu briller parmi les étoiles les plus prestigieuses de paris. de là où tu étais tu rêvais à la france et à ce que tu pourrais être si tu réussissais. (three) vilain petit canard de l'école, celle qu'on imaginait se faire renvoyer pour ses mauvaises notes réussissait pourtant chacun de ses examens avec brio. tu clouais le bec à toutes ces personnes qui doutaient de tes capacités. t'avais du talent, un vrai talent, et comme pour tout ceux qui réussissent, tu avais tes détracteur. les envieux c'est motivant, plus on doutait de ce que tu pouvais faire, plus tu donnais le meilleur de toi même. et c'est de cette façon que dix années après ton entrée à l'école, tu as fait ton entrée dans la compagnie de ballet de l'opera garnier. (four) pour être une étoile, faut bosser, faut se donner corps et âme, ne vivre plus que pour ça, faut être dans le contrôle, tout le temps et ça ne te ressemble tellement pas. t'as besoin de t'échapper, de respirer, de faire des excès aussi. puis ça devient de plus en plus courant, parce que la pression devient presque insurmontable sans ça. évidemment, ce mode de vie ça colle pas avec la rigueur qu'impose l'opéra. (five) pour devenir une étoile de l'opéra, faut réussir à grimper les échelons, les premiers sont faciles, les capacités tu les as, alors, rapidement, tu passe un niveau, puis deux, puis trois. vient celui de passer celui de première danseuse, celui où on te confiera enfin un rôle important, où tu seras enfin un vrai rôle de soliste. une fois première danseuse, tu pourras enfin, peut-être prétendre au rôle d'étoile, but ultime, rêve inespéré.  (six) trois essais, trois échecs. c'est terminé, tu n'as pas réussi, tu ne seras pas première danseuse, tu ne seras pas non plus une étoile. jamais. rêve brisé, piétiné, anéanti. colère que tu diriges vers toi même, parce que t'aurais pu, parce que si tu ne te laissais pas aller dans l'ombre de la nuit tu n'aurais pas échoué, parce que si tu te concentrais, si tu t'étais dévoué à la danse comme il en était nécessaire, tu aurais réussi.  (seven) reste à ta place, tu ne deviendras jamais celle que tu voulais, reste à ta place, tu n'auras jamais de grand rôle sur la scène de l'opéra garnier, reste à ta place, tout ce que tu auras c'est des petits rôles. tu te renfermes sur toi même, tu te hais d'avoir tout fait foirer et ça te brise ouais, ça te brise de l'intérieur, comme une bombe auto-destructrice prête à exploser à tout moment tant que personne ne la désamorcera. une seule solution, t'éloigner. de tout ça. (eight) tu as vingt-et-un quand tu atterri à new york, c'est ici que tu vas rebondir, t'y crois, évidemment, t'as pas le choix. après plusieurs casting, tu trouves une place dans une compagnie prestigieuse de broadway, ton cv ne les a pas laissé de marbre, bien au contraire. pourtant l'envie n'est plus là, ton rêve tu l'as laissé à paris. marre de te batte, fatiguée. tu veux danser encore c'est ta vie, mais tu ne veux plus subir de pression. danser d'accord, mais plus comme ça. terminé. tu ne te dégoûteras pas de ce que tu aimes le plus au monde. (nine) tu as vingt-deux ans quand tu quittes new york pour rejoindre boston, ce pays que t'aimes tant, que tu as quitté il y a tant d'années. ton envie de continuer la danse te pousse à postuler en tant que professeur dans une petite école qui paye pas de mine, quelque chose où le seul point commun entre chacun et chacune est l'amour que vous portez à cette discipline. tu retrouves l'amour de la danse, le vrai, celui qui te plait. tu grandis, tu t'épanouis, t'es heureuse ici et c'est au bout de trois ans que tu décides d'ouvrir alors ta propre école. (ten) oiseau de nuit, toujours cet amour pour la fête, les soirées, la nuit, tu t'en lasses pas. tu t'amuses quand les autres s'endorment. pourtant tu le sais, tu ne dois pas laisser la nuit prendre le pas sur ta vie, tes projets, pas cette fois, pas encore. face aux parents d'élèves tu es droite, carré, digne de confiance. tu veux mettre toutes les chances de ton côté pour la réussite de ton école. t'as un nouveau rêve et il est hors de question que lui aussi s'écroule. celui-ci est plus simple, moins stressant, mais voilà, il te satisfait tout autant. tu respires enfin.