Athénaïs & Ocyllie ♠ Rien ne pourra jamais remplacer une soeur ... Ou pas.

Dernier jour à Bangkok. Ocyllie comptait bien profiter de ses derniers instants dans cette ville magique pour faire un petit peu de shopping, ramener des objets souvenirs pour son petit chez elle et pourquoi pas envoyer une carte postale salée à son père et la maîtresse de ce dernier, celle qui avait passé plus de dix-neuf ans à lui faire croire qu’elle était sa génitrice. Un short en jeans plutôt ultra court, un tee shirt à la pointe de la mode, une paire de tong aux pieds, des lunettes de soleil de marque sur le bout du nez, les cheveux en chignon sur le sommet de son crâne, un cabas en osier sous le bras, Ocyllie était enfin prête pour sa petite escapade. Etant donné l’heure matinale de cette nouvelle journée, la belle décidait de commencer par un faire un tour au marché local, histoire de goûter aux fruits du pays ainsi qu’aux spécialités culinaires. La demoiselle marche dans les allées, le sourire aux lèvres en allant de petits stands en grandes boutiques. Au bout d’un certain temps, elle aperçoit une brune au loin qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Athénaïs. Tout en poussant un soupir, elle marche en sa direction et s’emboîte dans ses pas. « Salut. »

J'avais finalement laissé la piscine de l'hotel pour plonger dans le grand bain qu'était la ville de Bangkok. Jdois avouer que je flippais un peu en descendant du taxi. J'avais vraiment l'air d'une touriste avec mon mini-short déchiré, mes aviator et mon chapeau. Mais bon, ça fait du bien parfois d'être à côté de la plaque. J'avais d'abord commencé par visiter les petits commerces qui vendaient des objets souvenirs puis au bout de quelques heures, je m'étais lassée et j'étais sortie, les bras chargés de paquets et de sacs. J'étais en train de chercher un petit restaurant où prendre mon déjeuner quand une voix un peu trop familière résonna dans mon dos.
Ocyllie se trouvait derrière moi.
" Salut "
D'abord surprise, je restai silencieuse pendant un instant puis repris mes esprits et répondit un semblant de bonjour. Cela me faisait toujours aussi bizarre de la voir devant moi. J'avais l'impression à chaque fois que j'allais me prendre une grande baffe et me réveiller, à nouveau fille unique. Ou quasiment unique puisqu'il y avait Noäm. Mais le fait était qu'elle était bien là et que c'était bien ma soeur. Et ce lien était sensé être important. Nous essayions donc toutes les deux depuis notre rencontre de mettre notre ego de côté et de tisser des liens dignes de ce nom.
" Heu.. J'allais me prendre un truc à manger. Tu veux venir avec moi ? "

Les deux jeunes femmes pourraient facilement former le duo le plus détesté de tout le campus en raison de leurs caractères bien trempés et de leur façon de voir les choses, ayant toutes deux des vies rimant avec sexe, drogue et alcool. Les jumelles menaient chacune une vie de débauche bien tranquillement de son côté et le tout risquait de vite devenir explosif si elles en venaient à se réunir un jour, mais il fallait avant tout qu’elle fasse plus ample connaissance l’une avec l’autre. En apercevant sa sœur un petit peu plus loin, Ocyllie mettait sa rancœur de côté, prête à faire des efforts. Elle bredouillait un salut pour lui faire remarquer sa présence avant qu’Athénaïs ne fasse de même. Elles marchaient l’une à côté de l’autre sans trop savoir quoi ce dire. C’était à cet instant précis que la danseuse se rendait comptait compte à quel point elles étaient identiques. Le style vestimentaire était le même. La façon d’agir était similaire. Elles faisaient penser plus à des clones qu’à des sœurs. Au bout de quelques instants, la petite verte proposait à la petite jaune de venir manger un bout avec elle. Ocyllie haussait les épaules avant de déclarer : « Pourquoi pas. Je pourrais au moins apprendre tes gouts culinaires pour le prochain repas de famille. » La petite blagounette bien sympathique qui risquait de jeter un froid. Trêve de plaisanterie. Ocyllie n’avait encore rien dit à ses parents et elle comptait bien inviter sa jumelle durant les vacances scolaires pour faire un petite surprise à son traître de père.

« Pourquoi pas. Je pourrais au moins apprendre tes gouts culinaires pour le prochain repas de famille. »
Outch. Elle avait autant de tact que moi, ça c'était certain à présent. J'essayai de lui afficher un sourire mais cela devait plus ressembler à une grimace qu'autre chose. J'avais toujours du mal avec cette idée. Du jour au lendemain, t'apprends que t'as une soeur. Une jumelle en plus. Et que ton père biologique vivait avec elle jusqu'à ce qu'elle parte pour Harvard... Comme toi. J'en voulais tellement à ma mère de ne m'avoir rien dit. Et à cet homme d'avoir pu partir, laissant un de ses enfants derrière lui... Moi en l’occurrence. Comment un parent pouvait-il agir ainsi ? Avait-il seulement regretté de m'avoir laissée ? Et Maman, ne ressentait-elle jamais le besoin de savoir ce qui était advenu de sa deuxième fille ? A croire que non...
Finalement, on arriva devant un petit restaurant qui dégageait une odeur pas désagréable. D'un signe de tête, je proposa à Ocyllie d'entrer.

Ocyllie n’était pas le genre de nana à prendre des pincettes pour dire les choses. Elle venait d’ailleurs de mettre les deux pieds dans le plat et de s’en rendre compte avec du retard. Elle ne s’en voulait pas particulièrement, mais avait bien remarqué que cela posait un problème dans ses relations avec sa sœur fraîchement retrouvée. Le trajet se faisait en silence, jusqu’à ce qu’elle arrive devant un petit restaurant plutôt sympathique où Athénaïs invitait son clone à entrer. La danseuse ne se faisait pas prier pour rejoindre l’intérieur de l’enseigne et une fois à table, l’une en face de l’autre, ne pouvait s’empêcher de faire une petite remarque : « Tu n’es pas très bavarde. » Facile à dire lorsqu’on était aussi à l’aise d’un marin sur la terre ferme. Au bout de quelques minutes de silence, la voix d’Ocyllie s’élevait à nouveau : « Et si tu me parlais de ta mère, enfin de … notre mère. » Elle était curieuse et avait envie d’en savoir un petit peu plus sur qui était véritablement la femme qui l’avait mise au monde.

J'avais observé que, malgré qu'Ocyllie ait remarqué que sa réplique n'était pas dès plus délicates, elle n'en semblait absolument pas gênée... On était peut être vraiment identiques après tout...
« Tu n’es pas très bavarde. »
Je haussai les épaule et ravala mon habituelle excuse " Quand je n'ai rien à dire, je préfère me taire ", consciente que cela pouvait être mal pris par ma jumelle et me contenta de lui tenir la porte du restaurant. A l'intérieur, nous nous assîmes à une petite table dans un coin au calme, bien que la salle soit quasiment vide. Avoir des petits curieux à notre écoute était la dernière chose qu'il pouvait nous arriver ! Je jetai un coup d'oeil à la carte avant de finalement opter pour un plat au poulet que je ne connaissais absolument pas mais qui semblait assez épicé. Finalement mon double rompit le silence - encore une fois -.
« Et si tu me parlais de ta mère, enfin de … notre mère. »
Bizarrement, cette demande me détendit un peu. J'avais trouvé à plusieurs reprises qu'Ocyllie ne semblait pas s'intérésser à ce qui avait pu arriver. Ce qui avait pu NOUS arriver surtout. La preuve que non.
" C'est une femme très têtue en fait. Quand elle pense avoir raison, il n'y a rien d'autre à faire que se plier à sa volonté. Je le tiens d'elle... *rire* Elle est très focalisée sur tout ce qui est nature, écologie et toutes ces merdes. Je pense que c'est un peu une perte de temps mais bon, ça a l'air de lui plaire alors... Ah et ça fait quatre ans maintenant qu'elle est mariée à Klaus. Il est cool. "
La serveuse passa à notre table et je lui lu le nom du plat avant de lui demander une simple limonade et de me tourner vers ma jumelle. Après qu'elle fut partie, je continuai :
" Tu penses que ce serait une bonne chose qu'on leur dise qu'on est au courant ? Parce que si on doit le faire, je vois ça de manière assez théâtrale... "

L’ambiance était plus ou moins tendue, mais Ocyllie venait faire un effort en posant une question sur sa mère, sur leur mère. Tout à coup, c’était comme si Athénaïs sortait de l’ombre et commençait à se dévoiler. Elle parlait de sa génitrice avec tellement d’admiration et d’humour à la fois que cela fait sourire la danseuse. La petite anglaise qui pensait tenir sa détermination du caractère de son père venait de découvrir qu’en réalité elle en était la digne héritière de sa mère, la vraie, celle qui lui avait donné la vie. Un sourire s’emparait de ses lèvres. Elle aimait la nature, l’écologie et tout ce qui touchait à ce domaine. Ocyllie partageait le même point de vue que sa sœur, tout cela devait être barbant, mais après tout pourquoi pas. Sinon, elle venait de se marier il y a peu de temps avec un certain Klaus. La brunette hochait la tête tout en observant son clone avant de passer commande. Elle ne pouvait s’empêcher d’ajouter : « Papa aussi est un homme têtu. Elle s’appelle comment ? » Elle avait bien le droit de connaître le prénom de sa mère après tout. Par la suite les deux sœurs se mettaient à parler de la façon dont elle devait annoncer leur découverte à Harvard à leurs parents. Une petite grimace sur le visage, Ocyllie disait : « Tu pourrais venir avec moi à Liverpool pendant les vacances. Je dirais simplement qu’une amie vient avec moi et puis en arrivant … SURPRISE !! » C’était peut-être un peu nul comme idée, mais dans le genre théâtral, plutôt sympa.