Lost in paradise w/ Luke L.

Tu ne peux t'empêcher d'afficher un large sourire stupide quand tu lis son message. Il veut que tu restes. Pourquoi pas? De toute façon tu ne peux pas rentrer dans ta chambre. Tu pries juste pour ne pas péter une crise de dédoublement de personnalité. Tu ne le sens pas. Peut-être que la nuit lui a suffit... Tu te méfies pourtant, tu n'aimerais pas faire de mal à ce Luke qui te semble déjà si fragile. C'est un peu facile à dire, juste parce qu'il ne parle pas. Il est adorable. Tu aimerais le prendre dans tes bras, voir plus, mais peu importe. Il ne faut pas. Tu esquisses un sourire. " Je peux m’asseoir? " Question stupide puisqu'il ne te répondra pas directement. Tu finis par aller t'asseoir sur le canapé. " Viens ! " Un large sourire alors que tu lui laisses de la place près de toi. " Tu es un artiste toi aussi? " Un artiste torturé comme toi peut-être?

Quand je vois ses lèvres, je me dis qu'elles doivent être agréables à embrasser. Il me demande s'il peut s'asseoir, et j'hoche légèrement de la tête. Parce que je l'avais demandé de rester. Ce serait bête, ensuite, de l'empêcher de faire ce que bon lui semblait, non ? Il partit sur le canapé plutôt que de se poser sur mon lit, qui était, pourtant, plus proche de la porte. Aurais-je affaire à un gentleman aux bonnes manières de bourgeois ? Il me demande alors de m'approcher. Et en silence, pour ne pas changer, je le rejoins, sans pour autant quitter le téléphone. Des fois qu'il serait utile. Je m'assis à côté de lui, légèrement mal à l'aise dû à la forme apparente de sa masculinité au travers de mes vêtements. Mais je ne dis pas mot, me contentant de répondre à sa question :

Oui. J'aime beaucoup dessiner, et peindre. Et toi ?

" Je suis peintre, enfin, j'aimerais être peintre. Tu connais Pedro Almodovar? C'est un cinéaste espagnol qui fait du surréaliste, j'suis son cousin. J'ai du obtenir la même passion que lui pour le surréalisme. " Tu ris légèrement. Tu es fier de ton nom d'famille, oh ça ouais, t'en es fier. C'est ton héritage, faut en prendre soin. Tu le regardes un instant avant de tout bêtement poser ta tête contre son épaule. Bah... Ouais, pourquoi pas? Tu es libre de tes gestes. Tu le dragues de manière tellement ouverte depuis le début que tu ne cherches même pas à chercher à te cacher. " J'aime peindre, c'est... Magique. J'oublie tout le reste. " Tu poses tes yeux sur son visage et tu souris, bêtement.

Tu me montreras ?

Un instant, je me mis à réfléchir à ce qu'il venait de me dire. Almodovar, Almodovar ... Mais c'était pas l'excellentissime réalisateur qui avait travaillé avec Penelope Cruz ? Si, si, c'était bel et bien lui ! Écrivant hâtivement, j'ajoutai à mes mots :

J'adore Almodovar !

Il avait un beau rire. Un rire qui donnait envie de rire, en somme. Il posa alors sa tête sur mon épaule. Surpris, je sursautai légèrement, avant de me détendre. Il sentait bon. Il me dit alors son ressenti vis à vis de la peinture, et acquiesçant lentement, je laissai, à mon tour, tomber ma tête contre la sienne, pensif. il me sourit. Je lui souris à mon tour, avant de caresser sa tempe avec ma main gauche. Il était tellement beau ...

Tu hoches la tête quand il te demande si tu pourras lui montrer tes oeuvres. Pourquoi pas ? Elles ne sont pas fantastiques mais c'est avec plaisir que tu les présentes à ton entourage. Un jour tu feras des expos, t'en doutes pas. " Il fait des films fantastiques, je sais pas comment il fait... " Non, t'as pas le secret du succès. Sinon tu ne serais pas là. Sa tête vient s'appuyée contre la tienne et tu souris avant de fermer les yeux. Un voile de douceur s'étend sur vous, tu le sens. Comme si vous vous connaissiez depuis beaucoup plus longtemps que ça. T'aimes bien. C'est apaisant. Tu ouvres à nouveau les yeux alors qu'il caresse ta tempe. Tu plonges ton regard dans le sien. " Tu sens bon. " Remarque stupide qui te vaut un rire. Tu t'approches et enfouis ta tête dans son cou pour inspirer légèrement en fermant les yeux. " Ca te dirais pas de poser pour moi un jour? "

Silencieux, je ne me permettait pas de dire grand chose. Comme si mes mots étaient comptés. Comme si le téléphone s'éteindrait une fois que j'aurais épuisé mon quota. J'ai l'impression d'avoir mûri, depuis la fin du lycée. De ne plus être le même. Dire qu'auparavant, je n'étais qu'un puceau n'ayant jamais rien vécu de particulièrement fort ni de spirituel ... Et voilà que je me retrouvais à laisser un type que je ne connaissais pas me draguer, et à répondre à ses avances, Peu de temps après avoir été abandonné par l'homme que j'avais longtemps considéré comme étant mon âme soeur. Un instant, le silence règne. Celui d'après, le voilà à me complimenter sur mon odeur, à humer le creux de mon cou. Soupirant légèrement, je me demandais pourquoi ce genre de choses ne m'arrivais pas tous les jours. Il me demande alors si je voulais poser pour lui un jour. Et si le battement accéléré de mon coeur n'en était pas un témoin suffisant, ma réponse était un "oui" gigantesque. Je me permis alors de faire glisser mes doigts le long de sa cuisse gracieuse ... Allais-je voir l'étendue des dégâts causés par ma rupture, finalement ?

Sa main se glissa le long de ta cuisse. Tu esquisses un léger sourire avant d'approcher ton visage du sien en plongeant ton regard dans le sien sans pour autant bouger. La chaleur t'envahit, rapidement, et tu ne peux t'empêcher de rougir. Tu le regardes ainsi quelques secondes avant de déposer ta joue contre la sienne. Tu hésites à l'embrasser. Oui, après tout tu ne le connait absolument pas. Pourquoi tu devrais faire ça? Tu vas le mettre mal à l'aise. Tu soupires un instant avant de fermer les yeux. Si il veut t'embrasser il le fera. Sans doute. Tu te contentes du silence qui s'est imposé à vous. Mais c'est le mieux. C'est calme, doux. Tu respires lentement. Ce type est apaisant, c'est fou.

Ses yeux sont ... Envoûtants. Mais pas au même niveau que ses lèvres, qui n'attendent qu'un de mes baisers. Je me surprenais moi même, à être aussi direct dans mes pensées ... Dans mes actes. Sans doute que cette rupture m'avait fait ouvrir les yeux. Vous savez ce que l'on dit : l'on naît sans connaître les plaisirs charnels. Pur, Jusqu'à ce que le premier venu passe et nous souille. Et à partir de ce moment là, il en devient impossible de faire marche arrière. J'avais ... Chaud. Devenais-je ainsi fiévreux ? Aucune façon de le savoir. Il dépose sa joue contre la mienne. Je ferme les yeux, désespéré pour en avoir encore un peu plus ... Toujours plus. Ma main se balade sur sa joue. Je n'en peux plus, d'attendre. Comme si mon corps se languissait de lui avant même de l'avoir rencontré. Étonnant, n'est-ce pas ? Je me retourne doucement, plongeant mon regard dans son beau visage, si serein ... Il était magnifique ; on aurait dit qu'il était incapable de faire du mal à une mouche. M'approchant lentement, je posai mes lèvres sur les siennes, doucement. Je me retenais, pour le moment. Mais quelques secondes encore, et s'il ne faisait rien, je m'apprêtais à y aller avec davantage d'insistance.

Des mouvements doux, calmes. Tout semble déjà prévu d'avance et pourtant il te surprend à t'embrasser, tout à coup. Tu souris, n'attendant que ça depuis quelques secondes. Tu t'approches un peu plus de lui pour répondre au baiser avec insistance, cherchant à te serrer contre lui. Mais tu t'effaces lentement, tu le sens. Il prend place. Le coup part tout seul. Un coup de poing dans la machoire. Il sourit, satisfait et lance un " Me touche pas tapette!" Haineux comme il sait si bien le faire. Il rit puis disparait à nouveau. Une apparition brève, ce qui est rare. Tu reprends donc ta place, tes yeux s'écarquillent en voyant le visage terrorisé du beau Luke face à toi. Tu le laches, tu recules, tu paniques. " Putain... Putain.. Luke, je suis désolé. Je suis... Je suis désolé... C'était pas prévu... Vraiment pas.. C'est lui... Il ... Il .... Putain ... " Tu as du mal à t'exprimer, paniqué de voir que tu as atteins en plein visage ce bel ange que tu reccueillais pourtant dans tes bras. " Il peut pas s'empêcher de faire du mal aux gens... Je pensais qu'il viendrait pas... " Tu passes pour un fou... " Je... J'ai une double personnalité... Je suis pas schizophrène, c'est pas une voix dans ma tête. C'est un autre moi... C'est... Un enfoiré. Il ... Il prend possession de moi... Il me contrôle.. Et... Je... Je suis désolé Luke... J'voulais pas te frapper..." Tu trembles. Tes yeux s'emplissent doucement de larmes. T'es faible, tellement. Tu devrais pas le laisser prendre le dessus. Tu le sais. Tu t'approches doucement de lui et caresse son visage du dos de la main. " Je suis pas... Méchant. J'te le promet... " Tu le sens, au fond de toi. Il veut resurgir. Il supporte pas la faiblesse. Il supporte pas que tu sois entouré de faible. Qu'il soit entouré de faibles.

Au début, il ne semblait pas s'être plaint. Il en souriait, même. Cela m'inspire, cela me donne confiance. Je plaque davantage mes lèvres contre les siennes, laissant ma langue glisser à travers leur ouverture, discrètement. Je devais visiblement être en manque : je me surprenais moi même. Et c'est alors que je le sens se dérober de mon emprise. Puis, un poing. Un poing s'abat dans mon visage, et j'ai l'impression que ma mâchoire se craque sous l'impact. Ma tête tourna vers le côté sous la force de l'impact tandis que ma main se leva instinctivement pour caresser ma joue.

- Quoi ?!

Des larmes se mirent à perler dans les coins de mes yeux, tandis que je le regardais, complètement perdu. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait. Ce qui venait d'arriver m'avait tellement choqué que je n'avais même pas remarqué que j'étais parvenu à dire un autre mot. Le fameux "quoi". Il m'avait traité de tapette. Ça faisait mal, tellement mal ... Les larmes se firent plus grosses, elles commençaient à couler, doucement, tandis que mes dents s'agrippaient dans ma lèvre inférieure dans une tentative d'étouffer mes sanglots. Il commence à débiter ses excuses à la chaîne, il commence à s'exciter. Mais je n'entends rien. Aveuglé par le brouillard de ma douleur, je ne vois absolument rien, je n'entends plus rien. Perdu dans le néant de mes pensées infinies, un seul mot en découle régulièrement : le rejet.