Rakel Peleonor - Ashley Greene

Mon histoire commence avant ma naissance, avec la rencontre de mes parents, mon père diplomate français originaire de Berlin, dont les arrières grands parents ont fait fortune en vendant des armes au régime Nazi, et ma mère une avocat issue de la vieille bourgeoisie française (et fauchée). Ce n'est pas l'histoire de jeunes adultes fous amoureux, mais plutôt de trentenaire qui ont vécu leurs mariages comme on vit un entretien d'embaucher. Rien de très romantique, mais ils avaient chacun quelque chose à offrir à l'autre, et c'était le principal. Ils ont rapidement voulu un enfant après leur mariage, et le parcours du combattant a commencé, je suis le genre de personne à adorer me faire attendre, et après un long parcours compliqué qui a duré presque 10 ans, ma mère est tombée enceinte. Mais une grossesse à 40 ans passés, ce n'était pas réellement ce que rêvait le couple, mon père était très pris par sa carrière, ma mère fatiguée par cette grossesse très surveillée. D'ailleurs elle avait quitté sa place d'associée dans son cabinet d'avocats dès le 3ème mois de grossesse tant elle ne supportait plus les nausées.
Je suis née le 12 avril 1995, une douce journée de printemps, le temps était doux, et il faisait beau. Les mauvaises langues diraient qu'il s'agit d'une chose rare pour Paris mais ma mère avait voulu que je naisse ici, en France surtout que vivre avec mon père à Berlin durant quasiment toute sa grossesse avait été un poids pour elle qui avait fragilisé leur couple, mais dès que j'avais été là, elle avait trouvé une nouvelle raison de vivre, un nouveau boulot, celui de s'occuper de moi et nous sommes retournés dans la maison familiale de mon père à Berlin. Une vieille maison sombre, et qui avait perdu sa superbe, avec une décoration qui n'avait presque pas évolué depuis la 2nd guerre mondiale. Je me souviens que j'avais peur d'aller seule aux toilettes dans cette maison, ces vieux couloirs me faisaient peur. Je n'ai que très peu de souvenirs de mon père, qui travaillait quasiment tout le temps, et ma mère a rapidement fait ce qu'elle faisait le mieux dans son travail ; déléguer. Mais je n'ai que très peu de souvenirs de cette époque, j'ai quelques bases plutôt bonne dans la langue, mais je ne me souviens même pas pourquoi, ma mère ne cesse de dire que c'était la faute de ma nounou si je parlais si mal cette langue (oui dans la famille l'exigence est une qualité obligatoire), alors je suppose que je tiens ça d'elle mais mon père avait été muté en Angleterre pour mon entrée à l'école, alors nous avons quitté cette maison froide pour une jolie maison de ville à Londres.

C'est là que commencent mes premiers souvenirs. Mon entrée à l'école, dans une école internationale, off course, où je pratiquais dès trois ans, plusieurs langues par jour. Je montrais un goût important pour l'apprentissage, et pour être honnête, je le faisais déjà pour plaire, parce que pour attirer l'attention de mes parents, il fallait l'excellence ou rien. A cette période de ma vie, j'étais une petite fille populaire, qui évoluait dans un monde de privilégié. Jolie petite fille toujours entourée de filles au pair, avec des amis fidèles et des après midi occupés dans les plus belles maisons de la capitale anglaise. Tout semblait me sourire, mais je venais d'avoir 8 ans lorsque mon père a été muté. Et là ce fut la chute, je perdis tout ce que j'aimais le plus, mon quotidien, mes amis, ma maison. Et rapidement je devins une petite fille qui s'isolait, ne cherchant pas le contact avec les autres, que ce soit en Espagne ou en Italie. Je ne revivais que lorsque l'on retournait pour les vacances dans le vieux château familial de ma mère, qui était à moitié délabré et dont le toit fuyait, mais j'adorais cet endroit, où je pouvais monter à cheval sans un professeur particulier pour me crier dessus, où je pouvais être moi même, seule avec mes animaux.

Je sortis un peu de ma coquille lors de notre installation à Washington lors de mes 15 ans. Il est clair qu'il est assez difficile de rester dans son coin avec les américains et leur proportion à être intrusifs. Même si dans une école internationale il y a beaucoup de nationalité différente, je restais la petite frenchie, et je découvris ou plutôt redécouvrais le bonheur de faire partie d'une petite clique, même si elle était plus restreinte. Je pus aussi avoir mes premières histoires d'amour, même si il était difficile pour moi de m'attacher à quelqu'un de peur de devoir de nouveau déménager, mais l'avantage, c'était que mes 18 ans approchaient et que je pourrais ne plus suivre mes parents et enfin rester dans un endroit qui me plaisait, et les Etats Unis s'étaient fais une place dans mon coeur. Je passais le plus clair de mon temps à l'école, entre les cours et les clubs, je cumulais plus d'une quarantaine d'heures au lycée, mais l'objectif était simple, avoir un dossier scolaire impeccable pour entrer à Harvard. Et pour être honnête j'y arrivais plutôt bien, j'étais l'une des meilleures élèves de ma classe, jamais de commentaires négatifs sur mon dossier, et c'était sans doute pour ça que je n'arrivais pas à garder un petit ami, mon joli minois n'arrivait pas à leur faire oublier qu'ils passeraient toujours après mon ambition.

Et finalement je réussis mon objectif, entrer à Harvard en première année de droit. Je soupçonnais mon père d'avoir tout de même placé un mot en ma faveur, même si malgré mon dossier j'étais une candidate idéale et que mon entretien s'était merveilleusement bien passé. En faite j'avais toujours ce poids sur mes épaules, vivre dans l'ombre de mes parents. Ma première année de droit fut une formalité, elle résumait beaucoup de choses que je connaissais déjà grâce à ma mère, mais elle me permit surtout de m'émanciper. Mon propre appartement, ma superbe mustang offerte pour mes 16 ans, "le chat" qui partageait ma vie, et cette fois je n'avais pas perdu mes quelques amis en devant à nouveau changer de lieu de vie, même si pour le moment mon père restait en poste ici, sans doute en grande partie à cause de moi. Mes études se déroulaient à merveille, et j'entrais déjà dans ma dernière année d'étude, ensuite une nouvelle vie commenceraient, une vie d'adulte qui me faisait un peu peur, mais qu'il faudrait affronter. Il en serait terminé des petits cours de français, des flirts faciles, et de la vie d'étudiante il faudrait alors trouver un véritable travail, mais c'était une autre histoire il ne restait qu'à terminer ma spécialisation pour enfin m'inscrire au barreau et devenir quelqu'un par mes propres moyens.